Hermès est sorti de son silence. Dans un communiqué publié dimanche soir, le groupe de luxe a assuré qu'il restait parfaitement uni après l'annonce de la montée au capital de LVMH. Le maintien du contrôle à long terme de la société est garanti par son statut de commandite par actions, a déclaré Hermès. "Aucun projet de cession significative du capital" a affirmé le groupe détenu à 70% par des actionnaires familiaux descendants d'Emile Hermès. Vendredi soir, LVMH a créé la surprise en déclarant détenir 15 016 000 actions d'Hermès International, représentant 14,2% du capital du groupe de luxe.
« L'objectif de LVMH est d'être un actionnaire à long terme d'Hermès et de contribuer à la préservation du caractère familial et français qui est à l'origine du succès mondial de cette marque emblématique. LVMH apportera un soutien sans réserve à la stratégie menée par la famille fondatrice et par les équipes dirigeantes, qui ont fait de cette marque l'un des plus beaux fleurons de l'industrie du luxe », a expliqué le numéro un mondial du luxe.
Ce dernier a précisé qu'il n'envisageait nullement, ni de présenter une offre publique d'achat, ni de prendre le contrôle d'Hermès, ni de solliciter de représentation au sein du Conseil de Surveillance de cette société.
LVMH ajoute qu'il détient un contrat d'instrument financier qui porte sur 3 001 246 actions Hermès International dont il a l'intention de solliciter la conversion. LVMH détiendrait alors au total 18 017 246 actions Hermès International, soit 17,1% de son capital. Le prix de revient de sa participation s'élèverait en ce cas à 1,45 milliard d'euros.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Hermès bénéficie d'une notoriété mondiale et résiste aux effets de mode en raison de son image «classique» et de son caractère intemporel.
- La marque Hermès est une des mieux diversifiée dans l'univers des produits de luxe et ce depuis relativement longtemps. Elle est présente dans la maroquinerie-sellerie (49% du CA), dans les vêtements-accessoires (20% du CA), la soie (12% du CA), mais aussi dans les parfums (5% du CA) et les montres (5% du CA).
- Depuis son introduction en Bourse en 1993, le groupe affiche une hausse régulière de son activité et de ses profits. Cette bonne santé économique et financière lui garantit une indépendance à laquelle les familles, qui contrôlent 73% du capital, sont très attachées.
- Le positionnement sur les produits très haut de gamme d'Hermès lui donne un pouvoir de négociation élevé et lui permet d'augmenter les prix chaque année, ce qui en fait une valeur défensive du luxe.
- Le groupe poursuit son développement avec un programme soutenu d'investissements que sa trésorerie nette lui permet aisément de financer. Hermès prévoit l'ouverture ou la rénovation d'une dizaine de magasins en Asie et aux Etats-Unis.
Les points faibles de la valeur
- Les frais fixes du groupe sont importants.
- L'exposition du groupe au Japon est forte (22% du chiffre d'affaires). Or, c'est un marché mature qui a tendance à reculer et qui plus est en proie aux difficultés économiques.
- Même si les analystes estiment justifié que la valeur se paie avec une prime par rapport à ses pairs au regard de la qualité de la marque et de la dimension spéculative du dossier, les niveaux actuels sont jugés trop élevés.
Comment suivre la valeur
- D'une manière générale, la croissance des acteurs du secteur du luxe est fortement corrélée à celle du PIB.
- Hermès est fortement dépendant de l'état de santé des économies américaine et japonaise. Les ventes du groupe sont également sensibles aux flux touristiques et donc au trafic aérien.
- Hermès est sensible à l'évolution du dollar et du yen.
- La prime spéculative pourrait s'affaiblir, la direction déclarant de façon récurrente qu'Hermès n'est pas à vendre.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Luxe et cosmétiques
Certains analystes parient sur une croissance mondiale du secteur supérieure à celle anticipée par le cabinet de conseil Bain & Co (+4%), en affirmant que le marché pourrait croître de 7%. Cet optimise est corroboré par les prévisions des acteurs. Ils tirent partie d'un effet devise positif grâce à un euro (monnaie de production) déprécié face au dollar et au yen (monnaies de vente). De plus, les clients du secteur ont cessé de différer leurs achats. Tous les secteurs bénéficient de taux de progression à deux chiffres, y compris les montres, la joaillerie et le champagne, victimes de déstockage l'an passé.