(AOF / Funds) - La décollecte enregistrée dans toutes les classes d'actifs à l'exception des fonds monétaires devrait conduire les sociétés de gestion à se restructurer pour faire face à la crise. Selon la taille des sociétés de gestion, les mesures envisagées varient. Si les plus grosses vont procéder – à l'exemple de la Société Générale Asset Management (SGAM) ou de Dexia Asset Management – à un recentrage de leurs activités, les plus petites réfléchissent à une baisse des coûts en utilisant par exemple l'externalisation. Les missions des consultants devraient ainsi se succéder afin d'optimiser les structures. Au-delà de la réduction des coûts, les sociétés de gestion vont devoir repenser leurs approches marketing afin de rassurer les investisseurs, qu'ils soient particuliers ou institutionnels, devenus de plus en plus frileux. Les produits et les méthodes de gestion devront être simplifiés et surtout lisibles et compréhensibles pour les clients. L'adoption de la directive MIF qui renforce le devoir de conseil devra être poursuivie tout au long de l'année. Cette dernière a conduit les distributeurs à segmenter leurs clientèles et à établir des profils précis pour chaque catégorie de produits. Les notices doivent être rédigées en conséquence. Face à l'ampleur des changements, les sociétés de gestion et les distributeurs ne se sont pas encore tous passés aux nouvelles normes.
Au-delà de la crise, les sociétés de gestion devront également s'adapter à plusieurs changements réglementaires. En 2009, deux grandes réformes sont attendues, elles concernent la révision des opcvm monétaires et la mise en oeuvre de la nouvelle directive OPCVM (UCITS IV). Depuis plusieurs mois, l'Autorité des marchés financiers (AMF) planche sur une refonte de la catégorie OPCVM monétaire. Dans ce cadre, la durée des titres éligibles à cette classe d'actifs devrait nettement être réduite. Les méthodes de valorisation devront également être précisées ainsi que les obligations en matière d'informations des porteurs et de transparence. Une consultation devrait être lancée très prochainement sur le sujet, mais son échéance n'a pas été communiquée par l'AMF qui a déjà effectué plusieurs reports en raison notamment des changements au sein de sa direction. Cette réforme a d'autant plus d'importance que dans un contexte de crise, les investisseurs et notamment les investisseurs institutionnels se sont repliés sur cette classe d'actifs. Déjà, l'an dernier un grand nombre de gérants ont modifié la composition de leurs fonds monétaires en réduisant la maturité des titres détenus en portefeuille.
L'autre grand chantier réglementaire concerne l'adoption de la nouvelle directive UCITS IV. Elle devrait permettre la mise en place d'une rationalisation de l'offre de fonds en Europe grâce à des fusions de fonds transfrontalières. Surtout les sociétés de gestion pourront bénéficier d'un passeport européen. Dès lors, il ne sera plus nécessaire de disposer d'une présence locale pour distribuer des fonds. Par ailleurs, la distribution devrait être facilitée grâce à une simplification de la procédure d'enregistrement des fonds et à une standardisation et une simplification de l'information dispensée aux porteurs. Toutes ces mesures pourraient permettre aux sociétés de gestion de réduire leurs coûts. Fin 2008, SIA Conseil avait estimé que cette réforme pourrait rapporter à l'industrie des fonds français 600 millions d'euros. Malgré les avancées de la directive UCIT IV, elle ne couvre pas l'ensemble de la gestion d'actifs. La gestion alternative ne bénéficiera pas d'un passeport européen. Par ailleurs, la question des dépositaires et leurs obligations vis-à-vis de leurs clients notamment les sociétés de gestion ne fait toujours pas l'objet d'une harmonisation européenne.
Enfin, la crise financière qui s'est déclenchée en 2008 devrait conduire les régulateurs européens et américains à réfléchir à des réformes d'ampleur concernant certains instruments financiers, notamment ceux négociés de gré à gré. Plus fondamentalement, la crise a mis en lumière les lacunes en matière de régulation et devrait conduire les autorités en charge des marchés financiers à redéfinir leurs champs d'actions. L'Association française de la gestion financière (AFG) insiste pour sa part sur la mobilisation du «buy side» pour rééquilibrer les marchés financiers. Les investisseurs doivent, d'après elle, se mobiliser afin d'exiger la fin des «boîtes noires» et une véritable gouvernance des marchés financiers.
Sandra Sebag