La première banque suisse UBS a annoncé mardi avoir réduit ses pertes au deuxième trimestre, mais lutte toujours contre l'hémorragie de capitaux, particulièrement sensible aux Etats-Unis, où l'établissement se débat dans une affaire de fraude fiscale.
"Les reflux de capitaux vont se poursuivre", a prévenu le directeur général Oswald Grübel, ajoutant qu'il était "peu probable de voir un rapide retournement de tendance".
Peu optimiste, le nouveau patron de l'établissement zurichois a affirmé qu'un retour au bénéfice allait "encore prendre un peu de temps".
"Je ne peux pas vous dire" quand le groupe va retourner au profit, mais UBS "avance à grands pas dans la bonne direction", a-t-il affirmé lors d'une conférence de presse.
Les sorties nettes de capitaux, qui mesurent la confiance des clients, s'avèrent bien plus problématiques que l'assainissement du bilan.
Le groupe a ainsi annoncé sans grande surprise une nouvelle perte nette de 1,4 milliard de francs suisses (916,5 millions d'euros), conforme aux prévisions des analystes, contre un résultat négatif de 1,975 milliard au premier trimestre.
Le produit d'exploitation, qui mesure l'activité de la banque, a augmenté de 16% par rapport au trimestre précédent à 5,8 milliards.
La banque d'affaires, principale responsable de la déconfiture de la banque dans les "sub-prime", a réduit ses pertes (avant impôts) à 1,8 milliard, contre 3,1 milliards au trimestre précédent.
La gestion d'actif a même réalisé un bénéfice de 82 millions, après une perte de 59 millions entre janvier et mars.
Mais la gestion de fortune, coeur de métier de la banque, a particulièrement souffert des démêlés judiciaires aux Etats-Unis, où UBS est poursuivi pour avoir aidé de riches américains à échapper au fisc.
Le bénéfice de la gestion de fortune au niveau international (hors Amériques) ainsi qu'en Suisse a ainsi reculé de 13% à 932 millions au deuxième trimestre. Tandis que la branche "Amériques" du secteur enregistre des pertes de 221 millions, contre 35 millions le trimestre précédent.
Bien que la banque soit en voie de trouver un accord définitif aux Etats-Unis, cet épisode pèse particulièrement sur la réputation de la banque.
"L'effet sera positif, lorsque cette affaire sera résolue", a estimé M. Grübel, admettant que pour l'heure la banque "souffre particulièrement aux Etats-Unis (de ce litige, ndlr) et de la perte de réputation".
Preuve de cette perte de confiance, les sorties nettes de capitaux ont augmenté à 39,5 milliards sur la période, bien au-dessus des estimations des analystes interrogés par l'agence AWP, qui tablaient sur des reflux de 28,2 milliards.
Ces retraits ont été particulièrement marqués aux Etats-Unis, deuxième région la plus importante après la Suisse en nombre de salariés. Les entrées nettes dans la gestion de fortune pour la région Amériques, après avoir été positives de 16,2 milliards, sont devenues négatives de 5,8 milliards.
La banque, qui a subi l'année dernière une perte abyssale de 20,9 milliards, a estimé que "la situation sur les marchés a connu une amélioration régulière au deuxième trimestre avec une augmentation du prix des actifs", mais s'est dit rester "dans l?ensemble prudent".
Le groupe a également augmenté son ratio de fonds propres, mesurant la solidité financière des banques, à 13,2%, contre 10,5% le trimestre précédent.
Les investisseurs ont mal accueilli ces annonces, le titre UBS reculant de 5,56% à 15,11 francs suisses, dans un marché en retrait de 0,87% à 10H26 GMT.