En repli de 1,29% à 13,425 euros, Maurel & Prom enregistre l'une des plus fortes baisses de l'indice SBF 120. La publication de résultats annuels dégradés pousse les investisseurs à prendre une partie des bénéfices engrangés depuis le début de la semaine. Lundi, le titre de la compagnie pétrolière française s'est adjugé 5,56%, soutenu par l'annonce d'une hausse de 74% de ces réserves certifiées, qui s'élevaient au 1er janvier à 288 millions de barils équivalents pétrole (Mbep).
En parallèle, Maurel & Prom avait prévenu que ses comptes 2010 seraient lourdement pénalisés par une charge d'exploitation de 211 millions d'euros, conséquence du recentrage de son activité sur un profil de risque plus faible et de résultats "médiocres" en 2009 et 2010.
Le groupe, qui visait au printemps 2010 de renouer avec les bénéfices, a finalement creusé ses pertes de 51 à 139 millions d'euros. La perte opérationnelle s'est aggravée, passant de 20 à 109 millions en raison de la charge d'exploitation constituée à hauteur de 135 millions par des charges d'exploration et de 76 millions par des provisions.
La "junior pétrolière" a notamment abandonné des forages ou bouché des puits en Tanzanie, en Colombie et au Congo.
Conformément à la stratégie dévoilée en début de semaine d"offrir à ses actionnaires un profil de risques mesuré", Maurel & Prom a décidé de focaliser son attention sur le Gabon et le Nigeria où il dispose de champs prometteurs. En revanche, il a entamé le processus de cession de sa filiale au Venezuela pour "recouvrer la valeur comptable de cet actif".
Hier, le groupe avait annoncé la cession de 50% de ses intérêts dans cinq permis en Colombie au groupe local Pacific Rubiales. Cette alliance "permet de se désengager largement des risques liés à l'exploration tout en conservant une large part du potentiel de succès", a précisé Maurel & Prom.
Signe de sa confiance, le groupe a relevé son dividende à 0,25 euro par action en 2010 contre 0,1 euro en 2009.
Enfin, Maurel & Prom a assuré que "l'ensemble des travaux effectués en 2010 et entrepris en 2011 devrait permettre d'augmenter de façon significative sa production au cours des prochaines années".
"Cette publication devrait être bien perçue par le marché. En effet, elle met en avant le potentiel de Maurel & Prom et un profil moins risqué, ce qui devrait séduire des investisseurs, voire un repreneur au vu des dernières rumeurs", a estimé ce matin Aurel. Le broker a maintenu son opinion Achat et et relevé son objectif de cours de 14,5 à 16 euros.
A contrario, CA Cheuvreux a évoqué des résultats "plus mauvais qu'attendu". L'analyste a réitéré son opinion Sous-performance et son objectif de cours de 12,50 euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe dispose d'un portefeuille minier équilibré, tant en termes géographiques, d'exploration-production, d'onshore/offshore, que de rapport entre les réserves 2P (réserves prouvées et possibles) et 3P (réserves prouvées, possibles et probables).
- Dans un contexte de prix du baril élevé, la montée en puissance des activités et la diversification des actifs, assurent à la société une croissance forte et rapide avec un important effet de levier.
- La production de ses gisements gabonais va monter en puissance. La confirmation de l'important potentiel de la zone d'Onal au Gabon, qui représente la quasi-totalité des actifs tangibles de Maurel & Prom, devrait permettre de mieux valoriser les réserves du groupe et induire une nouvelle dynamique boursière pour la valeur.
- La récente acquisition au Nigeria (45% d'une société dénommée Seplat, qui a elle-même acquis 45% de trois champs pétrolifères), est jugée prometteuse et potentiellement créatrice de valeur.
- Le titre présente un intérêt spéculatif. Jean-Francois Hénin, le président du conseil d'administration, n'a jamais caché son intention de vendre Maurel & Prom à court/moyen terme, et qu'une fusion avait même été à l'étude l'été 2009.
Les points faibles de la valeur
- Maurel & Prom est une valeur cyclique très fortement dépendante des cours du pétrole ainsi que des résultats de ses explorations.
- La recherche de pétrole est un métier très aléatoire. En conséquence, investir dans une société exploratrice nécessite d'être prêt à affronter des déconvenues éventuelles, comme récemment pour le puit M'Bafou au Congo, et une forte volatilité sur le cours.
- Les résultats de puits d'exploration en Colombie sont toujours attendus. Ceux pour la Tanzanie ont déçu. Les analystes n'excluent pas un échec sur ce puits.
- L'exploitation de gisements pétroliers au Nigeria présente des risques humains et géopolitiques.
Comment suivre la valeur
- Contrairement aux majors, les sociétés pétrolières juniors ne sont pas intégrées : elles ne font que de l'exploration et de la production, sans raffinage ni pétrochimie, ce qui confère à leur titre une plus grande sensibilité au prix du baril. Leurs découvertes ou leurs acquisitions, rapportées à leur taille, ont également plus d'impact sur leur valeur.
- Ce sont également des cibles très convoitées par les majors qui peinent à renouveler leurs réserves. Sur Maurel & Prom, les actionnaires doivent faire un double pari : miser sur la capacité du groupe à soigner ses finances et parier sur son savoir-faire pour trouver du pétrole.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
En se basant sur une amélioration des perspectives économiques, l'Agence internationale de l'énergie (AIE) a revu à la hausse ses prévisions de demande mondiale de pétrole pour 2010 et 2011 de 80.000 et 50.000 barils par jour. Cette révision résulte de la prise en compte de nouvelles estimations concernant la croissance économique mondiale, notamment celles émanant du FMI et de l'OCDE En conséquence, l'AIE considère que le monde devrait consommer cette année 86,6 millions de barils par jour (mbj), soit 1,8 million de plus qu'en 2009 (+2,2%). En 2011, la consommation de pétrole devrait s'établir à 87,9 mbj, ce qui constitue une hausse de 1,3 millions de barils (+1,5%) par rapport à 2010. L'hypothèse sous-jacente est que l'activité économique mondiale se développe de 4,5% cette année et de 4,3% l'an prochain. La croissance de la demande de pétrole devrait provenir quasiment uniquement des pays émergents. Ainsi en Chine, la consommation de pétrole a progressé de près de 10% sur un an à fin juin. Ce pays est récemment devenu le premier consommateur d'énergie au monde, détrônant ainsi les Etats-Unis.