Lagardère (- 2,30% à 2,30 euros) affiche la seconde plus forte baisse de l'indice CAC 40 alors que le groupe a lancé le processus de cession de ses 20% dans Canal + France. Cette information n'est pas une surprise ; Credit Suisse avait vendu la mèche hier, ce qui avait permis à la valeur de surperformer le marché parisien. Lagardère doit maintenant se mettre d'accord avec Vivendi, détenteur le solde du capital de Canal + France car, à la différence de TF1 et M6 qui ont récemment vendu leurs parts, il n'a pas de prix plancher garanti.
Au titre du « droit de liquidité sur sa participation de 20% dans Canal + France » évoqué par Lagardère dans son communiqué, le groupe peut demander l'introduction en bourse de Canal+ France. Mais Vivendi peut dans ce cas décider d'acquérir l'intégralité de sa participation. Les analystes valorisent cette participation entre 1,05 milliard et 1,4 milliard d'euros.
CM-CIC explique qu'une introduction en Bourse serait dommageable pour les deux sociétés : il est contraire à l'objectif de Vivendi de contrôler 100% de Canal et il offre une valorisation de minoritaire à Lagardère. Pour sa part, Cheuvreux ne considère pas Vivendi comme un acheteur enthousiaste, malgré les commentaires officiels de sa direction. L'analyste fait remarquer qu'une montée à 100% ne changerait pas grand-chose tant du point de vue du contrôle, du cash que des impôts.
Oddo estime que cette opération sera positive pour les deux sociétés dont la décote de holding devrait être réduite. Concernant Lagardère, CM-CIC juge probable le versement par d'un dividende exceptionnel à l'issue de cette cession. Quant à Vivendi, il pourra se tourner vers un autre rachat de minoritaire, les 44% détenus par Vodafone dans SFR. L'opérateur britannique est désormais plus ouvert à une telle cession. Exane estimait récemment que cette opération pourrait avoir lieu en 2010.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
Au 30.09.2009 : 5.820 millions d'euros (-3,7% en publié et -3,9% en comparable)
Au 30.06.2009 : 3.720 millions d'euros (-2,2%)
Au 31.12.2008 : 8.214 millions d'euros (+3,1% à données comparables)
Résultats
Au 30.06.2009, Résultat opérationnel courant consolidé (Résop) : 186 millions d'euros (-27%) - Résultat net consolidé - part du groupe : 336 millions d'euros (-80%)
Au 31.12.2008, Résultat opérationnel courant consolidé (Résop) : 647 millions d'euros (+1,9%) - Résultat net consolidé - part du groupe : 593 millions d'euros (+11,1%)
Prévisions
Compte tenu d'un effet de base plus favorable (moindre croissance de l'activité enregistrée au quatrième trimestre 2008), la baisse des ventes attendue sur le dernier trimestre 2009 pourrait être inférieure à celle constatée à fin septembre. Pour Lagardère Publishing, contrairement aux autres divisions du groupe, la base de comparaison va être particulièrement difficile, les ventes ayant cr- de près de 6,0% à données comparables au quatrième trimestre 2008 en raison du succès de la saga Twilight de Stephenie Meyer. Le rythme de croissance devrait donc se ralentir sensiblement.
Pour Lagardère Active, la visibilité reste très réduite. Il est à prévoir que la tendance baissière observée au troisième trimestre 2009 se confirme. Néanmoins, la baisse pourrait être un peu moins marquée en fin d'année compte tenu d'une base de comparaison plus favorable.
Pour Lagardère Services, l'effet base sera plus favorable tandis que le redressement du trafic aérien pourrait favoriser un léger redressement du rythme de progression des ventes en particulier en Asie.
Lagardère Sports a d- connaître une fin d'année 2009 difficile compte tenu des tensions sur le marché des droits médias en Europe (effet secondaire de la faillite de Sétanta) et, dans une moindre mesure, sur celui du sponsoring.
