
Les marchés s'attendent à une surenchère sur SeLoger.com: les 566 millions d'euros offerts par Axel Springer pour son rachat ne suffisent pas aux yeux de plusieurs actionnaires, alors qu'un fonds australien ne cesse de grignoter des parts du capital.
Le conseil de surveillance du premier groupe d'immobilier sur internet en France, réuni mardi pour se pencher sur l'offre publique d'achat annoncée le 9 septembre par le groupe de médias allemand, a jugé l'offre trop basse.
Axel Springer propose 34 euros par action et a déjà trouvé un accord avec un groupe d'actionnaires, dont les deux fondateurs, pour reprendre à ce prix-là 12,4% du capital. Au total, l'opération valoriserait le groupe à 566 millions d'euros.
Mais pour le conseil de surveillance, cette offre "ne reflète pas la valeur intrinsèque du groupe SeLoger.com ni ses perspectives de croissance".
Une position rejetée par la direction d'Axel Springer, propriétaire depuis 2007 d'un autre grand succès de l'internet français, aufeminin.com, numéro un en France, Allemagne, Espagne et numéro deux en Grande-Bretagne.
"Il n'y a aucune raison d'améliorer le prix", a estimé son directeur financier Lothar Lanz dans le quotidien allemand Börsen-Zeitung. "Comme nous trouvons le prix juste, nous ne pensons pas qu'un autre candidat offre plus", a-t-il ajouté.
L'analyste Emmanuel Parot de Gilbert Dupont avait, lui, jugé dès vendredi dernier que "le prix proposé (ne) semble, dans une première lecture, pas extrêmement attractif".
Il estimait en effet qu'en tant que "leader incontestable de la petite annonce immobilière en France" il méritait mieux. Le groupe français est moins bien coté que son homologue britannique Rightmove "alors que son potentiel de développement est plus important", arguait également l'analyste.
SeLoger.com apparaît effectivement très rentable. Au premier semestre, sa marge opérationnelle (EBITDA) atteint 52% d'un chiffre d'affaires de 39,4 millions d'euros.
Le fonds d'investissements australien Caledonia semble en tout cas sentir une bonne affaire. Entre vendredi et mardi, le groupe est passé de 8,51% à 10,68% dans le capital de SeLoger.com, devenant ainsi son deuxième actionnaire.
En se rapprochant de la part de 12,4% rachetée à ce jour par Axel Springer, il a les moyens de faire monter les enchères, en lançant une contre-offre ou en exigeant du groupe allemand qu'il relève son prix.
Caledonia n'a pas répondu à une demande d'information de l'AFP. SeLoger.com a pour sa part indiqué qu'il n'avait pas été contacté par lui.
Le fonds australien pourrait recevoir le soutien du groupe Arnault, la holding de l'homme d'affaires Bernard Arnault (fondateur de LVMH), troisième actionnaire avec 9,6% du capital.
Celui-ci avait prévenu dès le 9 septembre que le projet de Springer "sous-valorise manifestement la société au regard de son potentiel de croissance, de sa profitabilité et de sa position incontestée de leader de marché. Nous ne l'accepterons donc pas".
Le prix proposé par le géant médiatique allemand, éditeur du quotidien Bild, est aujourd'hui très inférieur à la valeur de l'action sur la Bourse de Paris, signe que les marchés s'attendent à une surenchère.
Mercredi vers 16H00 (14H00 GMT), le titre SeLoger.com atteignait 38,07 euros, en hausse de 0,32%.
L'action a bondi de 26% depuis l'annonce de l'offre d'Axel Springer, et de près de 70% depuis le début de l'année, alors que le CAC 40 a reculé d'environ 4% sur la même période.