
La première banque allemande Deutsche Bank a annoncé mercredi l'acquisition pour un milliard d'euros du groupe privé luxembourgeois en difficulté Sal. Oppenheim, qui va ainsi perdre une indépendance vieille de 220 ans.
Grâce à cette acquisition, qui doit être finalisée au premier trimestre 2010, Deutsche Bank va considérablement renforcer ses activités de gestion de fortune, la spécialité de Sal. Oppenheim, pour devenir le numéro un allemand dans ce secteur.
La banque de Francfort (ouest) va presque doubler ses activités de gestion de patrimoine: au 30 juin 2009, Sal. Oppenheim gérait 135 milliards d'euros de fonds dans ce secteur, Deutsche Bank 171 milliards d'euros.
Cet achat "consolide largement notre activité de gestion de patrimoine en Europe, particulièrement en Allemagne", s'est félicité Josef Ackermann, le patron de Deutsche Bank, dans un communiqué. "C'est une excellente base pour la poursuite d'une croissance mondiale dans ce secteur", a-t-il ajouté.
De son côté le comte Matthias von Krockow, l'un des actionnaires familiaux de Sal. Oppenheim, s'est réjoui d'une "alliance forte" pour le bénéfice des clients de la banque privée, tout en maintenant sa "tradition".
"Les actifs de gestion de fortune de Sal. Oppenheim seront maintenus et étendus à l'avenir sous la marque de la banque privée et l'identité, les valeurs, la culture et la qualité du service de Sal. Oppenheim seront préservées", assure Deutsche Bank.
Les actionnaires familiaux de Sal. Oppenheim gardent une option sur une part de 20% maximum dans une filiale du groupe qui siège à Cologne (nord-ouest de l'Allemagne), poursuit le communiqué.
C'est la fin d'une ère pour Sal. Oppenheim, une banque fondée en 1789 à Bonn par Salomon Oppenheim, qui avait survécu aux guerres de la Révolution française et napoléoniennes, à la crise de 1929 et au régime nazi.
Mais sa situation financière s'est dramatiquement détériorée depuis l'an dernier, où elle avait subi une perte nette de 117 millions d'euros, la première depuis la fin de la Seconde Guerre mondiale.
Sal. Oppenheim a notamment particulièrement souffert d'investissements ratés, comme dans le groupe de tourisme et de distribution allemand Arcandor, en dépôt de bilan, ou dans l'immobilier.
Après l'échec d'un premier sauvetage en interne, les quelque 40 actionnaires familiaux ont fait appel par deux fois à Deutsche Bank, qui leur a fourni des crédits estimés à 650 millions d'euros, après que la banque francfortoise a fait part cet été de son intention d'entrer dans son capital.
En plus de l'intégralité de la holding luxembourgeoise, qui comprend également la BHF Bank, Deutsche Bank va aussi racheter des activités marginales de Sal. Oppenheim pour 300 millions supplémentaires, qu'elle prévoit de revendre par la suite.
En revanche les activités de banque d'investissement de Sal. Oppenheim n'intéressent pas Deutsche Bank, mais elle va participer aux discussions en cours concernant leur cession.
Sal. Oppenheim négocie toujours avec la banque australienne Macquarie à ce sujet, l'institut italien Mediobanca ayant jeté l'éponge.
D'autres propriétés de Sal. Oppenheim, comme le fonds immobilier Esch et la banque BHF devraient aussi à terme être cédées, estime la presse allemande.
La banque du Liechtenstein LGT a déjà fait part de son intérêt pour BHF par la voix de l'un de ses responsables, Roland Schubert, interrogé par le Handelsblatt paru mercredi.