Lagardère a revu la prévision de son résultat opérationnel courant (hors Lagardère active), dont la baisse est désormais attendue dans une fourchette de 0 à 5%, au lieu de 0 à 10% précédemment.
Stratégie
En mars dernier Lagardère a annoncé la mise en place du plan «One Step Further », visant à réduire ses coûts, qui comprend 250 suppressions de postes en Espagne, Italie, tats-Unis, Russie et quelques suppressions également en France. Ce plan inclut également un gel des salaires dans tous les pays. Les réductions de coûts devraient avoir un impact positif d'au moins 90 millions d'euros en 2009. A fin septembre 2009, l'avancement du plan d'économie « One Step Further » était légèrement en avance par rapport aux prévisions.
Evènements financiers
Au sein de Lagardère Active, le groupe cherche à réaliser des mesures économiques drastiques au niveau des réseaux d'antennes locales de ses deux stations musicales, RFM et Virgin Radio, face à une crise du secteur de la radio qu'il considère comme étant structurelle. Lagardère souhaite également céder Europe 1 Sport, sa radio parisienne d'information sportive.
En Septembre dernier, Lagardère a émis, avec succès, des obligations à taux fixe (4,875%) pour 1 milliard d'euros échéance 2014. Cette opération, qui représente la première émission obligataire de l'histoire du groupe, lui permet de diversifier ses sources de financement et d'allonger la durée moyenne de son endettement.
Après la cession de 2,5% dans EADS, survenue en mars 2009, le groupe Lagardère détient une participation de 7,5% dans le groupe aéronautique.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Le groupe bénéficie d'un portefeuille d'activités équilibré dans les médias, avec des activités cycliques (presse et audiovisuel), qui dépendent des revenus publicitaires, et des métiers contra-cycliques, tels que la distribution et les livres, qui résistent mieux en cas de retournement conjoncturel ;
- L'objectif de résultat opérationnel courant (hors Ladardère active) pour 2009 a été légèrement relevé ;
- Sur les neuf premiers mois, Lagardère Publishing (pôle édition) a confirmé son caractère défensif en enregistrant une augmentation de 8,3% de son activité ;
- Lagardère bénéficie d'une structure financière solide avec un ratio de dette financière nette / fonds propres de 50,4% à fin juin 2009 ;
- Le dividende par action, maintenu à 1,30 euro sur les résultats 2008, procure un bon rendement de 4,6% ;
- Certains analystes estiment que le cours du titre bénéficie d'un bon potentiel de valorisation du fait de la vente probable à Vivendi de la participation de 20% au capital de Canal+.
Faiblesses
- Le statut de commandite par actions de la société, en séparant l'exercice du pouvoir de la détention du capital, empêche toute tentative d'OPA, qui pourrait offrir un potentiel de valorisation au cours du titre ;
- Le chiffre d'affaires publié à fin septembre 2009 a été inférieur aux attentes des analystes ; c'est une nouvelle fois Lagardère Active (presse et audiovisuel) qui a le plus souffert en enregistrant une baisse de 19,1% de son activité ;
- L'activité défensive, Lagardère Publishing (Edition) pourrait, à moyen terme, subir une pression forte sur les prix, en raison du développement des livres électroniques ;
- De façon structurelle, les magazines perdent des parts de marché face aux autres médias et subissent une chute de leurs recettes publicitaires ;
- La réduction des ventes chez Lagardère Active n'est que partiellement compensée par les mesures de réductions de coûts, expliquant la contraction du Resop plus conséquente pour ce pôle que pour le reste du groupe ;
- L'absence de visibilité sur les recettes publicitaires va peser sur l'activité médias du groupe, sachant que chaque baisse de 1% du chiffre d'affaires publicitaire a un impact d'environ 8 à 10 millions sur le Resop en année pleine et avant toute mesure d'économie.
