La fusion d'Italcementi avec sa filiale à 82%, Ciments Français, n'est pas encore possible, a indiqué le conseiller délégué du groupe Carlo Pesenti. Il y a encore des obstacles à cette fusion en raison de problèmes d'interprétation sur un placement privé d'obligations effectué aux Etats-Unis par sa filiale française, a rappelé Carlo Pesenti lors de la présentation des résultats annuels du groupe italien aux analystes. En juin dernier, Italcementi et Ciments Français avaient abandonné leur projet de fusion, en raison de demandes de créanciers américains jugées "inacceptables".
Les deux sociétés avaient pourtant approuvé l'an dernier un principe de fusion, qui aurait simplifié la structure du groupe italien.
Pour tenter de régler cette question, Ciments Français a justement a proposé le rachat (partiel ou total) des titres de créances américains au prix de 1065 dollars (valeur nominale de 1 000 dollars). Ces titres de créances avaient été émis dans le cadre des placements privés en 2002 et 2006 auprès d'investisseurs institutionnels américains pour des montants respectifs de 200 millions et 300 millions de dollars.
Selon la société de bourse Aurel, l'annonce de rachat des créances américaines pourrait relancer la spéculation sur le titre Ciments Français. Le courtier rappelle que la fusion annoncée l'année dernière avait été abandonnée faute d'accord trouvé avec les détenteurs de ces créances.
Pour CM-CIC Securities. "Cette opération - si elle devait être couronnée de succès - pourrait débloquer le dossier épineux du rachat des actions Ciments Français encore détenues par le public (18%)".
En Bourse, les investisseurs semblent partager ce point de vue : l'action Ciments Français a bondi de 4,82% à 72,60 euros lundi pour terminer à la première place des valeurs éligibles au SRD.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Les points forts de la valeur
- Ciment Français bénéficie d'une des meilleures rentabilités opérationnelles du secteur en Europe.
- Le groupe profite d'une clientèle fortement diversifiée, ce qui limite le risque clients.
- Ciments Français souhaite se développer, à partir de sa position de leader en Egypte, au Proche-Orient. Le groupe souhaite également accroître sa présence en Inde, qui constitue un marché stratégique.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe est pénalisé par sa taille limitée à l'échelle nationale et par une moindre présence dans certains pays émergents par rapport à ses concurrents, alors que ces pays sont une priorité stratégique pour les cimentiers.
- Le projet de fusion entre le cimentier et sa maison mère, Italcementi, qui détient 82% du capital, est abandonné. Les deux entités doivent poursuivre leurs efforts pour simplifier leur organisation.
- Le faible flottant de Ciments Français limite l'attrait du titre auprès des investisseurs.
Comment suivre la valeur
- Les groupes de matériaux sont dépendants de l'activité de la construction, fortement cyclique. A ce titre, leur activité est soumise à l'évolution du nombre des permis de construire et des mises en chantiers, qui sont eux-mêmes influencés par la conjoncture économique, le niveau des taux d'intérêts (coût du crédit) ou encore le climat.
- Traditionnellement, l'activité du groupe est plus forte au second semestre, les six premiers mois de l'année étant généralement consacrés à la maintenance des activités.
- Il faut également porter une attention particulière à l'évolution du prix de l'énergie, laquelle représente 30 à 35% des coûts de production du ciment.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Construction - Matériaux
Les acteurs doivent s'adapter à deux défis : la crise et un meilleur respect de l'environnement. Pour affronter la crise, la plupart, à l'instar de Saint-Gobain, ont mis en place des plans de réduction des coûts. Quant au respect de l'environnement, selon les objectifs fixés par le Grenelle de l'environnement, la consommation énergétique moyenne du parc de bâtiments, estimée à 240 kWh/m2/an, doit être ramenée à 50 kWh/m2/an en 2050. Les acteurs du secteur de la construction comme de celui des matériaux de construction innovent pour satisfaire ces exigences. Ainsi Lafarge et Bouygues Construction ont coopéré pour créer une nouvelle gamme de bétons isolants prêts à l'emploi, Thermedia. Ce produit diviserait par trois la conductivité thermique par rapport à un béton standard et limiterait donc les déperditions thermiques des bâtiments. Il ne sera lancé qu'en septembre 2011. Lafarge et Bouygues avaient déjà mis au point dans le passé un béton léger, le Ductal. Les distributeurs de matériaux s'adaptent également, et commercialisent de nouveaux matériaux, en particulier les panneaux photovoltaîques.