Après une séance terminée en forte baisse hier, les valeurs du secteur bancaire poursuivent leur plongeon aujourd'hui sur la place parisienne sur fond d'inquiétude sur les finances de la Grèce et du Portugal. La banque franco-belge Dexia enregistre ainsi la plus forte baisse de l'indice CAC 40 avec un recul de 6,02% à 3,984 euros. Crédit Agricole se replie de 5,73% à 10,78 euros, tandis que Société Générale et BNP Paribas perdent respectivement 3,68% à 39,535 euros et 2,40% à 49,50 euros. De la même façon, l'indice DJStoxx européen des banques affiche un recul de 4,10%.
Les investisseurs s'inquiètent de l'aggravation de la situation financière grecque et de la contagion de la crise vers le Portugal. Les craintes du marché se portent notamment sur l'exposition des banques envers la Grèce. Crédit Agricole, par exemple, est présent dans ce pays via sa filiale Emporiki, dont les résultats ont régulièrement pénalisé le bilan de la banque. Société Générale, de son côté, possède une participation importante dans le grec Geniki.
Hier, la Standard & Poor's a dégradé la note souveraine de la Grèce qui est désormais classée en catégorie « speculative » (junk bonds), passant de BBB+ à BB+. « Cette dégradation résulte de notre nouvelle évaluation des défis économique, politique et budgétaire auxquels le gouvernement grec est confronté dans ses efforts pour placer le fardeau de la dette publique sur une trajectoire soutenable », a déclaré l'agence de notation pour justifier sa décision.
Quelques minutes auparavant, Standard & Poor's a abaissé de deux crans la note souveraine du Portugal de A+ à A-. L'agence de notation a justifié sa décision par le fait que ses faiblesses fiscales et économiques structurelles placent le pays dans une position comparativement faible pour palier à la détérioration significative de ses finances publiques et à la faiblesse de ses perspectives économiques à moyen terme.
S&P a également dégradé hier les notes de cinq banques portugaises.
La perspective des notes des deux pays est négative, ce qui signifie que sa note pourrait être de nouveau abaissée.
En cas de défaut de paiement ou de restructuration de la dette grecque, Standard & Poor's estime entre 30 et 50% les fonds que pourraient récupérer les créanciers. Les pertes s'élèveraient alors à environ 200 milliards d'euros selon les calculs de l'agence Bloomberg.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 30.09.2009 : 13.448 millions d'euros (+ 18,4 %)
Au 30.06.2009, Produit Net Bancaire : 8.620 millions d'euros (+ 17,1 %)
Au 31.12.2008, Produit Net Bancaire : 15.956 millions d'euros (-4,8%)
Résultats
Au 30.09.2009, Résultat brut d'exploitation : 4.431 millions (x 2,4 par rapport aux neuf premiers mois de 2008); Résultat net part du groupe : 692 millions (-48,1 %)
Au 30.06.2009, Résultat brut d'exploitation : 2.656 millions (X 2,7 par rapport au deuxième semestre 2008); Résultat net part du groupe : 403 millions (-58,4%)
Au 31.12.2008, Résultat brut d'exploitation : 3.321 millions d'euros (-18%); Résultat net part du groupe : 1.024 millions d'euros (contre 4.044 millions d'euros en 2007)
Prévisions
Pas de prévisions chiffrées.
Stratégie
Début 2010, le duo à la tête de Crédit Agricole SA (Casa) - son président René Carron et son directeur général Georges Pauget - sera remplacé. Cette évolution va dans le sens de la vision stratégique des caisses régionales, qui misent sur la banque de détail et souhaitent redimensionner la banque de financement et d'investissement. Le groupe a donc choisi de s'éloigner du modèle de banque universelle à la française. Ce recentrage vaut également sur le plan géographique puisque la Banque a choisi de se focaliser sur l'Europe et la zone Méditerranée. Elle a donc récemment décidé de se désengager de l'Uruguay.
Evènements financiers
Crédit Agricole a remboursé fin octobre les 3 milliards d'euros de titres super subordonnées (TSS) souscrits par la Société de prise de participation de l'Etat (SPPE).
