PSA Peugeot Citroën a choisi l'usine de Vigo en Espagne pour fabriquer un nouveau modèle destiné aux classes moyennes des pays émergents, une nouvelle étape dans sa stratégie de conquête des marchés à forte croissance pour compenser le recul de ses ventes en Europe.
"Ce modèle, première étape d?un programme mondial, répondra aux attentes des classes moyennes de nombreux pays où le marché automobile est en croissance rapide", a expliqué le premier constructeur français dans un communiqué, sans plus de détails sur le véhicule en question ou la date de démarrage de la production.
Seule certitude, ce nouveau modèle, plutôt milieu de gamme, sera vendu sous les marques Peugeot et Citroën. Et il sera destiné, dans un premier temps du moins, aux pays du bassin méditerranéen, du Moyen-Orient et de l?Afrique.
Avec 384.900 véhicules produits en 2009, l'usine de Vigo, où travaillent plus de 7.000 personnes, est le premier site industriel de PSA. En sont sortis notamment les Citroën C4 Picasso, Xsara Picasso, Berlingo First, Peugeot Partner Origin...
Un responsable du syndicat espagnol CCOO de l'usine de Vigo, Pedro Comesaña, a déclaré à l'AFP qu'il accueillait "avec satisfaction" cet investissement, qui "va donner de la stabilité à l'usine, au personnel et à la région".
Contactés par l'AFP, deux responsables des syndicats CGT et CFE-CGC de PSA ont indiqué de leur côté ne pas avoir été informés d'une telle décision. Un comité central d'entreprise doit se tenir mercredi à Paris.
Selon les Echos, le site de Vigo a été choisi car il possède "la structure de coûts la moins élevée du groupe".
Cette annonce s'inscrit dans la stratégie de développement accélérée à l'étranger initiée par Philippe Varin depuis son arrivée à la présidence du groupe en juin 2009. Ce dernier veut en faire un "champion sur la scène mondiale".
Le constructeur français, qui sort de deux années consécutives de pertes -- dont 1,161 milliard en 2009 --, a fait de la Chine sa priorité, devant l'Amérique du Sud et la Russie où il a inauguré en avril l'usine de Kalouga.
M. Varin a ainsi annoncé récemment son intention de construire une troisième usine en Chine pour profiter à plein de la croissance de ce marché, devenu le premier au monde.
A l'inverse, PSA Peugeot Citroën, qui réalise encore deux-tiers de ses ventes en Europe, anticipe une baisse de 9% du marché en Europe et s'attend à une baisse de même ampleur en France.
Mais le choix de l'Espagne au détriment de la France, où le groupe possède ses principaux sites (dont Sochaux et Mulhouse dans l'est), pourrait faire polémique.
PSA et son concurrent Renault ont en effet bénéficié l'an dernier de prêts à taux préférentiels de l'Etat de 6 milliards d'euros pour les aider à passer le cap de la crise, en échange de leur engagement à ne pas fermer d'usines en France.
Le groupe ne ferme pas de site mais le choix de Vigo prive de fait ses usines françaises d'un nouveau marché porteur.
PSA fabrique encore en France 47% des véhicules qu'il vend et presque 90% des moteurs. Il emploie 100.000 personnes dans l'Hexagone sur un effectif total de 186.000.
La démarche de PSA n'est pas sans rappeler celle de Renault qui a lancé, via sa filiale roumaine Dacia, la Logan, une voiture milieu de gamme destinée à l'origine uniquement aux marchés émergents, mais désormais également vendue avec succès en Europe.