Le titre Eurotunnel échappe à la baisse aujourd'hui, et figure même parmi les plus fortes hausses de l'indice sbf 120 avec une progression de 1,17% à 5,897 euros. Les investisseurs saluent la dernière avancée dans le dossier de la privatisation de la ligne à grande vitesse britannique. Eurotunnel et Goldman Sachs ont accueilli de nouveaux partenaires dans GB Speedrail, le consortium qu'ils ont constitué pour l'appel d'offres de cette ligne. Parmi ces nouveaux partenaires, on trouve la Caisse des dépôts et consignations ainsi que Universities Superannuation Scheme.
« Ce sont deux institutions prestigieux, tant la CDC pour la France qu'USS pour la Grande-Bretagne, et nous nous réjouissons que toutes ces compétences soient réunies au sein de GB Speedrail », a déclaré Jacques Gounon, le PDG d'Eurotunnel, dans une interview accordée au Figaro. Un porte-parole de GB Speedrail a indiqué que le consortium formulerait une offre indicative aujourd'hui.
Le gouvernement britannique a décidé de procéder à la mise en vente d'une concession de 30 ans pour l'exploitation de cette ligne, qui relie Londres au tunnel sous la Manche.
Cette ligne, High Speed 1, pourrait se négocier pour un montant de 1,5 milliard de livres (1,8 milliard d'euros environ) selon des sources proches du dossier.
GB Speedrail est en concurrence avec au moins deux rivaux pour cette acquisition.
AOF - EN SAVOIR PLUS
=/Les points forts de la valeur/=
- Après des années de déboires financiers qui l'ont mené au bord de la faillite, Eurotunnel gagne de l'argent. Les comptes sont sortis du rouge en 2007. Le groupe a donc été en mesure de verser un dividende de 4 centimes à ses actionnaires... pour la première fois de son histoire.
- A l'issue de la restructuration financière menée courant 2007, l'endettement net, qui culminait à 9,2 milliards d'euros, a été réduit de moitié. La charge d'intérêt, qui asphyxiait auparavant l'entreprise, ne pèse plus sur son exploitation.
- Le modèle économique d'Eurotunnel, celui d'une concession à long terme avec le droit d'exploiter le tunnel court jusqu'en 2086, devrait enfin générer des cash-flows récurrents.
- L'un des atouts majeurs d'Eurotunnel tient au fait que les investissements en infrastructures, très coûteux, ont été effectués.
- L'entreprise jouit d'une structure de coûts allégée, dont les charges sont principalement liées à l'entretien des installations et équipements.
- Eurotunnel est l'un des rares transporteurs cotés protégés contre la remontée des prix du pétrole, et serait avantagé par un rebond de la livre sterling face à l'euro.
- Depuis le regroupement des actions (1 pour 40 anciennes), le tour de table, qui ne comptait auparavant que des investisseurs particuliers, souvent contestataires et qui avaient le sentiment d'avoir été spoliés depuis l'introduction en Bourse en 1987, est mieux équilibré avec désormais plusieurs institutionnels dont GSIP (20% du capital) et Goldman Sachs (17%).
- Cet intérêt grandissant récompense un long travail de redressement qui a permis au titre de changer de statut boursier et de ne plus être considéré comme une « penny stock » (société cotant seulement quelques centimes). Les volumes d'échanges quotidiens se sont étoffés.
- Une dizaine d'analystes financiers suivent désormais la valeur, ce qui atteste la crédibilité gagnée par l'entreprise.
=/Les points faibles de la valeur/=
- Eurotunnel n'échappe pas à la dégradation de la conjoncture économique.
- Le rapport de la commission d'enquête a mis en évidence les manquements d'Eurostar lors de la série de pannes intervenues avant Noêl 2009. Le groupe va devoir investir 34 millions d'euros pour mettre en oeuvre les recommandations.
- Les investisseurs particuliers restent très méfiants.
=/Comment suivre la valeur/=
- A l'instar des concessionnaires, Eurotunnel est appelé à devenir à terme une valeur de rendement.
- L'exploitant du tunnel sous la Manche tire l'essentiel de son chiffre d'affaires du transport de passagers via les navettes et les trains Eurostar, et est donc sensible à la conjoncture économique et aux flux touristiques.
- A suivre également : les initiatives du groupe pour croître dans le fret ferroviaire.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux entreprises
Après dix-huit mois de négociation, aucun accord n'a été conclu entre les syndicats et la fédération patronale sur la manière d'encadrer le portage salarial. L'article 19 de l'accord sur la modernisation du marché du travail a donné deux ans aux partenaires sociaux pour aboutir à un accord. Les négociations ont été confiées au Prisme, fédération professionnelle de la branche de l'intérim. Trois points étaient initialement au coeur des désaccords : le type de contrat retenu pour les missions comprises entre 18 et 36 mois, la rémunération minimale conventionnelle et la possibilité ou non pour les agences d'intérim de gérer des opérations de portage. Désormais seul le dernier point est source d'affrontement. En effet, le Prisme a notamment accepté l'utilisation de contrats à durée déterminée à objet défini pour les missions de plus de 18 mois. En revanche, les syndicats souhaitent que les agences d'intérim créent de véritables filiales de portage qui soient indépendantes alors que le Prisme préfère simplement la mise en place d'agences spécialisées.