
Le patron de l'équipementier automobile allemand Continental, Karl-Thomas Neumann, a quitté mercredi ses fonctions et va être remplacé par un des hommes de son grand actionnaire Schaeffler, un remaniement censé apaiser les tensions entre les deux groupes.
"Le président du directoire Karl-Thomas Neumann quitte le directoire de Continental avec effet immédiat et d'un commun accord", selon un communiqué publié à l'issue d'une réunion du conseil de surveillance du groupe à Hanovre (nord).
Cette démission voulue par Schaeffler pour faciliter le rapprochement entre les deux groupes permet de placer l'un des cadres de Schaeffler, Elmar Degenhart, à la tête de Continental.
Par ailleurs le président du conseil de surveillance de Continental Rolf Koerfer s'est dit "prêt à renoncer" à son poste une fois que le remaniement du directoire sera complété et qu'un remplaçant lui sera trouvé. Il siègera néanmoins toujours au sein de l'organe de surveillance.
Ce remaniement au sommet est censé débloquer le processus d'union entre les deux équipementiers en panne depuis plusieurs mois. Tous deux sont en grande difficulté financière et sont très exposés à la crise du secteur automobile.
Schaeffler, qui était monté à 90% de Continental l'an dernier, n'en contrôle plus que 49% directement, ayant dû mettre en gage le reste de ses parts auprès de ses créanciers.
L'équipementier allemand Continental s'est doté mercredi d'un nouveau patron, un homme de compromis issu de son grand actionnaire Schaeffler, mais l'entente entre les deux groupes qui doivent s'unir reste incertaine.
Elmar Degenhart, 50 ans, qui a été nommé patron de Continental par le conseil de surveillance en remplacement de Karl-Thomas Neumann, est censé incarner la réconciliation entre deux entreprises qu'il connaît bien.

Il a commencé sa carrière chez Bosch puis chez le spécialiste de freins Teves, racheté par Continental en 1998. Il est resté dans le groupe jusqu'en 2003, avant de céder aux appels du pied de Schaeffler: il a alors pris les rênes de la division automobile, la perle de l'équipementier bavarois.
La presse allemande parle volontiers des "travaux d'Hercule" qui l'attendent. D'abord, effacer son image de protégé de Schaeffler auprès des syndicats de "Conti" pour désarmorcer les tensions. Fin juillet, ce sont en effet les représentants des salariés qui avaient fait échouer la première tentative de la famille Schaeffler de se débarrasser de M. Neumann.
Son habitude de consulter les différents avis avant de prendre une décision et sa réputation d'homme "posé, concret et réfléchi" selon un membre du comité d'entreprise de Continental interrogé par la Frankfurter Allgemeine Zeitung, devraient l'aider dans ce sens.
Il aura l'occasion de tester à loisir son sens de la médiation: trois cadres provenant directement de Continental l'entourent désormais dans le directoire. Et le directeur financier du groupe, qui doit être trouvé d'ici la fin septembre, ne proviendra d'aucun des deux groupes, a précisé Schaeffler dans un communiqué.
Quant au président du conseil de surveillance de Continental Rolf Koerfer, réputé proche de Schaeffler, il renoncera à son poste d'ici fin septembre, en attendant un successeur en provenance également de l'extérieur, mais restera au sein de l'organe de surveillance.
"Les décisions prises aujourd'hui ouvrent la voie à une coopération confiante entre les deux entreprises dans l'intérêt des clients", a estimé le gérant de Schaeffler Jürgen Geissinger dans un communiqué.
"Le temps de la discorde n'a pas fait du bien à l'entreprise", a déclaré dans un communiqué séparé Werner Bischoff, le représentant du syndicat des salariés de Continental IG BCE. "Nous devons regarder vers l'avant ensemble et de façon constructive".
Il y a en effet urgence pour Continental à trouver une solution financière. Le groupe a lancé une augmentation de capital pour 1,5 milliard d'euros maximum fin juillet -au grand dam de Schaeffler qui risque de voir ses parts diluées- et qui a renégocié ses échéances avec ses créanciers.
Continental est en effet endetté à hauteur de 11 milliards d'euros de dettes, notamment en raison d'anciennes acquisitions comme VDO de Siemens en 2007. Sa division Powertrain (hors pneumatiques) doit être assainie, et avec la crise économique qui frappe durement le secteur automobile, c'est l'ensemble de la stratégie du groupe qui doit s'adapter.
Or, celle-ci devra composer avec Schaeffler, bon gré mal gré. L'an dernier le rival bavarois était monté à 90% de Continental, mais il s'est beaucoup trop endetté pour réussir son acquisition, si bien qu'il a dû déposer 40% des parts en gage auprès de ses propres créanciers.