(AOF / Funds) -
Quel bilan peut-on tirer de l'année 2008 après un trimestre de crise aiguê ?
Dans un contexte de marchés très défavorables, les sociétés de gestion et leurs clients ont souffert, c'est incontestable, et les actifs sous gestion ont diminué probablement d'un peu plus de 10 %, ce qui tranche avec les évolutions de la dernière décennie.
Mais ne cédons pas pour autant à un «pessimisme irrationnel». Notre industrie a su faire la preuve en 2008, pour reprendre un mot entré dans le langage courant, de «résilience». La meilleure preuve est à mon sens que le recul de l'an dernier est essentiellement d- à l'effet marché négatif, les «rachats» étant restés limités – environ 5 % du total par les fonds actions par exemple – et concentrés sur certaines classes d'actifs. Cela nous permet d'aborder 2009 avec une certaine confiance.
Justement, comment s'annoncent les perspectives du secteur ?
Les sociétés de gestion réagissent rapidement. Elles diminuent leurs coûts tout en renforçant des fonctions clés comme le contrôle des risques et elles adaptent leur offre pour répondre aux nouveaux besoins des investisseurs. Plus que jamais, un contact étroit avec leurs clients est vital en ces périodes d'incertitudes économiques. L'AFG, de son côté, travaille avec l'AFTE, l'AF2I et la FFSA.
Sur un plan plus global, notre industrie développera en 2009 son rôle de «buy-side». Une des principales leçons de la crise est en effet que les marchés doivent être mieux équilibrés et que, pour cela, les investisseurs doivent être plus actifs et exigeants face au «sell-side». Les marchés et certains intervenants doivent aussi, nous l'avons toujours dit, être mieux régulés, ce qui implique la disparition des «trous noirs» de la réglementation mondiale, outre-Atlantique bien s-r mais aussi sur notre continent. Quant à notre propre encadrement réglementaire, il devra continuer à s'adapter.
Quelles évolutions réglementaires souhaitez-vous ?
Soulignons tout d'abord que 2008 a permis de nombreuses avancées car la détermination des pouvoirs publics et de notre régulateur à développer la compétitivité de notre métier est restée intacte. Citons notamment les mécanismes permettant une meilleure gestion de la liquidité – les «gates» notamment qui limitent le montant des rachats –, ceux permettant de faire face aux situations de crise – les «side-pockets» notamment qui permettent d'isoler les actifs toxiques – et le parachèvement du régime des opcvm contractuels. La loi sur les revenus du travail a, pour sa part, intégré de nombreuses mesures en faveur de l'épargne salariale et des PERCO. Mais beaucoup reste à faire, en particulier pour développer des instruments d'épargne longue, au service du bon financement de nos entreprises. La prochaine publication de l'ordonnance rénovant le statut des SICAV peut être vue comme un premier pas en ce sens, mais il faudra aller plus loin.