Plusieurs milliers de manifestants ont défilé mardi à Nice pour réclamer plus de justice sociale sous la bannière "Les peuples d'abord, pas la finance!", décidés à se faire entendre des membres du G20 dont le sommet démarre jeudi à Cannes, en pleine tourmente après l'annonce du référendum grec.
"C'est un franc succès, nous avons atteint la frange haute que nous avions prévue", se félicitaient mardi soir les porte-parole du collectif de quelque 40 organisations à l'origine de la mobilisation: 10.000 participants selon eux, 5.400 selon la police.
Le cortège festif a parcouru une quasi boucle dans le nord-est de la ville, loin du centre, pour arriver tranquillement vers 18H00 aux anciens Abattoirs, où se déroulaient des concerts en soirée.
Le tout sous la surveillance des forces de l'ordre mobilisés en masse, gendarmes mobiles, CRS, polices nationale et municipale postés à chaque angle de rue: au total 2.000 hommes chargés d'encadrer la marche.
En tête du cortège, l'organisation action contre la Faim arborait un slogan de circonstance: "G20, j'ai faim". "Un homme, un toit," lisait-on sur des camions d'Emmaüs.
Dans la masse colorée, une centaine de militants de l'organisation Oxfam, venus d'Espagne, de Belgique, du Mexique, de Grande-Bretagne. Coiffés de chapeaux de Robin des Bois et portant un sac de toile symbolisant la Bourse, ils réclament une taxation des transactions financières, pour un meilleur partage des richesses.
"On est content que nos idées de taxation des transactions financières soient reprises par une grande partie des responsables politiques européens, mais ça reste à l'état de discours", a déclaré à l'AFP Aurélie Trouvé, co-présidente d'Attac France.
"La proposition de la Commission européenne de faire cette taxe est un point très positif, mais il y a un problème: (...) on taxe la finance pour redonner à la finance."
Dans le cortège, quelques manifestants étaient au courant de la proposition du Premier ministre grec Georges Papandréou d'organiser un référendum sur le plan de sauvetage proposé par l'UE à ce pays.
Pour Philippe Poutou, candidat du NPA à la présidentielle, c'est une "grande surprise, peut-être un calcul stratégique" du chef de gouvernement grec "pour sauver sa peau". "Il fait comme s'il était à l'écoute du peuple. La révolte du peuple grec met tous les gouvernements en Europe sous pression" et "ce n'est que le début d'un processus", a-t-il espéré.
François Bernacchi, vice-président d'Attac Pays d'Avignon, estimait que M. Papandréou montre "l'exemple qu'il est possible d'avoir une consultation démocratique".
Cette manifestation marquait le début d'un "sommet des peuples", fait de conférences-débats et organisé jusqu'à jeudi à Nice, en réponse au sommet du G20 prévu en fin de semaine à Cannes, dont le centre-ville est bouclé par un strict dispositif de sécurité, à 30 kilomètres de là.
Dans la matinée, trois Espagnols se revendiquant d'un mouvement "anarcho-punk" et en possession de piolets, ainsi que deux Belges munis de billes d'acier, ont été interpellés à Nice. Les trois premiers comparaîtront mercredi devant la justice, les deux Belges ont été relâchés.
Pour cette semaine à risques, 12.000 membres des forces de l'ordre sont déployés dans les Alpes-Maritimes. Les carabinieri italiens sont également mobilisés, contrôlant l'entrée de l'autoroute vers la France, et en force à Vintimille.
En juin 2010, des affrontements avaient éclaté à Toronto à l'occasion de protestations anti-G20 et en 2009, un passant était mort à Londres après avoir été frappé par un policier pendant des manifestations anti-G20. A Nice, une manifestation en marge d'un sommet consacré à l'élargissement de l'Union européenne en décembre 2000 avait dégénéré, faisant 24 blessés.