Barack Obama a appelé mercredi ses alliés démocrates et ses adversaires républicains à sacrifier "les vaches sacrées" afin de parvenir à un accord de réduction du déficit budgétaire aux Etats-Unis avant de risquer un défaut de paiement aux conséquences "imprévisibles".
Lors d'une conférence de presse, le président américain, combatif et parfois sarcastique vis-à-vis des républicains, a dit que son parti devrait se résoudre à des réductions de dépenses mais que ses adversaires devraient en échange accepter des augmentations d'impôts pour les plus riches.
"Je propose de supprimer les déductions fiscales pour les millionnaires et les milliardaires, pour les compagnies pétrolières et pour les gestionnaires de fonds d'arbitrage ou les propriétaires d'avions d'affaires", a déclaré M. Obama dans l'East Room, la salle d'apparat de la Maison Blanche.
Mais il a mis en garde contre l'éventualité d'un défaut de paiement de l'Etat fédéral au cas où les deux partis ne parviendraient pas rapidement à s'entendre.
"Si les Etats-Unis, pour la première fois, ne peuvent pas payer leurs factures, s'ils font défaut, alors les conséquences pour l'économie américaine seront importantes et imprévisibles. Et ce n'est pas bon", a déclaré M. Obama.
"Personne ne veut compromettre la qualité de la signature des Etats-Unis. Personne ne veut voir les Etats-Unis en défaut de paiement. Nous devons saisir ce moment et le faire rapidement", a-t-il dit.
Le président a ironisé sur le fait que ses filles "Malia et Sasha terminent leurs devoirs avec un jour d'avance". "Elles n'attendent pas la veille au soir. Et elles ont 13 et 10 ans. Le Congrès peut faire la même chose", a-t-il lancé, en promettant pour sa part de tout faire pour parvenir à un accord.
"Le vice-président (Joe Biden) et moi-même continuerons ces négociations avec les dirigeants des deux partis au Congrès aussi longtemps que nécessaire. Nous parviendrons à un accord qui requerra de notre gouvernement qu'il vive selon ses moyens", a-t-il affirmé.
La présidence et le Congrès sont engagés dans de difficiles négociations pour éviter un défaut de paiement de la dette américaine avant début août. Le Congrès doit relever la limite légale de l'endettement du pays, qui ne cesse d'enfler.
M. Obama s'est pour la première fois impliqué directement lundi dans les négociations avec les parlementaires pour tenter de les faire progresser.
Ces pourparlers, parrainés depuis le 5 mai par M. Biden, ont enregistré un grave revers jeudi dernier quand le chef de la majorité républicaine à la Chambre, Eric Cantor, en a claqué la porte, refusant des augmentations d'impôts pour les plus riches.
Le président républicain de la Chambre, John Boehner, a refusé de modifier sa position mercredi, affirmant que "le président se trompe lourdement s'il pense qu'une loi sur le relèvement du plafond de la dette et une hausse des impôts peut être adoptée par la Chambre. Les votes n'y sont pas".
La dette brute de l'Etat fédéral, de quelque 14.300 milliards de dollars, a atteint à la mi-mai le plafond autorisé par le Congrès. Le Trésor a prévenu que le pays ne serait plus en mesure de faire face à ses remboursements d'emprunts si le Congrès n'a toujours pas voté le relèvement du plafond d'ici au 2 août.
Les instances internationales observent avec inquiétude ces négociations, au moment où la crise de la dette grecque ébranle déjà la confiance et alors que l'économie américaine peine à remonter la pente de la récession de 2007-2009.
Le Fonds monétaire international (FMI) a exhorté mercredi Washington à conserver sa "crédibilité budgétaire" face au risque que représenterait pour le système financier mondial un abaissement de sa note de dette par les agences de notation.