En hausse de 5,08% à 78,45 euros, Ciments Français a pris la tête du SRD dans des volumes plus importants que de coutume. Les investisseurs réagissent favorablement au rachat par Ciments Français de plus de 97% de ses obligations libellées en dollar détenues par des porteurs américains. Selon les analystes, l'opération pourrait ouvrir la voie au rachat des actions Ciments Français encore en circulation (18% du capital) par sa maison mère Italcementi. Ce matin, un porte-parole d'Italcementi a d'ailleurs démenti la rumeur de marché selon laquelle le groupe préparait une OPA sur Ciments Francais.
Ce projet avait été présenté par Ciments Français et Italcementi au début de l'année 2009 avant d'être abandonné en juin en raison de l'opposition des détenteurs américains d'obligations Ciments Français.
"La fusion n'est toujours pas possible, les mêmes obstacles demeurent", a expliqué en mars dernier le patron d'Italcementi devant des analystes financiers réunis à Milan à l'occasion de la présentation des résultats annuels de la société et de l'annonce de l'offre de rachat des obligations en dollars.
Dans une note récente, CM-CIC avait expliqué qu'une fusion des deux groupes permettrait pourtant de mettre fin à "structure de contrôle bancale qui empêche toute optimisation des flux de trésorerie intragroupe".
Ce matin, Aurel a estimé que le succès de l'opération aux Etats-Unis relancait la spéculation sur un rachat. De son côté, Natixis a relevé sa recommandation sur le titre de Renforcer à Acheter avec un objectif de cours rehaussé de 77 à 86 euros.
A l'heure actuelle, Ciments Français, qui pesait en 2009 84% des ventes consolidés d'Italcementi et 114% de son résultat d'exploitation, dirige l'activité du groupe dans le monde tandis que la maison mère se contente de piloter l'Italie où la situation est particulièrement difficile. L'an dernier, le résultat net de Ciments Français n'a reculé que de 4% à 337 millions d'euros tandis que celui d'Italcementi a chuté de 22% à 215 millions d'euros.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ciment Français bénéficie d'une des meilleures rentabilités opérationnelles du secteur en Europe.
- Le groupe profite d'une clientèle fortement diversifiée, ce qui limite le risque clients.
- Ciments Français souhaite se développer, à partir de sa position de leader en Egypte, au Proche-Orient. Le groupe souhaite également accroître sa présence en Inde, qui constitue un marché stratégique.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est pénalisé par sa taille limitée à l'échelle nationale et par une moindre présence dans certains pays émergents par rapport à ses concurrents, alors que ces pays sont une priorité stratégique pour les cimentiers.
- Le projet de fusion entre le cimentier et sa maison mère, Italcementi, qui détient 82% du capital, est abandonné. Les deux entités doivent poursuivre leurs efforts pour simplifier leur organisation.
- Le faible flottant de Ciments Français limite l'attrait du titre auprès des investisseurs.
Comment suivre la valeur
- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat.
- Traditionnellement, l'activité du groupe est plus forte au second semestre, les six premiers mois de l'année étant généralement consacrés à la maintenance des activités.
- Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, laquelle représente 30 à 35% des coûts de production du ciment.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les acteurs qui résistent le mieux sont ceux qui sont internationalisés et tournés vers les pays émergents. Car si les Etats-Unis et l'Europe traversent des difficultés, le marché mondial du ciment croît depuis 1991 à un rythme moyen de 5% par an. Ce marché de 2,9 milliards de tonnes annuelles est majoritairement produit et consommé dans les pays émergents.