Le gouvernement du Québec a annoncé mardi qu'il accordait à un consortium formé par le canadien Bombardier et le français Alstom un contrat sans appel d'offres évalué à 1,3 milliard de dollars pour le métro de Montréal, malgré les menaces de poursuites d'un concurrent espagnol.
Le Premier ministre de la province francophone, Jean Charest, a annoncé qu'un "projet de loi spécialE" visant la conclusion de ce contrat avec Bombardier-Alstom serait déposé mercredi à l'Assemblée nationale du Québec.
Le montant du contrat sera d'environ 1,3 milliard de dollars (925 millions d'euros) pour la fourniture de 500 wagons du métro de Montréal, soit 2,6 millions de dollars par wagon, a dit le ministre des Transports du Québec, Sam Hamad.
Un concurrent potentiel, le constructeur espagnol CAF, avait proposé au gouvernement une offre à 1,4 million de dollars par wagon et averti que l'octroi du contrat sans appel d'offres "irait complètement à l'encontre des ententes et pratiques qui régissent le commerce international", envoyant aussi "un message de protectionnisme apparent extrêmement négatif".
Le Premier ministre a contesté cette interprétation, affirmant que le contrat "respecte les règles du commerce international, parce que la Société de transport de Montréal (STM) n'est pas soumise à ces règles-là".
Il a aussi mis en doute l'évaluation des coûts des wagons faite par CAF et affirmé que le contribuable payerait le "juste prix".
Le projet de remplacement des wagons du métro de Montréal a connu de nombreux rebondissements judiciaires et coûté cher au contribuable québécois depuis son lancement au début 2006.
Le contrat avait d'abord été accordé à Bombardier seul, qui devait livrer les premières voitures dès la fin 2010. Alstom, invoquant une loi québécoise, avait toutefois forcé en 2008 la tenue d'un appel d'offres après une contestation judiciaire réussie. Les deux groupes s'étaient finalement entendus pour travailler ensemble.
Cependant, après la modification l'an dernier de la commande initiale, deux autres concurrents, un chinois et CAF, se sont montrés intéressés, obligeant la STM à lancer un nouvel appel d'offres.
Invoquant "l'urgence" de remplacer les wagons du métro, dont certains datent de 1963, le gouvernement du Québec a finalement décidé la semaine dernière de reporter l'appel d'offres, s'attirant une protestation de CAF, qui y a vu une manoeuvre pour l'en écarter.
Un petit parti de gauche à l'assemblée de la province, Québec Solidaire, a dénoncé l'empressement de M. Charest à accorder ce contrat à Bombardier-Alstom, alors qu'une élection partielle doit avoir lieu dans la circonscription où le groupe québécois doit construire les wagons.
Le contrat permettra de donner du travail dans les huit prochaines années à environ 775 travailleurs à l'usine de Bombardier à La Pocatière (80 km environ à l'est de Québec) qui emploie actuellement près de 200 personnes.
La livraison des premiers wagons doit avoir lieu dans 32 mois. Un appel d'offres aurait entraîné un délai supplémentaire d'environ 18 à 24 mois, selon le gouvernement.
Tant Alstom que Bombardier, interrogés par l'AFP, ont refusé de confirmer le montant exact du contrat, en soulignant d'une seule voix qu'il ne pourrait être définitivement bouclé et signé qu'après l'adoption de la "loi spéciale".
Celle-ci pourrait être votée mercredi après-midi, a estimé le porte-parole de Bombardier, Marc-André Lefebvre, et il est "réaliste" de penser que la signature du contrat interviendra la semaine prochaine. "Nous avons tous hâte de commencer à travailler", a-t-il ajouté.