PagesJaunes a cédé 6,45% à 5,80 euros la semaine dernière après avoir lancé un avertissement sur ses résultats 2011. Le spécialiste de la communication locale a justifié ce profit warning par les mouvements sociaux au sein de la force de vente qui ont affecté son activité commerciale en juin. Ceux-ci sont la conséquence de la mise en place d'un projet de réorganisation commerciale qui permettra «notamment la spécialisation d'une partie de la force de vente sur certains secteurs d'activité et une relation continue tout au long de l'année avec ses clients annonceurs à travers différents canaux».
Selon les syndicats, cette réorganisation commerciale se traduira par une perte de chiffre d'affaires ciblé confié aux commerciaux.
« La difficulté dans ce métier réside dans le fait que les ventes non faites par les vendeurs en grève ne sont pas décalées mais sont tout simplement perdues, un commercial ne visitant son client qu'une à deux fois par an en moyenne... », explique CM-CIC qui a dégradé sa recommandation sur la valeur d'Achat à Conserver.
A fin juin, PagesJaunes estime l'impact des mouvements sociaux à environ 20 millions d'euros sur son chiffre d'affaires annuel. Par conséquent, le groupe ne sera pas en mesure de maintenir ses objectifs de stabilité du chiffre d'affaires et de la marge brute opérationnelle pour l'ensemble de son exercice 2011. Le spécialiste de la communication locale n'a pas fourni de nouvelles prévisions. CM-CIC évalue l'impact sur la marge brute à 16 millions d'euros et Oddo à 17 millions d'euros.
Ce dernier a réduit son objectif de cours de 8 euros à 6,50 euros, tandis qu'UBS et Cheuvreux ont abaissé le leur de 6,40 euros à 6 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe PagesJaunes s'est adapté au métier mature de l'édition d'annuaires imprimés, grâce à ses diversifications dans les services en ligne et à l'international, ainsi qu'à un positionnement haut de gamme ;
- Le groupe a opéré un recentrage stratégique sur Internet, relais de croissance qui doit représenter 50% du chiffre d'affaires d'ici 2012. Le contenu est régulièrement enrichi et de nouvelles offres proposées, sous l'impulsion de la nouvelle direction ;
- Le groupe est également le numéro un de la publicité locale. Sa force commerciale, très présente sur le terrain, connaît bien les entreprises en régions ;
- La société met toujours en oeuvre une politique de dividende élevé ; la valeur offre un rendement de plus de 8%, l'un des plus élevés de la cote.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe subit une forte décroissance des annuaires imprimés qui pèse toujours sur le chiffre d'affaires et les résultats ;
- Le marché de la communication locale, qui a mieux résisté pendant la crise, ne rebondira pas autant que celui de la publicité télévisuelle ;
- Le recentrage sur Internet et le relais de croissance attendu sont plus difficiles que prévu. Les objectifs de progression de l'activité de 5% en 2011 et 2012 présentés en mai 2010, sont reportés à plus long terme ;
- Même si Pages Jaunes a été l'un des premiers à se tourner vers la publication numérique, la concurrence est rude dans le secteur. Le public a tendance à utiliser des moteurs de recherche tels que Google pour trouver les informations recherchées plutôt que d'aller directement sur les annuaires électroniques ;
- Webformance, filiale de Publicis lancée en février 2011 et spécialisée dans les services de communication numérique pour les petites et moyennes entreprises, est un concurrent supplémentaire pour PagesJaunes ;
- La situation financière du groupe inquiète. Depuis l'arrivée en mai 2006 de KKR et Goldman Sachs au capital, regroupés dans la holding Mediannuaire, le groupe est passé d'une situation de trésorerie nette à un endettement net de près de 2 milliards d'euros ;
- La valeur se traite nettement en-dessous de son cours d'introduction en juillet 2004 (14,10 euros pour les particuliers).
Comment suivre la valeur
- PagesJaunes n'échappe pas à la détérioration du marché publicitaire français. Mais le groupe subit ses effets avec du retard, à cause de la façon dont sont enregistrés les contrats ;
- Le niveau de valorisation du titre par rapport à son cours d'introduction en Bourse doit être pris en compte dans une stratégie d'investissement ;
- La bonne présence de PagesJaunes sur Internet et au niveau local en fait une cible de choix, notamment pour des moteurs de recherche comme Yahoo ! ou Google. Les déclarations de Mediannuaire, actionnaire à 54,8%, sont également à suivre ;
- Le refinancement partiel de la dette soulagerait les investisseurs.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Les groupes avaient initialement choisi de ne pas faire payer leurs contenus en ligne, en misant sur les revenus publicitaires engendrés par l'audience. Ils revoient aujourd'hui leur position et mettent en place des systèmes de péage. Le britannique Times, appartenant au groupe News Corp., a choisi la formule du tout-payant sur le Web depuis le 1er juillet. Quant au New York Times, il introduira une formule payante début 2011. Il se dirige vers le freemium : une partie du contenu du site est gratuite tandis que l'autre est payante. En France, plusieurs quotidiens généralistes ont opté pour cette formule. En septembre 2009, Libération a rendu payants sur son site des articles de son quotidien papier. LeFigaro.fr a également introduit un système d'abonnement en février. LeMonde.fr, l'un des premiers à avoir facturé des contenus en 2002, réserve désormais les articles de son quotidien papier à la version payante de son site. Ces acteurs espèrent ainsi rentabiliser une audience qui s'établit à plusieurs millions de visiteurs uniques mensuels et éviter la cannibalisation des contenus des versions papier.