Carrefour a enregistré la plus forte baisse de l'indice CAC 40 mercredi après son profit warning. Le deuxième distributeur mondial table désormais sur un résultat opérationnel 2010 avant éléments non courants de 3 milliards d'euros, soit une baisse d'environ 130 millions d'euros par rapport au précédent objectif. L'ampleur du repli en Bourse s'explique par le timing de cet avertissement qui intervient 6 semaines après la confirmation de l'objectif et à un mois de la clôture des comptes.
Il survient en outre après un discours particulièrement optimiste lors des journées investisseurs en septembre.
Ce profit warning s'explique à part égale par la performance décevante des hypermarchés brésiliens, la mauvaise performance de la France depuis septembre mais aussi de l'Europe du Sud (Grèce, Italie et Espagne).
Le jugement des analystes est sévère. Exane estime ainsi que le groupe a perdu sa crédibilité en termes d'objectifs et de contrôle interne. L'analyste s'est contenté de réduire son objectif de cours de 13% à 41 euros en maintenant son opinion Surperformance. En revanche plusieurs de ses confrères ont abaissé leur recommandation. Deutsche Bank et Aurel sont ainsi passés d'Acheter à Conserver tandis que CM-CIC a lui dégradé son conseil d'Acheter à Accumuler.
Carrefour a par ailleurs annoncé que les charges exceptionnelles qui seront comptabilisées sur l'exercice 2010 pour le Brésil atteindraient 550 millions d'euros contre 180 millions d'euros précédemment annoncés. Ce montant a été évalué au terme des audits interne et externe diligentés au Brésil à sa demande. Ces charges seront intégralement comptabilisées en résultat non courant. Par ailleurs, des investigations visant à déterminer l'existence de responsabilités éventuelles sont en cours.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Carrefour est le deuxième distributeur mondial, derrière l'américain Wal-Mart, et premier distributeur européen.
- Lars Olofsson (précédemment chez Nestlé), à la tête de Carrefour depuis fin 2008, a imposé au groupe un virage stratégique majeur : recentrage sur la marque Carrefour et politique de prix plus bas et plus constant ; changement radical de management, avec notamment l'arrivée d'un ancien de chez Tesco à la tête de la division française.
- La direction se montre déterminée à faire évoluer le modèle opérationnel de Carrefour, notamment dans les hypermarchés avec le nouveau concept Carrefour Planet censé réinventer ce format. Elle affiche des objectifs de croissance de croissance ambitieux à 2015, à même de séduire les investisseurs.
- La diversification géographique de Carrefour lui permet de moins pâtir de l'atonie du marché français et de bénéficier de la croissance dans les pays émergents. D'une manière générale, ses activités internationales sont plus dynamique et plus profitables en moyenne que celles des pays matures. A quoi s'ajoute l'effet positif de la forte appréciation des devises par rapport à l'euro.
- La potentielle externalisation de valeur des 14 milliards d'euros d'actifs immobiliers au sein de Carrefour Property devrait soutenir le cours de Bourse.
Les points faibles de la valeur/=
- Les difficultés dans les hypermarchés, du fait du changement des habitudes de consommation en France avec un attrait plus grand pour les magasins de proximité, restent l'une des principales préoccupations des investisseurs. Le nouveau modèle de croissance pour le 1er pôle du groupe peine à émerger.
- Certains analystes doutent de la capacité du groupe à tenir son objectif d'économies de coûts de 1 milliard d'euros d'ici à 2012.
- Certains experts se demandent également si la stratégie de pratiquer des prix plus bas ne va pas peser sur la solidité financière de Carrefour.
- Le poids des pays émergents dans le chiffre d'affaires est beaucoup plus faible que Casino. L'Europe représente encore 62% du chiffre d'affaires du groupe à l'international.
- Le retrait de Russie a rendu les investisseurs perplexes. Beaucoup ont considéré cette décision comme étant précipitée et injustifiée. Certains y voient la pression exercée par le fonds activiste Colony Capital, soupçonné de pousser Carrefour à céder massivement des actifs.
=/Comment suivre la valeur/=
- La consommation de produits alimentaires est traditionnellement peu cyclique mais les habitudes de consommation ont fortement évolué ces dernières années.
- Toutes les crises alimentaires auxquelles le public est de plus en plus sensible sont susceptibles de peser sur les ventes (vache folle, grippe aviaire, maîs transgénique).
- Le redressement de la rentabilité, objectif n