Alcatel-Lucent a essuyé au deuxième trimestre une perte nette de 222 millions d'euros contre une perte de 336 millions d'euros, un an plus tôt. Le résultat d'exploitation ajusté, c'est-à-dire hors coûts de restructuration et amortissements des immobilisations incorporelles, est ressorti 93 millions d'euros, soit 2,3% des revenus, par rapport à un résultat d'exploitation ajusté de –19 millions d'euros, ou –0,4% des revenus, au deuxième trimestre 2007. Les analystes interrogés par Reuters tablaient en moyenne sur un résultat d'exploitation ajusté de 64 millions d'euros.
La marge brute ajustée a représenté 34,9% du chiffre d'affaires, à comparer avec 33,4%, un an auparavant.
Les revenus, à 4,101 milliards d'euros, sont en baisse de 5,2% par rapport au deuxième trimestre 2007, et en hausse de 6,1% par rapport au trimestre précédent. Le consensus visait 4,077 milliards de dollars. A taux de change euro/dollar constant, les revenus sont en hausse de 1,7% par rapport au deuxième trimestre 2007, et en hausse de 8,5% par rapport au trimestre précédent.
L'équipementier télécoms a souligné qu'au cours du deuxième trimestre 2008, l'activité CDMA (téléphonie mobile) a connu un déclin plus fort qu'anticipé. Ce qu'Alcatel-Lucent a expliqué par la forte réduction des investissements d'un client majeur en Amérique du Nord. Cela a conduit le groupe à retenir des hypothèses plus conservatrices pour cette activité à moyen terme. Le groupe a ainsi enregistré une dépréciation de goodwill de –810 millions d'euros, qui est incluse dans la perte nette publiée.
Alcatel-Lucent a maintenu sa précédente prévision de revenus pour l'année 2008. A taux de change courant, les revenus devraient connaître une baisse comprise entre 2% à 5%. Pour le troisième trimestre 2008, l'équipementier télécoms table sur des revenus identiques ou légèrement en baisse par rapport à ceux du deuxième trimestre, suivis d'une forte croissance au quatrième trimestre.
Enfin, le groupe continue d'anticiper pour l'année une marge brute ajustée comprise entre 34% et 36% et une marge d'exploitation ajustée située entre 2% et 5% de ses revenus pour l'année 2008.
EN SAVOIR PLUS
LEXIQUE
Goodwill ou survaleur : Ecart positif entre la valeur d'acquisition d'un actif et sa valeur comptable.
Lors de la prise de contrôle d'une société par une autre, l'acquéreur paye en général un prix supérieur à la valeur des capitaux propres : cet écart est appelé la survaleur. Il correspond en général à des éléments immatériels, comme la marque, qu'on évalue subjectivement.
Immobilisation : Les immobilisations apparaissent à l'actif du bilan. Il s'agit de la destination des fonds de l'entreprise en opposition à l'origine de ces fonds, le passif. Les immobilisations comprennent les immobilisations incorporelles, corporelles, et financières.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout.
- La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques.
- Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché.
- L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition.
- Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse.
- La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements.
- Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision.
- Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Les ventes mondiales de téléphones mobiles ont continué d'enregistrer une croissance à deux chiffres (13,6%) au premier trimestre 2008, à 294,3 millions d'unités. Néanmoins des disparités apparaissent selon les régions. Ainsi, le cabinet Gartner souligne le recul de 16,4%, sur un an, des ventes en Europe de l'Ouest. Cette baisse serait liée au ralentissement économique de cette zone, auquel s'ajoute la maturité de la région en termes d'équipement mobile. Par contre la croissance dans les pays émergents ne se dément pas : en Asie-Pacifique, les ventes ont bondi de 26,6% sur un an, tandis qu'elles sont en hausse de 25,8% dans les pays d'Europe de l'Est. Parmi les fabricants, le Finlandais Nokia a consolidé sensiblement sa place de leader sur le premier trimestre, laissant loin derrière lui ses concurrents. Sa part de marché s'élève fin mars à 39,1% contre 35,5% un an plus tôt (avec 115,2 millions d'appareils vendus). Le Sud-coréen Samsung est le numéro 2 du marché avec 42,4 millions de téléphones. Motorola a conservé la troisième place mais sa part de marché chute de plus de 8 points à 10,2%. Sony Ericsson a subi également une baisse de sa part de marché et a cédé sa place de numéro quatre au Sud-coréen LG, dont la part de marché a progressé de 1,8 point.