(AOF / Funds) - "A l'issue d'un trimestre en dents de scie sur les marchés risqués (+6,9% en juillet, -4,7% en août, puis +8,8% en septembre sur le S&P 500), l'industrie des hedge funds dans son ensemble affiche une performance solide que ce soit d'après les indices non investissables (+5,2% pour l'HFRI), ou d'après les indices de Fonds de Fonds (+3,2% pour l'indice global Credit Suisse). Si le news flow macro économique reste très mitigé tant aux Etats-Unis qu'en Europe, son influence n'aura pas été constante sur les marchés", relève Natixis.
"Les craintes de double dip aux Etats-Unis se sont renforcées tout au long du mois d'août portant les valeurs refuge traditionnelles telles que l'obligataire souverain ou l'or vers des plus hauts (respectivement +2,1% et +5,6%), et ce, malgré des niveaux de valorisation déjà exceptionnels."
"Dans le même temps, les actions chutaient presque uniformément, ignorant les bonnes nouvelles (publications de résultats positifs, annonces de M&A...). Malgré le caractère plutôt inquiétant de son annonce, c'est Ben Bernanke qui a réussi à redonner confiance aux marchés en septembre (meilleure performance mensuelle du S&P depuis avril 2009 !) en se disant prêt à mettre en place des mesures supplémentaires d'assouplissement quantitatif."
"Dans ce contexte, l'ensemble des stratégies reporte une performance trimestrielle supérieure à 2,6% (excepté les short sellers en fort repli, bien s-r). Le rebond des bourses porte les stratégies à biais long actions vers les premières places. Les stratégies directionnelles et les stratégies d'arbitrage ne sont pas en reste (performance trimestrielle comprise entre 4% et 6%) et se montrent presque insensibles aux changements de tendance des derniers mois."
"Au-delà des performances rapportées par les indices, l'étude au niveau des single names laisse apparaître néanmoins une certaine disparité au sein des stratégies (...) Moins de discrimination au sein des fonds d'arbitrage Malgré les faibles volumes enregistrés sur les marchés actions, les fonds d'Equity Market Neutral ont produit une performance assez homogène, principalement tirée par une exposition longue au S&P."
"Côté obligataire, les arbitrageurs reportent entre -2,7% et 2,3% sur le trimestre : au-delà d'un directionnel qui est resté favorable, la hausse de la volatilité a permis à de nombreux gérants de conforter leurs gains. Les fonds d'arbitrage de convertibles affichent de très bonnes performances trimestrielles (+2,7% pour les moins bons gérants !). Le directionnel crédit High Yield a soutenu la classe d'actif dans son ensemble. En août, les meilleurs performeurs ont également tiré profit de leurs positions short actions et de leur exposition à la volatilité."
"Enfin, dans un contexte plutôt favorable (entreprises cash rich, taux d'intérêt faibles, recherche de nouveaux relais de croissance après une vague de restructurations), les Event Driven ont subi les évolutions des marchés actions et crédit et ont finalement tiré profit de la surperformance des small cap. Au total, les stratégies d'arbitrage auront brillé par leur constance et leur robustesse puisque, à l'exception des Event Driven, les indices présentent une performance positive pour chacun des mois du trimestre dernier."
"Dans un contexte marqué par des incertitudes grandissantes sur la qualité de la reprise américaine et sur la capacité des Etats européens à soutenir la croissance en période de rigueur budgétaire, les gérants de fonds Global Macro et de CTAs apparaissent comme les plus à même à gérer les brusques retournements de tendance. Les dernières estimations de flux entrants témoignent de cet engouement des investisseurs pour ces stratégies : +2,1 milliards de dollars pour les global macro et +2,2 milliards de dollars pour les CTAs (soit respectivement +2,3% et +1% des actifs sous gestion, source : BarclayHedge)."
"Sur le trimestre, les performances reportées pour les Global Macro approchent en moyenne 4,8% sur les fonds non investissables mais ne traduisent pas l'accroissement de la dispersion observée au cours du mois de septembre. Au sortir d'un mois d'août chahuté, les paris ont fortement divergé, notamment en ce qui concerne les perspectives sur les marchés émergents, comme en témoignent les expositions estimées par notre modèle sur les fonds individuels. Cela se traduit par une dispersion accrue au sein de la stratégie. Concernant les CTAs, ce sont plutôt les paris longs obligations souveraines US et longs matières premières et actions US qui ont discriminé les performances entre fonds."
