Ericsson (+ 1,49% à 68 couronnes suédoises) de même que ses concurrents Alcatel-Lucent et Nokia font partie des rares valeurs européennes à échapper à la correction d'aujourd'hui. L'actualité de l'équipementier télécoms suédois est double. D'une part, HSBC a relevé sa recommandation de Neutre à Surpondérer et son objectif de cours de 80 à 84 couronnes suédoises. D'autre part, il a annoncé la suppression de 946 emplois en suède afin de réduire ses coûts pour être plus compétitif face à la concurrence.
Dans sa note sur Ericsson, HSBC souligne les contraintes de capacité auxquelles sont soumis les réseaux de téléphonie en raison de l'énorme demande de données (par opposition à la voix) des smartphones. Philippe Keryer, président du groupe opérateurs d'Alcatel-Lucent explique ainsi dans « Les Echos » d'aujourd'hui qu'un utilisateur d'iPhone peut consommer mille fois plus de bande passante que l'abonné mobile moyen. Les opérateurs télécoms vont donc être amenés à éviter d'investir dans leurs réseaux pour éviter leur saturation.
RBS juge pour sa part que les réseaux ne sont pas encore saturés et exclut une bulle spéculative majeure au cours des deux ou trois prochaines années au niveau des investissements. L'analyste anticipe plutôt un étalement des investissements sur une période plus longue. Il souligne par ailleurs que la compétition impitoyable des équipements chinois dans l'accès et des groupes informatiques dans le coeur de réseau met la pression sur les prix. Celle-ci devrait compenser pour l'essentiel les tendances positives en volume, explique-t-il.
En début novembre, l'opérateur Telenor a ainsi retenu le chinois Huawei dans l'accès et l'américain Starent, récemment racheté par Cisco, pour le coeur de réseau pour ses activités en Norvège. Selon Oddo, Ericsson avait auparavant près de 50% de part de marché dans l'accès et 100% du coeur de réseau chez l'opérateur en Norvège. « Suite à un contact avec Ericsson, nous comprenons que Huawei, mais aussi Starent, ont été particulièrement agressifs sur les prix », écrivait l'analyste à l'époque.
Dans ce contexte de vive concurrence, la compression des coûts est un élément essentiel de toute stratégie. Début novembre, Nokia Siemens Networks a ainsi annoncé une réorganisation visant à économiser plus d'un milliard d'euros par an et se traduisant par la suppression de 4500 à 5800 emplois. Il est rejoint aujourd'hui par son concurrent Ericsson. Les économies réalisées grâce à ces suppressions de postes n'ont cependant pas été quantifiées.
(C.J)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Après trois baisses trimestrielles consécutives, le cabinet IDC estime que le marché mondial des téléphones mobiles a progressé de 5,6% au troisième trimestre par rapport au trimestre précédent, avec 287,1 millions d'articles vendus. Néanmoins, sur un an, le marché chute de 6%. Dans un secteur qui reste encore convalescent, le leader mondial, Nokia, est le grand perdant : sur un an, sa part de marché globale a reculé de 38,6% à 37,8% au troisième trimestre. Le groupe finlandais a annoncé une baisse de 20% de son chiffre d'affaires trimestriel et une part de marché dans les smartphones qui s'est affaissée de 41% à 35% au troisième trimestre. Le marché des smartphones continue à représenter un vrai eldorado pour les fabricants, en bénéficiant d'un taux de croissance à deux chiffres. Si l'offre dans ce domaine était très limitée il y a quelques mois encore, et se limitait à l'iPhone d'Apple et au BlackBerry de la société RIM, les équipementiers misent de plus en plus sur ce créneau pour relancer leur développement. Pour certains, ces produits représentent même un enjeu vital : Motorola, qui n'a rencontré aucun succès depuis 2005, compte rebondir grâce aux lancements de deux smartphones avec clavier azerty et écran tactile, qui utilisent le système d'exploitation Androîd de Google.