
Les constructeurs d'automobiles nippons ont encore nettement réduit leur production mondiale en avril à cause d'une pénurie de pièces détachées consécutive au séisme du 11 mars, mais pourraient avoir touché le fond et accélérer les cadences plus tôt que prévu.
L'ex-premier constructeur automobile mondial Toyota, relégué à la troisième place par General Motors et Volkswagen au premier trimestre, a sorti de ses chaînes 346.297 unités, soit 48,1% de moins sur un an, en comptant ses filiales Daihatsu et Hino, selon des chiffres communiqués par ses soins.
Son concurrent Honda n'a assemblé que 138.498 véhicules, 52,9% de moins que l'an passé à pareille époque.
Le troisième grand constructeur nippon, Nissan, a souffert aussi mais dans une moindre mesure, sa production n'étant réduite que de 22,4%, à 248.024 unités.
Les autres firmes japonaises du secteur ont également réduit le mouvement, bien que de façon globalement moins marquée.

Les unes et les autres subissent une pénurie de pièces détachées depuis qu'un séisme de magnitude 9 et un tsunami géant ont endommagé de nombreuses usines de leurs fournisseurs dans le nord-est de l'archipel.
Fonctionnant en flux tendu, les constructeurs ont dû ralentir, voire arrêter leurs chaînes d'assemblage faute de stocks, notamment au Japon mais aussi à l'étranger.
"En avril, certaines usines n'ont ouvert que la moitié du temps", a souligné Ryoichi Saito, analyste du secteur à la maison de courtage Mizuho Investors Securities.
Au Japon, les concessionnaires n'ont souvent pas pu proposer aux clients les véhicules souhaités, aggravant une morosité des affaires issue de l'angoisse des consommateurs après la catastrophe. Les ventes ont fléchi d'un tiers à la moitié, selon les groupes.
Les chiffres ont été moins mauvais, voire positifs, à l'étranger, des stocks plus importants avant le 11 mars ayant permis de satisfaire la demande malgré le déclin productif.
M. Saito s'est montré plutôt optimiste quant au retour à la normale. "La production repart plus vite que prévu. Elle a sans doute touché le fond en avril, devrait commencer à se reprendre en mai et se rétablir de façon importante dès juin", a-t-il estimé.
Officiellement, Toyota espère produire 70% de son rythme mensuel d'avant le désastre en juin et retrouver d'ici novembre ou décembre une cadence "normale", voire supérieure afin de rattraper son retard.
Mais la presse nippone affirme que le groupe accélère sa reprise et sera capable dès juin de sortir 90% des véhicules planifiés pour ce mois avant le 11 mars.
Du côté de Nissan, détenu à quelque 45% par le français Renault, le projet de production pour la période de juin à novembre est à peine inférieur au résultat de l'an passé, et la direction estime que les cadences reprendront à 100% d'ici au mois d'octobre.
Tous constructeurs confondus, des réparations menées au pas de course chez les sous-traitants et quelques changements de fournisseurs semblent raccourcir les délais.
D'après le quotidien économique Nikkei, l'Association nationale des constructeurs d'automobiles a en outre envoyé jusqu'à 2.500 travailleurs par jour pour aider à relancer une usine de systèmes électroniques de contrôle des freins et des moteurs du fabricant de semi-conducteurs Renesas Electronics.
Ce site crucial du nord-est de la région de Tokyo pourrait redémarrer dès juin, un mois plus tôt que prévu.