Le titre Crédit Agricole a plongé de 7,13% à 11,98 euros vendredi, signant la plus mauvaise performance des valeurs du SRD. La banque verte est lourdement sanctionnée par les investisseurs après un durcissement des recommandations du comité de Bâle publiées hier. Ce dernier envisage des normes plus strictes en matière de fonds propres.
Le comité a notamment décidé la mise en réserve d'une plus grande partie des bénéfices des établissements bancaires d'ici à 2012 dans le but de renforcer leurs fonds propres. Plusieurs brokers ont manifesté leur inquiétude sur le front du Crédit Agricole.
Bank of America-Merrill Lynch estime que les propositions du comité de Bâle, en l'état actuel des choses, risquent d'avoir un «impact majeur» sur la banque. Il pense toutefois que les banques, les régulateurs et les gouvernements devraient tenter d'y apporter des modifications. Etant donné les incertitudes qui pèsent sur le dossier, le broker a abaissé sa recommandation sur Crédit Agricole d'Acheter à Neutre et son objectif de cours de 20,50 euros à 15 euros.
Credit Suisse estime également que les propositions du comité de Bâle devraient pénaliser Crédit Agricole.
«La déduction des participations dans des institutions financières des fonds propres equity tier one est potentiellement une mauvaise nouvelle pour Natixis et Crédit Agricole en raison de leur structure spécifique qui permet à l'entité cotée d'avoir 20 à 25% du réseau de banque de détail», écrit-il.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Performances et stratégie
Chiffre d'affaires
- Au 30/06/2009, Produit Net Bancaire : 8 620 millions d'euros (+17,1%)
- Au 31/12/2008, Produit Net Bancaire : 15 956 millions d'euros (-4,8%)
Résultats
- Au 30/06/2009, résultat brut d'exploitation : 2 656 millions (x2,7 par rapport au second semestre 2008); résultat net part du groupe : 403 millions (-58,4%);
- Au 31/12/2008, résultat brut d'exploitation : 3 321 millions d'euros (-18%); résultat net part du groupe : 1 024 millions d'euros (contre 4 044 millions d'euros en 2007).
Prévisions
Pas de prévisions chiffrées.
Stratégie
Trois types de mesures ont été prises pour résister à la crise financière : (i) une augmentation de capital a été réalisée pour porter à un objectif cible de 8,5% le ratio de solvabilité « Tier 1 », (ii) le profil de risque de la banque de financement et d'investissement (Calyon) a été réduit en procédant à une revue systématique de son portefeuille (plan de recentrage et de développement pour la période 2008-2010);(iii) un processus de réduction des charges, en particulier des coûts fixes et des rémunérations variables.
Evènements financiers
- Le pacte reliant la banque à Generali concernant leur participation dans Intesa Sanpaolo a été gelé suite à un premier accord bloqué par les autorités italiennes. Generali et le Crédit Agricole détiennent respectivement 5,07% et 5,82% d'Intesa Sanpaolo. Les autorités italiennes estiment que le Crédit Agricole ne respecte pas son engagement de réduire sa participation à 2% cette année. Or le Crédit Agricole refuse de vendre à perte ses titres : la valeur de marché de sa participation a chuté de 3,6 milliards d'euros à 1,7 milliard d'euros entre fin 2007 et fin 2008. Intesa Sanpaolo court le risque d'une amende pouvant aller jusqu'à 5 milliards d'euros pour cet accord entre le Crédit Agricole et Generali. Le 14 janvier prochain, les autorités antitrust italiennes émettront leur décision dans ce dossier.
- BNP Paribas Investment Partners (BNP Paribas IP) est entré dans le capital de Fund Channel, jusqu'alors détenu intégralement par CAAM (Crédit Agricole Asset Management). Cette opération souligne la volonté des banques de nouer des partenariats dans la gestion d'actifs pour atteindre une taille critique en Europe et réaliser des économies d'échelle.
Forces et faiblesses de la société
Forces
- Fortes positions en France et en Europe dans la banque de détail;
- Très bonnes performances sur le premier semestre : un bon contrôle des coûts a notamment permis un bond spectaculaire du résultat brut d'exploitation, multiplié par 2,7 sur un an;
- Sur les six premiers mois de l'année, le pôle banque de financement et d'investissement qui génère le plus fort résultat d'exploitation du groupe, a vu cet indicateur progresser de 60%;
- Même s'il diminue à 0,45 euro par action du fait d'un profit net en baisse, le dividende versé sur les résultats 2008 représente un fort taux de distribution (97%);
- Son portefeuille d'activités est relativement équilibré ce qui limite les risques;
- Le groupe a confirmé sa solidité financière sur le premier semestre. Compte tenu notamment de la réduction du profil de risque de la Banque de financement et d'investissement, le ratio Tier 1 de Crédit Agricole S.A. s'établit à 9,2% et le Core Tier 1 à 8,6% à comparer à 8% au 1er janvier 2009.
Faiblesses
- L'agence Standard & Poor's a abaissé la perspective de la note de la banque à négative du fait de l'impact plus important que prévu de la récession économique mondiale sur l'activité de banque de détail;
- Sur le premier semestre, le pôle de gestion d'actifs, d'assurance & de banque privée, a subi un recul de 26% de son résultat d'exploitation sur un an;
- Le coût du risque a fortement augmenté sur la période : il a été multiplié par 2,7 par rapport au premier semestre 2008. Il est principalement concentré sur la banque de détail à l'international (540 millions d'euros) et en particulier sur Emporiki, sur les services financiers spécialisés (576 millions d'euros) et sur la banque de financement et d'investissement (552 millions d'euros).
La valeur et son secteur
Principales activités
Banque de proximité en France (24% du Produit net Bancaire); banque de détail à l'international (19%) ; services financiers spécialisés (crédit à la consommation) (19%); gestion d'actifs, assurance & banque privée (26%); banque d'investissement et de financement (12%).
Le secteur
Moody's maintient sa perspective « négative » sur les banques françaises. Même si elles ont bien mieux résisté à la crise que leurs concurrentes étrangères, notamment anglo-saxonnes, grâce à leur modèle de banque universelle, certaines faiblesses demeurent. La crise économique et la baisse consécutive de leurs revenus, combinée à un accroissement du risque, vont peser sur leur rentabilité. De plus, leurs ratios de fonds propres réglementaires sont inférieurs à ceux de leurs concurrents internationaux. L'adaptation devrait passer par une intégration accrue des métiers spécialisés. Cette tendance a été récemment soulignée par la fusion des filiales de gestion d'actifs de la Société Générale et du Crédit Agricole.
La valeur dans son secteur
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