
BourseReflex : Comment analysez-vous ce début d’année ?
Vincent Guenzi : Autour du 5-10 janvier, les marchés avaient bien progressé, s’appuyant sur une hausse des valorisations des actions, une baisse de l’appréhension au risque et non pas sur une amélioration des fondamentaux. Ce retour de la confiance s’est accompagné d’une volatilité extrêmement basse. Cette situation a été perturbée par plusieurs événements entraînant une remontée du risque.
La Chine a relevé le taux de ses réserves obligatoires. Puis, Obama a fait très fort sur la réforme du secteur bancaire. Cela a entraîné un effet de contagion affectant des valeurs qui n’étaient pas directement concernées. Cela étant, cette remontée du risque n’a pas été générale. Les valeurs moyennes ont plutôt résisté, ce qui constitue un élément rassurant. Et puis il y a le retour des craintes concernant la Grèce.
La situation est prise au sérieux politiquement et on fait ce qu’il faut pour rassurer sur ce sujet. Mais au-delà de la Grèce, il y a aussi l’Espagne, le Portugal, l’Italie, et si on laisse cette défiance s’installer, cela pourrait inquiéter plus durablement les marchés.
BR : Sur quel scénario travaillez-vous ?
V.G : Notre scénario est assez prudent. Nous avions un objectif pour le CAC 40 de 4.3000 points en cours d’année avec un deuxième semestre plus difficile et incertain. Le fait que les sujets attendus pour la deuxième partie de l’année soient déjà sur la table complique les choses. Cela étant, la tension sur la Grèce devrait diminuer un peu à condition que le discours politique reste ferme.
Quant au plan Obama, il va se mettre en place mais il faudra quelques trimestres avant d’en mesurer les effets. De plus, selon certaines analyses, son impact sur les profits des banques ne devrait pas être si sévère que cela. Nous percevons donc la possibilité d’un répit. Tout est lié à cette question de la confiance.
BR : Quelle est votre exposition aux marchés actions ?
V.G : Nous préconisons une allocation assez équilibrée sur les marchés actions en favorisant l'Europe et les Etats-Unis, et en conservant des pays émergents pour le moyen terme. Si les marchés regagnent un peu de cette confiance, les valeurs très cycliques (banques, matières premières) vont en profiter.
Mais l'année devrait être plus favorable aux valeurs traditionnelles et offrant une meilleure visibilité (agroalimentaire, santé, biens et services de consommation non durables, distribution alimentaire).
BR : Quelles valeurs privilégiez-vous ?
V.G : Parmi les valeurs plus cycliques, nous aimons bien Michelin, Vinci, Steria ou Cap Gemini, Schneider. Parmi les valeurs à bonne visibilité, nous aimons toujours Essilor, Sanofi, Danone ou Nestlé, Carrefour, Seb, L'Oréal.