Insensible à la correction en cours sur le marché parisien, Sanofi-Aventis s'adjuge 0,24% à 49,82 euros. Dans un ENVIRONNEMENT marqué par la remontée de l'aversion pour les risques, le titre du laboratoire pharmaceutique a toutes les raisons de séduire les investisseurs, commente Xavier de Vllepion, vendeur actions chez Global Equities. Outre l'impact positif de la rotation sectorielle vers les défensives, les bonnes nouvelles se succèdent pour Sanofi, souligne le broker : ventes massives de vaccins attendues, stratégie volontariste du P-DG et sous-valorisation du titre vis-à-vis du secteur.
A l'instar d'autres valeurs considérées comme "défensives" : Orpea (maisons de retraite) ou Carrefour (grande distribution), Sanofi-Aventis est soutenu par le regain d'intérêt des investisseurs pour des titres fondamentalement moins exposés que d'autres au cycle économique alors que l'ampleur de la reprise naissante aux Etats-Unis suscite l'inquiétude.
Dans un tel contexte, Sanofi-Aventis semble en mesure de résister encore mieux que d'autres à une éventuelle accélération de la correction des marchés actions. Ainsi, le groupe a annoncé hier le succès des tests pratiqués sur son vaccin monovalent contre la grippe A(H1N1) homologué aux Etats-Unis. Or, la commercialisation par Sanofi d'un tel vaccin permettrait au groupe d'accélérer ses ventes dans la mesure où les Etats semblent privilégier les vaccins mono-doses aux vaccins à double-doses.
Par ailleurs, les analystes jugent favorablement la stratégie du nouveau directeur général Chris Viehbacher de se renforcer dans les vaccins et la santé animale, deux activités qui dégagent une rentabilité à deux chiffres, note Xavier de Villepion.
En outre, dans une étude publiée hier, le courtier Raymond James a souligné la cohérence des récentes acquisitions du groupe français en recherche et développement (ophtalmologie et oncologie) avec l'objectif de Chris Viehbacher de ne sortir des domaines d'activité du groupe que pour des interventions ciblées et mesurées.
Enfin, ajoute le broker de Global Equities, l'action est sous-évaluée par rapport au secteur. Se négociant à peine 10 fois ses bénéfices estimés 2009 contre 13 fois pour le secteur, il est cohérent qu'elle attire les investisseurs désireux de se renforcer dans la pharmacie.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Numéro quatre mondial de la pharmacie, derrière Pfizer, GlaxoSmithKline, et Novartis, Sanofi-Aventis est né du rapprochement du français Sanofi-Synthelabo et du franco-allemand Aventis en 2004. Fort de près de 100 000 collaborateurs dans le monde, le groupe réalise un chiffre d'affaires consolidé de 27 milliards d'euros. Il développe 7 axes thérapeutiques majeurs : cardiovasculaire, thrombose, cancer, diabète, système nerveux central, médecine interne et vaccins.
Les points forts de la valeur
- Le groupe possède 8 médicaments qui réalisent plus d'un milliard d'euros de chiffre d'affaires (blockbusters).
- Le portefeuille de produits en développement est important.
- Sanofi a gagné le procès Plavix aux Etats-Unis. La protection du brevet est maintenue aux Etats-Unis jusqu'en novembre 2011.
- Le directeur général, Gérard Le Fur, dont le mandant courait en principe jusqu'en 2010 a été débarqué au profit de Chris Viehbacher, venu de GlaxoSmithKline, qui met en oeuvre une stratégie de "long terme".
- Sanofi-Aventis a acquis le fabricant de génériques tchèque Zentiva. Le rachat de Zentiva devrait permettre à Sanofi-Aventis de se renforcer sur le marché des génériques et d'augmenter sa présence dans les pays émergents d'Europe de l'Est à fort potentiel de croissance.
Les points faibles de la valeur
- Comme les autres valeurs du secteur, Sanofi est affecté par le durcissement des politiques de santé qui pèse sur les ventes de médicaments comme en France ou en Allemagne.
- Sanofi a abandonné complètement sa pilule anti-obésité Acomplia (rimonabant) en raison des effets secondaires psychiatriques du produit. L'enjeu financier autour de l'Acomplia était d'importance pour Sanofi-Aventis puisque le groupe attendait du rimonabant un chiffre d'affaires annuel pouvant aller jusqu'à 3 milliards d'euros.
Comment suivre la valeur
- D'une manière générale, les valeurs pharmaceutiques résistent en période de crise, et affichent à long terme des croissances soutenues (seulement 20% de la population mondiale a un accès normal aux médicaments, nombre de maladies ne sont pas encore traitées, et l'espérance de vie s'allonge rapidement).
- En outre, les valeurs pharmaceutiques sont sensibles aux évolutions réglementaires et aux décisions des autorités sanitaires (comme la FDA aux Etats-Unis). Plus particulièrement, il faut être attentif au chiffre d'affaires généré par chacun de ses produits et à la durée de vie de leurs brevets, et suivre les résultats des études cliniques pour identifier les médicaments à fort potentiel.
- Enfin, le titre présente un intérêt spéculatif, dans la mesure où le pacte d'actionnaires liant L'Oréal (10,5 % du capital) et Total (12,13 % du capital) est arrivé à échéance fin 2004. La cession des parts d'un de ces actionnaires de référence pourrait aussi provoquer un afflux de titres sur le marché.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Pharmacie - Santé
Le secteur de la santé animale attire les convoitises des groupes pharmaceutiques. Sanofi-Aventis, a racheté à l'américain Merck sa participation dans leur coentreprise Merial pour 4 milliards de dollars. Merial, est le numéro trois mondial du médicament vétérinaire, avec un chiffre d'affaires de 2,6 milliards de dollars en 2008. Il commercialise « Frontline », le leader des anti-puces et anti-tiques pour chiens et chats, avec des ventes avoisinant le milliard de dollars. Son autre produit phare est « Ivomec », un antiparasitaire destiné aux bovins, moutons et porcs. Le marché offre un certain nombre d'avantages aux laboratoires. valuée à 19,2 milliards de dollars dans le monde, la santé animale bénéficie d'une croissance bien supérieure à celle de la pharmacie traditionnelle. De plus, la concurrence des génériques y est pratiquement inexistante. Enfin, les prix de vente sont fixés librement par les industriels car les achats de ces produits ne sont pas remboursés par les autorités.