En repli de 3,60% à 11,17 euros, Maurel & Prom accuse la plus forte baisse du SRD, pénalisé par la publication de résultats annuels plus dégradés qu'attendu. Ebranlée par la crise économique et des charges financières liées à la restructuration de sa dette, la junior pétrolière a essuyé l'an dernier une perte nette de 51 millions d'euros contre un bénéfice net de 63 millions en 2008. La perte opérationnelle s'est établie à 28 millions d'euros, au regard d'une perte de 10 millions un an plus tôt. Les analystes interrogés par Reuters tablaient sur une perte nette de "seulement" 36,5 millions.
De surcroît, les investisseurs attendaient un bénéfice opérationnel de 1,36 million d'euros.
2009 a été une année particulièrement délicate pour Maurel & Prom. Asphyxié par la contraction du marché du crédit, le groupe a d- réaliser une profonde restructuration de ses actifs et de sa dette dans le but de garantir son autonomie financière et de libérer des liquidités. Cette restructuration, combinée à des retards de production et à une hausse d'une ampleur inattendue des charges d'exploitation au Gabon, ont lesté les comptes.
Mais 2010 est une année "pleine d'espoir", affirme Maurel & Prom. Sur le front financier, la visibilité s'est nettement améliorée tandis que sur le front opérationnel, les récentes découvertes au Gabon (puits Omoc et OMGW) et les accords passés au Nigéria devront conduire à une hausse substantielle des réserves.
Dans cette perspective, le groupe s'est fixé comme objectif une production nette au Gabon de 15 000 barils par jour en 2010, soit environ le double par rapport à la moyenne de 2009. Si Maurel arrive à maintenir cet objectif de production, le profil du groupe devrait apparaître moins risqué du fait de la meilleure visibilité liée à la récurrence du cash-flow.
Le groupe propose de verser à ses actionnaires un dividende de 0,10 euro par action assorti de bons de souscriptions d'actions. En 2009, Maurel & Prom avait payé un dividende de 0,35 euro.
La société de Bourse Aurel a déclaré ce matin anticiper une réaction plutôt négative du marché à ces résultats négatifs, à la baisse du dividende et à une émission de BSA à ce jour non expliquée.
De l'autre côté ajoute le broker, les réserves prouvées sont plutôt satisfaisantes et l'objectif de production ambitieux. Il a donc maintenu son opinion Achat sur la valeur et son objectif de cours à 16 euros.
voquant des résultats sans surprise, CA Cheuvreux et Exane BNP Paribas ont réitéré leur opinion Surperformance. Selon Exane, la faiblesse actuelle du cours constitue un bon point d'entrée sur une action qu'il continue de considérer comme sous-évaluée.
Enfin, Oddo a maintenu son Opinion Achat. Le broker, qui s'attendait à ces résultats médiocres, a souligné les nombreux catalyseurs du titre du 2010.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Le groupe dispose d'un portefeuille minier équilibré tant en termes géographiques, d'exploration-production, d'onshore/offshore que de rapport entre les réserves 2P (réserves prouvées et possibles) et 3P (réserves prouvées, possibles et probables).
- Dans un contexte de prix du baril élevé, la montée en puissance des activités et la diversification des actifs, assurent à la société une croissance forte et rapide avec un important effet de levier.
- La production de ses gisements gabonais devrait monter en puissance. Le potentiel de la zone d'Onal au Gabon, qui représente la quasi-totalité des actifs tangibles de Maurel & Prom, a été confirmé au premier trimestre 2010.
- La récente acquisition au Nigeria (45% d'une société dénommée Seplat, qui a elle-même acquis 45% de trois champs pétrolifères) devrait être créatrice de valeur dans la stratégie de Maurel & Prom.
- Le titre présente un intérêt spéculatif.
Les points faibles de la valeur
- Maurel & Prom est une valeur cyclique très fortement dépendante des cours du pétrole ainsi que des résultats de ses explorations.
- La recherche de pétrole est un métier très aléatoire. En conséquence, investir dans une société exploratrice nécessite d'être prêt à affronter des déconvenues éventuelles, comme récemment pour le puit M'Bafou au Congo, et une forte volatilité sur le cours.
- Les résultats de puits d'exploration en Tanzanie et en Colombie sont toujours attendus.
- L'exploitation de gisements pétroliers au Nigeria présente des risques géopolitiques.
Comment suivre la valeur
- Contrairement aux "majors", les "juniors" ne sont pas intégrées : elles ne font que de l'exploration / production, sans raffinage ni pétrochimie, ce qui confère à leur titre une plus grande sensibilité au prix du baril. Leurs découvertes ou leurs acquisitions, rapportées à leur taille, ont également plus d'impact sur leur valeur.
- Sur Maurel & Prom, les actionnaires doivent faire un double pari : miser sur la capacité du groupe à soigner ses finances et parier sur son savoir-faire pour trouver du pétrole.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pétrole et parapétrolier
fitch ratings souligne que les majors pétrolières européennes seraient fragilisées si le cours du baril de pétrole rechutait. Depuis le mois d'octobre, ce cours évolue entre 70 et 80 dollars. De nombreux analystes estiment que le cours du pétrole pourrait baisser au second trimestre du fait de la fin des plans de relance dans les économies développées, et d'une demande en retrait au printemps. Fitch considère que l'industrie pétrolière européenne doit non seulement affronter une baisse de la demande de produits pétroliers mais aussi des marges de raffinage, tombées à leur plus bas niveau en 15 ans. Toutefois, l'AIE (Agence internationale de l'énergie) a légèrement revu à la hausse sa prévision de demande mondiale de pétrole cette année. Elle devrait croître de 1,8% par rapport à 2009, tirée par les pays émergents comme la Chine, contre 1,7% prévu auparavant. En 2009 cette demande avait enregistré une baisse historique de 1,5%. En 2010, la consommation devrait atteindre 86,5 millions de barils par jour. Dans les pays de l'OCDE, l'AIE prévoit une stagnation de la consommation, après une chute de 4,4% en 2009.