Le Suédois Koenigsegg a annoncé mardi à la surprise générale avoir abandonné l'offre de rachat de son compatriote Saab à l'américain General Motors, invoquant des retards trop importants et coûteux dans le bouclage de la transaction.
L'annonce du fabricant de voitures de luxe, qui était allié au constructeur chinois BAIC, a relancé les doutes sur l'avenir de Saab, en grande difficulté et qui sort d'une période de restructuration judiciaire.
"Nous avons le regret, après six mois de travail intensif et déterminé, d'arriver à la conclusion difficile et douloureuse que nous ne serons pas en mesure de conclure l'acquisition de Saab Automobile", a déclaré le fondateur et PDG de la petite société suédoise, Christian von Koenigsegg.
Koenigsegg, qui avait annoncé son intention de reprendre Saab en juin, espérait initialement boucler l'opération en octobre, mais les retards se sont multipliés en raison notamment de problèmes de financement.
La société avait mis comme condition l'obtention d'un prêt de 400 millions d'euros de la Banque européenne d'investissement (BEI), qu'il voulait voir garanti par le gouvernement suédois.
Celui-ci, qui a continuellement répété qu'il ne souhaitait pas prendre de participation dans Saab, n'avait toujours pas pris de décision mardi sur une garantie publique du prêt de la BEI.
"La question du calendrier a toujours été essentielle pour notre stratégie visant à insuffler une nouvelle vie à l'entreprise. Malheureusement, les retards dans le bouclage de l'opération ont entraîné des risques et des incertitudes qui nous empêchent de mener à bien nos plans pour le nouveau Saab", souligne M. von Koenigsegg.
Koenigsegg, un confidentiel constructeur de bolides basé dans le sud de la Suède qui produit moins de 20 exemplaires par an, menait depuis l'été dernier un consortium d'investisseurs, parmi lesquels deux riches hommes d'affaires, l'américain Augie Fabela et le norvégien Baard Eker, décidé à reprendre Saab.
Il avait annoncé début septembre s'être allié au constructeur chinois BAIC pour racheter le suédois à General Motors (GM), désireux de s'en séparer avant la fin 2010.
GM s'est dit "déçu" par cet abandon et indiqué qu'une décision serait prise la semaine prochaine, tandis que Saab a fait part de sa "surprise".
"Vu le changement soudain de direction, nous allons évaluer la situation pendant les prochains jours et informerons des prochaines étapes la semaine prochaine", a déclaré le directeur général de GM Fritz Henderson.
Joint par l'AFP, le porte-parole de Saab Eric Geers a qualifié l'annonce de Koenigsegg de "surprise". "Nous savions bien sûr que le processus de séparation, de mise en place d'une solution était très compliqué", a-t-il dit.
Saab Automobile a périclité depuis 1990 durant les deux décennies passées dans le giron de GM avec des pertes chroniques et un vieillissement de sa gamme jadis réputée pour son avance technique. Il a vendu environ 93.000 voitures l'an dernier, un exercice durant lequel il a perdu 3 milliards de couronnes (290 millions d'euros).
Depuis le début de l'année, les ventes de Saab ont encore sombré de plus de 65%, plombées par les incertitudes quant à l'avenir de la marque.
Selon des médias suédois, Saab arrive actuellement à cours de liquidités.
Saab Automobile, distinct du groupe de défense Saab, emploie près de 3.500 personnes, en quasi-totalité à Trollhättan, dans le sud-ouest de la Suède.
GM a également été tout proche de vendre ses autres marques européennes Opel et Vauxhall, avant de se rétracter début novembre, un coup de théâtre qui a suscité un concert de protestations dans les pays concernés.