Au troisième trimestre, la Banque a passé une provision pour dépréciation du goodwill sur Emporiki pour un montant avant impôt de 485 millions d'euros, du fait des difficultés rencontrées par sa filiale grecque. Son retour à l'équilibre est espéré en 2011.
Le pacte reliant la Banque à Generali concernant leur participation dans Intesa Sanpaolo a été gelé suite à un premier accord bloqué par les autorités italiennes. Generali et le Crédit Agricole détiennent respectivement 5,07% et 5,82% d'Intesa Sanpaolo. Les autorités italiennes estiment que le Crédit Agricole ne respecte pas son engagement de réduire sa participation à 2% cette année. Or le Crédit Agricole refuse de vendre à perte ses titres.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Fortes positions en France et en Europe dans la banque de détail;
- Bonnes performances sur le troisième trimestre : l'établissement a dégagé un bénéfice net de 289 millions d'euros, supérieur aux attentes (même s'il est en retrait de 21% sur un an), en particulier grâce aux caisses régionales et aux performances de la gestion d'actifs;
- La politique de contrôle des coûts, en autorisant un recul de 2,3% des charges d'exploitation, a permis le doublement du résultat brut d'exploitation, à 1,8 milliard d'euros sur la période;
- Même s'il a diminué à 0.45 euro par action du fait d'un profit net en baisse, le dividende versé sur les résultats 2008 a représenté un fort taux de distribution (97%);
- Son portefeuille d'activités est relativement équilibré ce qui limite les risques;
- Le groupe a confirmé sa solidité financière sur les derniers mois. Compte tenu notamment de la réduction du profil de risque de la Banque de financement et d'investissement, le ratio Tier 1 de Crédit Agricole S.A. s'établit à 9,7% et le Core Tier 1 à 9,1% à comparer à 8% au 1er janvier 2009.
Faiblesses
- L'agence Standard & Poor's a abaissé la perspective de la note de la banque à négative du fait de l'impact plus important que prévu de la récession économique mondiale sur l'activité de banque de détail;
- Le coût du risque a fortement augmenté sur les neuf premiers mois (quoique stabilisé sur le dernier trimestre) et pèse sur le résultat : il a été multiplié par 2,2 par rapport à la même période de 2008. Il est principalement concentré sur la Banque de détail à l'international (813 millions d'euros) et en particulier sur Emporiki, sur les Services financiers spécialisés (894 millions d'euros) et sur la Banque de financement et d'investissement, y compris les activités en cours d'arrêt (1.394 millions d'euros);
- Le groupe a annoncé l'avance de nouvelles aides de 1 milliard d'euros à Emporiki pour renforcer ses fonds propres Tier-1. Celai constitue une mauvaise surprise : car cette annonce est intervenue moins de quatre mois après avoir réalisé une augmentation de capital de 850 millions;
- Le nouveau cadre réglementaire proposé par le Comité de Bâle pourrait nuire à la Banque car les participations des banques dans les institutions financières pourraient être à l'avenir déduites à 100% du Tier One, contre 50% dans le régime actuel. Or Crédit Agricole SA (CA SA), qui détient une part importante du capital des caisses régionales devrait mobiliser deux fois plus de fonds propres qu'auparavant.
La valeur et son secteur
Principales activités
Banque de proximité en France (24% du Produit net Bancaire); Banque de détail à l'international (19%); Services financiers spécialisés (crédit à la consommation) (19%); Gestion d'actifs, assurance & banque privée (26%); Banque d'investissement et de financement (12%).
Le secteur
Le Comité de Bâle, qui vise à réformer le secteur bancaire, désire renforcer la qualité et la transparence du capital de base Tier-1 (noyau dur du capital), pour permettre aux banques de mieux absorber d'éventuelles pertes. Si, sous Bâle 2, les banques pouvaient ne détenir que 2% de capital rapportés à leurs actifs pondérés, les régulateurs surveilleront à l'avenir davantage la qualité des fonds propres retenus dans le calcul du Tier-1. Un nouveau ratio, dit d'effet de levier, sera introduit pour éviter un trop fort endettement des banques. Avant même de connaître précisément le niveau des exigences imposées par les régulateurs, un certain nombre de banques françaises ont récemment consolidé leurs fonds propres, à l'image de BNP Paribas, Crédit Agricole, Société Générale et BPCE.
La valeur dans son secteur
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