Le gérant du sellier Hermès, Patrick Thomas, affirme que le leader mondial du luxe LVMH peut être "un peu actionnaire" de la célèbre griffe de luxe "sans vouloir en prendre le contrôle", mais qu'en détenir "20%, et plus, c'est trop", dans un entretien au magazine Challenges.
"LVMH peut être un peu actionnaire d'Hermès, sans vouloir en prendre le contrôle. Mais 20%, et plus, c'est trop", assure M. Thomas.
"Je crois qu'il faut arrêter cette guerre. Il n'existe aucune compatibilité entre nous" ajoute-t-il, réaffirmant l'unité familiale face aux 20,21% détenus actuellement par LVMH, arrivé à la surprise générale dans le capital du sellier fin octobre.
"La famille est très sereine" dit-il, d'autant que "tous les membres de la famille - sauf un, pour des raisons techniques, mais cela doit se régler rapidement - ont apporté leurs titres" au futur holding que Hermès veut constituer pour contrer l'arrivée de LVMH.
Cette unité familiale est régulièrement remise en question par la presse. Et encore plus depuis que sur les 73 descendants du fondateur de la marque Thierry Hermès (1801-1878), seuls 52 détenant 62,85% de la société, ont déposé auprès de l'AMF une demande de dérogation permettant à la holding d'éviter de lancer une Offre publique d'achat (OPA) sur le solde du capital.
Hermès a toujours affirmé que cela ne signifiait pas que les 21 autres héritiers soient opposés à cette démarche collective.
M. Thomas estime par ailleurs que "du point de vue" du patron de LVMH Bernard Arnault il est "parfaitement logique et intelligent" de convoiter Hermès. "Il n'est d'ailleurs pas le seul, et j'ajouterai que convoiter une belle femme n'est pas un pêché", ajoute-t-il.
Dans le luxe, l'important selon lui est "de rester fidèle à ses racines comme Chanel, Louis Vuitton (marque phare de LVMH, ndlr) ou Hermès ont su le faire" a-t-il encore déclaré, avant de regretter que Vuitton ait "pris le parti de faire du volume".
"Je me méfie du paradoxe du luxe: plus on est désiré plus on grossit, mais plus on grossit, moins on est désirable", juge-t-il.
Patrick Thomas lance une autre pique à l'adresse de LVMH, groupe qui compte une soixantaine de marques, de la mode au champagne à la distribution sélective, affirmant que le groupe Hermès est le seul "à avoir une stratégie de croissance organique". "Pour moi, la croissance externe est un aveu de faiblesse: la société qui y recourt n'est pas sûre de ses propres résultats".