Royal Ahold ! Alors que les bourses du monde entier s'enfoncent chaque jour plus profondément dans le marasme, le titre du roi des supermarchés néerlandais bondit de près de 9% à 8,7 euros, affichant sans peine la plus forte hausse de la Bourse d'Amsterdam. Ce n'est que justice : ses résultats ont largement dépassé les attentes des analystes. Le distributeur européen profite de l'une de ses particularités : l'exposition à plus de 50% de son chiffre d'affaires au marché américain. Comme l'ont déjà démontré les résultats de Wal-Mart, là-bas, les enseignes discount ne connaissent pas la crise.
Au troisième trimestre, Ahold a réalisé un bénéfice net en baisse de 7,1% à 195 millions d'euros (244 millions de dollars), contre 210 millions d'euros, il y a un an. Le repli s'explique essentiellement par une charge fiscale et une baisse des performances des sociétés dans lesquelles il détient une participation. Cependant, les analystes s'attendaient à pire puisqu'ils visaient selon Bloomberg un bénéfice net de 188 millions d'euros.
Le résultat opérationnel (Ebit) s'est établi à 262 millions d'euros, au-delà des 250,6 millions attendu par Reuters. C'est une prestation solide", a commenté le PDG John Rishton, qui estime que "le groupe se trouve dans une bonne position pour continuer à fournir de la qualité aux clients, compte tenu des circonstances économiques" détériorées.
Ahold, qui détient la plus grosse chaîne de supermarché des Pays Bas, sous l'enseigne Albert Heijn, réalise 58% de son chiffre d'affaires aux Etats-Unis. Fin octobre, le groupe avait publié un chiffre d'affaires du troisième trimestre en hausse de 3,9% à 5,8 milliards d'euros, porté justement par la bonne tenue de ses ventes aux Etats-Unis. Pour expliquer cette performance, singulière en temps de crise, la direction avait évoqué la rénovation de ses magasins et la ruée des consommateurs vers les produits discount.
Confiant, le distributeur néerlandais a confirmé sa prévision de marge d'exploitation, comprise entre 4,8% et 5,3% dans ses activités de distribution de détail.
En Bourse, le titre propose une résistance séduisante à la crise, affichant une hausse de près de 3% depuis fin août, contre un plongeon de plus de 44% pour l'AEX, l'indice vedette de la Bourse d'Amsterdam.
(P-J.L)
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LE SECTEUR DE LA VALEUR
Distribution alimentaire
Selon une étude menée par TNS Worldpanel, Leclerc a conforté sa position de leader français de la grande distribution durant le premier semestre. Sa part de marché a légèrement progressé (+0,1%) pour s'établir à 16,1%. Le groupement a bénéficié des actions de son dirigeant, Michel-Edouard Leclerc, qui s'est associé au débat public sur le pouvoir d'achat. Les lancements de deux sites internet ("www.quiestlemoinscher.com" et "www.mon-pouvoir-dachat.com") ont été combinés avec des actions de promotions. Les investissements publicitaires de son concurrent, Carrefour, n'ont pas empêché la part de marché de ce dernier de s'éroder de 0,2 point sur un an à 13,3% à fin juin 2008. Ce sont surtout les enseignes de hard-discount qui tirent leur épingle du jeu : sur un an, à mi-juin, leur part de marché a gagné 0,4 point pour atteindre 13,9%, au détriment de la grande distribution traditionnelle. Néanmoins, facteur préoccupant, les grandes surfaces alimentaires ont subi un recul de 1,4% de leurs ventes en volume, au premier semestre, du fait de l'inflation. Certains distributeurs (Carrefour, Système U et Monoprix) ont donc choisi de baisser leurs prix pour contrer cette tendance. Carrefour vient ainsi de réduire jusqu'à 20% les prix de 300 produits (alimentaires et autres) à travers une opération intitulée " prix pouvoir d'achat ".