CRH cède 1,31% à 16,565 euros après la publication de résultats annuels en ligne et de perspectives prudentes. A l'instar de ses concurrents, le fabricant de matériaux de construction irlandais indique que la demande sur ses marchés s'est stabilisée au cours du quatrième trimestre. Compte tenu de l'amélioration observée depuis le début de l'année, CRH anticipe une année 2011 de croissance. Mais les investisseurs regrettent notamment que le groupe n'ait pas donné d'éléments sur les hausses des prix destinées à couvrir la hausse des coûts de l'énergie.
Si la péninsule ibérique et l'Irlande vont rester difficiles, la société irlandaise attend une progression en Finlande, Pologne, Allemagne, Suisse et Autriche, et une stabilisation au Royaume-Uni, Benelux et France.
Aux Etats-Unis, les perspectives du groupe sont prudentes : le marché résidentiel a touché un point bas tandis que le non-résidentiel devrait repartir en 2012 après une nouvelle année de baisse en 2011.
Sur le segment des infrastructures, CRH compte sur une amélioration de la visibilité dans les prochaines semaines (budget fédéral sur le transport routier) mais anticipe que leurs activités dépendant de ces dépenses seront légèrement en baisse en 2011.
Par ailleurs, CRH a réalisé 17 acquisitions au second semestre 2010. Ces acquisitions représentent 800 millions de chiffre d'affaires et 200 millions d'Ebitda en année pleine. Au total, le montant des acquisitions réalisées en 2010 ressort bien loin du montant de 1,5 milliard d'euros annoncé par le groupe en début d'année 2010.
Pour Aurel, "le maintien d'un dividende stable (preuve de prudence), la stabilité probable des dépenses d'infrastructure aux Etats-Unis, un marché américain du logement qui ne devrait pas redémarrer avant 2012, nous incitent à penser que le groupe ne devrait pas reprendre une politique de croissance externe plus soutenue avant le second semestre 2011".
Or ajoute le broker, "les acquisitions représentent un fort catalyseur boursier pour le titre CRH, le modèle de croissance étant basé sur la croissance externe". En conséquence de quoi, la société de Bourse a confirmé son opinion Conserver sur le titre mais placé son objectif de cours de 13 euros sous-revue.
De son côté, Oddo a confirmé sa recommandation Alléger et son objectif de cours de 13,50 euros. "La performance du titre au cours des derniers mois (+30% depuis novembre) nous semble intégrer une recovery de l'activité, en particulier aux Etats-Unis, beaucoup plus rapide que celle que nous anticipons et que les indications données par le groupe dans cette publication". "En outre, la capacité du groupe à répercuter la hausse des coûts dans ses prix de vente nous semble incertaine", a ajouté le bureau d'études.
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les perspectives ne sont pas bonnes pour le secteur. Alors que Lafarge a réduit ses estimations de ventes de ciment pour 2010 en raison d'une conjoncture maussade, Holcim ne fait pas de prévisions pour l'évolution de ses marchés européen et nord-américain et constate un certain degré d'incertitude dans ces régions ainsi qu'une instabilité en Amérique latine. Seule l'Afrique et l'Asie Pacifique montreraient des tendances positives. Le mexicain Cemex est le seul à estimer que le climat économique s'est stabilisé. Dans un contexte morose, les agences de notation soulignent la faiblesse des fondamentaux de certains acteurs. C'est le cas de Lafarge. Sa notation risque d'être dégradée en junk bond. Il doit donc impérativement réduire sa dette nette, qui atteignait 15,16 milliards d'euros à la fin du premier semestre, pour ne pas voir s'accroître le coût de son financement.