En repli de 2,44% à 342,35 pence, BP affiche l'une des plus mauvaises performances de la Bourse de Londres, pénalisé par les craintes suscitées par les conséquences financières de la marée noire du Golfe du Mexique. La Maison-Blanche souhaite que la compagnie pétrolière britannique mette en place un fonds exclusivement destiné à régler les dommages et intérêts qui seront réclamés par les particuliers et les entreprises touchés par la catastrophe. Barack Obama voudrait pousser BP à placer sous séquestre le dividende qu'il envisage de payer cet été.
La semaine dernière, le président américain avait rendu public son hostilité au paiement des 10,5 milliards de dollars de dividende annuel envisagé par BP.
La compagnie pétrolière devrait étudier la question à l'occasion d'une réunion téléphonique aujourd'hui. Selon plusieurs sources de presse, BP pourrait chercher à différer le dividende, le payer en actions ou le placer sous séquestre jusqu'à ce que le montant des obligations liées à la marée noire soit plus clair.
Selon plusieurs médias, BP ne devrait pas communiquer sa décision avant la rencontre prévue ce mercredi entre Barak Obama et le président du conseil de BP, Carl-Henric Svandberg.
Jusqu'à présent, la compagnie britannique assure disposer des ressources pour couvrir les frais liés à la marée noire, estimée jusqu'ici entre 10 et 40 milliards de dollars, et payer son dividende.
BP est confronté à un dilemme. En suspendant le paiement du dividende, le groupe évitera la fureur de la Maison-Blanche et de l'opinion publique. Mais il pourrait pénaliser ses principaux actionnaires, essentiellement des fonds de pension américains et britanniques qui ont déjà vu leur investissement fondre de 40% depuis l'explosion de la plate-forme Deepwater Horizon, le 20 avril.
Dans un contexte tendu, le groupe pétrolier annoncé lundi que la marée noire lui avait déjà coûté 1,6 milliard de dollars, contre 1,45 milliard dimanche.Enfin, alors que les autorités américaines ont révisé en nette hausse l'étendue des dommages (de 20 000 à 40 000 barils par jour) avant la mise en place d'un entonnoir le 3 juin, BP a assuré qu'il installerait dans les prochains jours un nouveau mécanisme pour tenter de récupérer davantage de pétrole brut du puits endommagé.
(P-J.L)
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Pétrole et parapétrolier
fitch ratings souligne que les majors pétrolières européennes seraient fragilisées si le cours du baril de pétrole rechutait. Depuis le mois d'octobre, ce cours évolue entre 70 et 80 dollars. De nombreux analystes estiment que le cours du pétrole pourrait baisser au second trimestre du fait de la fin des plans de relance dans les économies développées, et d'une demande en retrait au printemps. Fitch considère que l'industrie pétrolière européenne doit non seulement affronter une baisse de la demande de produits pétroliers mais aussi des marges de raffinage, tombées à leur plus bas niveau en 15 ans. Toutefois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année. Elle devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents comme la Chine, contre 1,7% prévu auparavant. En 2009 cette demande avait enregistré une baisse historique de 1,5%. En 2010, la consommation devrait atteindre 86,5 millions de barils par jour. Dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit une stagnation de la consommation, après une chute de 4,4% en 2009.