La valeur et son secteur
Principales activités
- Médias (Lagardère Active : Presse, audiovisuel) : 22,5% du chiffre d'affaires du 1er trimestre 2009 ;
- Edition (Lagardère Publishing) : 26% du CA
- Services (activité de détails) : 44% du CA
- Lagardère Sports : 7,5% du CA
Le secteur
Afin de contrer les acteurs de l'Internet, accusés de concurrencer la presse en proposant son contenu en ligne gratuitement, cinq géants de la presse américaine (Condé Nast, Hearst, Meredith, News Corporation et Time Inc.) se sont alliés en créant une société commune. Leur objectif est d'imposer un nouveau standard de lecture en ligne. A travers ce kiosque en ligne commun, le lecteur pourra acheter un article, un exemplaire ou s'abonner à un magazine. Avec un total de 144 millions de lecteurs, les cinq groupes de presse espèrent récupérer les recettes publicitaires qui leur échappaient jusqu'à présent. Sur Internet, Lagardère Active a pour atout ses 16 sites, dont le nombre de visiteurs uniques dépasse le million.
En France, l'AFP (Agence France-Presse) prône un nouveau modèle : Google lui verse désormais une somme forfaitaire sur trois ans pour la reprise de ses dépêches sur son agrégateur de recherches.
La valeur dans son secteur
Groupe de média comptant parmi les leaders mondiaux de ce secteur.
Comment suivre la valeur
Lagardère est une valeur défensive grâce à trois métiers (livres, distribution, droits sportifs). Moins de 20% de son chiffre d'affaires est issu de la publicité.
L'activité Presse est non seulement sensible à la variation des revenus publicitaires mais aussi au cours du papier, qui constitue sa matière première de base.
Le désengagement progressif d'EADS, maison mère d'Airbus, présente l'avantage d'atténuer l'image de holding diversifié, qui est une source de décote du titre.
Rémunération des actionnaires
Dernier dividende versé
1,30 euro par action
Taux de distribution des dividendes
28%
Taux de croissance du dividende par action
Stable
Rendement
4,6%
Estimation du prochain dividende par action
1,30 euro en 2010
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Medias
Les éditeurs de presse envisagent le livre numérique comme une opportunité unique, susceptible de faire évoluer leur modèle économique. Apple, dont la tablette sera prochainement commercialisée aux Etats-Unis, a pris contact avec plusieurs éditeurs américains. Même si les revenus sont faibles, l'intérêt majeur est l'absence de coûts de fabrication et de distribution des journaux classiques, qui peuvent constituer jusqu'à 70% du prix d'un journal. Contrairement aux éditeurs de livres, qui ont adopté des standards communs pour leurs contenus, les éditeurs de presse n'ont pas encore adopté de standard numérique. Toutefois cinq grands éditeurs de magazine (Time Inc., News Corp., Condé Nast, Hearst et Meredith) ont créé un consortium, en décembre 2009, pour adopter un standard commun et un modèle de partage de revenus pour leurs éditions numériques. La filiale américaine de Lagardère Active, Hachette Filipacchi Media US, pourrait rejoindre cette alliance.
Aéronautique - Défense
Fitch considère que les groupes aéronautiques ne sont pas très généreux avec leurs actionnaires. Ainsi, EADS, qui disposait pourtant d'une trésorerie nette de 4 milliards d'euros à la fin du troisième trimestre, n'a pu en faire profiter ses actionnaires car il doit disposer d'un matelas de sécurité compte tenu des difficultés de l'aviation commerciale et des dépassements de coûts du programme A400M. Le cabinet d'étude PricewaterhouseCoopers estime que la valeur totale des fusions-acquisitions dans l'aéronautique et la défense sur le plan mondial, qui s'est établi à 10 milliards de dollars, a atteint, en 2009, son plus bas niveau depuis dix ans. Sur un marché particulièrement affecté par la crise économique mondiale, les spécialistes s'accordent à penser que l'Asie est un marché porteur. Selon Airbus, les compagnies aériennes de la région Asie-Pacifique devraient commander environ 8.000 appareils, représentant 1.200 milliards de dollars d'ici à 2028. La demande de la région va représenter un tiers de la demande mondiale durant cette période. La plupart des appareils commandés devraient être des gros-porteurs tels que l'A380.