"Sur les trois derniers mois, les fonds long/short traditionnels et quantitatifs enregistrent une performance légèrement en-deçà de leur marché de référence (autour de 6,5% vs 10,7% pour le S&P). Si ce constat peut décevoir à première vue, il semble être le reflet d'une gestion plus prudente du beta de la part des gérants. En effet, sur le mois d'août la perte enregistrée par ces stratégies n'aura été que de 1,1%, à comparer avec des chutes comprises entre -7,5% sur le Nikkei et -1,2% en Asie hors Japon (-4,7% sur les actions américaines). La dispersion au sein de la stratégie s'est accentuée en fin de trimestre avec un écart interquartile (différence de performance entre les 25% meilleurs et les 25% pires performeurs) de 9% sur le mois de septembre."
"Notre analyse quantitative des single names permet de distinguer clairement le pari (gagnant) des meilleurs performeurs, à travers la hausse de leur exposition aux indices émergents. Ces marchés ont affiché une certaine robustesse face aux tumultes de la fin de l'été et surperformé systématiquement les indices européens ou américains. Cette surperformance des marchés s'est logiquement traduite par une surperformance des hedge funds investis sur les marchés émergents."
"La bonne tenue des bourses émergentes ces derniers mois et surtout la première place occupée le trimestre dernier par les fonds investis sur ces mêmes marchés nous amène à étudier de plus près les caractéristiques de cette stratégie. Avec près de 190 milliards de dollars sous gestion fin juin et des flux entrants de l'ordre de 2,5 milliards en août (source BarclayHedge), la stratégie représente environs 11% de l'industrie. Depuis le début de l'année, les fonds émergents se positionnent parmi les meilleurs performeurs (+7,7%), juste derrière les fonds Global Macro et les Fixed Income Arbitrage, mais loin devant les Long/Short traditionnels (+3,1%)."
"Quelle que soit la spécialité géographique, la stratégie apparaît globalement assez homogène notamment en terme de couple rendement/risque. On remarque cependant que les fonds investis en Europe de l'Est présentent un risque plus élevé, caractéristique que l'on retrouve sur les marchés actions : l'indice MSCI EM Europe a une volatilité de presque 28% (calculée sur les 10 dernières années), à comparer avec des volatilités historiques plutôt proches de 20% sur les autres zones émergentes. Par rapport à l'indice HFRI Global, ces stratégies ont rapporté jusqu'à deux fois plus de rendement pour un risque (tel que mesuré par la CVaR à 5%) souvent inférieur à celui d'un investissement en S&P."
"Fait marquant, les fonds investis en Europe de l'est et Russie semblent se rapprocher d'un profil actions depuis le rebond de février 2009. Lorsqu'on passe au niveau individuel, notre analyse quantitative met très clairement en évidence une opposition de style de gestion entre les top et les bottom performeurs. Les meilleurs (+23% sur les 12 derniers mois) sont en effet exclusivement investis en actions alors que les moins bons (+0,5%) affichent une exposition beaucoup plus diversifiée (obligations, mais aussi matières premières). Le market timing actions apparaît donc comme le facteur discriminant entre les gérants : les meilleurs avaient augmenté leur exposition dès le début du rebond du printemps 2009 tandis que les moins bons performeurs affichent une exposition inférieure et beaucoup plus erratique."
"Pour la fin d'année, nous tablons sur la confirmation du ralentissement américain et chinois et donc une certaine dégradation du news flow. Cependant, depuis quelques semaines, le thème central est le QE2 que devrait préciser le FOMC du 3 novembre. Bien que l'impact soit déjà largement intégré, notamment sur la partie longue de la courbe souveraine ou sur le dollar, les détails sur les modalités d'actions (montants, obligations achetées) seront scrutés par les marchés et donneront le ton pour les semaines à venir."
"On voit se dessiner deux scénarii bien distincts : (1) le FOMC confirme les anticipations du marché et la divergence entre économie réelle et marchés financiers se poursuit ; (2) le FOMC est jugé moins BULL qu'anticipé, ce qui plaiderait pour un retour aux fondamentaux et un ENVIRONNEMENT plutôt défavorable aux marchés risqués. Au total, les stratégies directionnelles (CTAs court terme et Global Macro) nous paraissent les mieux armées pour faire face à l'un ou l'autre de ces scénarii, tout comme les Fixed Income Arbitrage. Par rapport au trimestre dernier, nous passons à surpondérer sur les Convertible Arbitrage qui ont fait preuve une belle constance ces derniers mois grâce à une exposition actions maitrisée."