E.ON évolue à proximité de l'équilibre après la publication de résultats annuels légèrement inférieurs aux attentes et de perspectives prudentes. Pénalisé par la baisse des prix et de la demande d'énergie, le géant allemand des services aux collectivités prévoit de réaliser cette année un bénéfice net ajusté stable par rapport à l'an dernier et un résultat opérationnel ajusté en hausse de 3% au mieux. Motif de consolation pour les investisseurs : le dividende 2009 est stable à 1,50 euro, offrant un taux de retour à l'actionnaire de 53,6%, l'un des meilleurs d'Europe.
Malgré l'impact de la crise économique et financière, E.ON a réalisé en 2009 un excédent brut d'exploitation ajusté de 13,5 milliards d'euros, en hausse de 1%. Pour autant, le résultat opérationnel ajusté affiche un repli de 2,3% à 9,6 milliards d'euros. Les analystes interrogés par Reuters tablaient sur un Ebit ajusté de 9,9 milliards. Le résultat net ajusté a décliné de 4,8% à 5,33 milliards d'euros contre un consensus de 5,464 milliards.
Le chiffre d'affaires a chuté de 6% à un peu moins de 82 milliards d'euros, pénalisé par la baisse des prix du gaz en Europe et la réduction de sa production d'énergie nucléaire et hydraulique dans les pays nordiques.
"En raison de la crise économique, les prévisions pour 2010 sont soumises à des incertitudes similaires aux prévisions de l'année précédente", a déclaré E.O,N dans un communiqué. Dans ce cadre, il vise une croissance de 0 à 3% de son résultat opérationnel en 2010. Le bénéfice net ajusté devrait ressortir au même niveau que l'an dernier.
Le groupe a réaffirmé son intention de céder des actifs rentables pour environ dix milliards d'euros d'ici la fin de l'année. Selon une source proche du dossier citée par Reuters, E.ON envisagerait ainsi de céder sa filiale aux Etats-Unis.
En revanche, la société allemande va continuer d'investir fortement dans les énergies renouvelables (éoliennes, solaires), notamment aux Etats-Unis.
Dans une note publiée ce matin, CA Chevreux a regretté des résultats inférieurs au consensus et des perspectives incertaines. Le broker a maintenu son opinion Sous-performance et son objectif de cours de 24 euros.
A contrario, Oddo Securities a renouvelé son opinion Accumuler et son objectif de cours de 30 euros après des perspectives conformes à ses attentes.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
Dans son étude annuelle « l'Observatoire européen des marchés de l'énergie », Capgemini souligne l'impact exceptionnel de la crise économique sur le secteur des utilities. La consommation mondiale d'électricité et de gaz devrait baisser respectivement de 3,5% et 3% cette année. Selon l'étude, les acquisitions successives ont fragilisé la situation financière des dix principaux acteurs du secteur, dont la dette cumulée a bondi de 113% depuis 2006 pour atteindre 213 milliards d'euros en 2008. Les réductions de coût et les cessions d'actifs ont donc succédé à la croissance externe pour restaurer la flexibilité des intervenants. Les investissements ont également été revus à la baisse, au détriment des énergies renouvelables. La politique menée par EDF illustre bien cette tendance : après avoir réalisé une grosse acquisition en 2008, en rachetant British Energy pour plus de 14 milliards d'euros, c'est désormais le désendettement qui prime. Le groupe français espère se désengager au premier trimestre 2010 de son réseau de distribution en Grande-Bretagne, et en retirer 4 milliards d'euros.
Pétrole et parapétrolier
L'AIE (Agence internationale de l'énergie) a revu à la hausse ses prévisions de demande de pétrole pour cette année. Elle prévoit désormais un recul de 1,7% sur un an, à 84,8 millions de barils par jour (mbj). Jusqu'à présent elle tablait plutôt sur une diminution de 1,9%. Les estimations de l'AIE ont également été revues à la hausse pour 2010 : la demande devrait progresser de 1,6% sur un an, pour s'établir à 86,2 mbj. Les producteurs de pétrole s'inquiètent des conséquences sur leurs économies que pourrait avoir un accord sur le climat à Copenhague, en réduisant significativement la demande de pétrole. Ces inquiétudes ont été corroborées par les données de l'AIE, qui estime que le manque à gagner pour les producteurs lié à l'adoption de politiques davantage tournées vers l'ENVIRONNEMENT pourrait s'élever environ à 4.000 milliards de dollars d'ici 2030. Sans changement des politiques énergétiques, les revenus de l'opep (Organisation des pays exportateurs de pétrole) s'élèveraient à 28.000 milliards de dollars entre 2008 et 2030.