Le groupe automobile allemand Porsche a rejeté "l'ultimatum" fixé par Volkswagen pour une fusion des deux groupes, mais se dit prêt à discuter de ses propositions "en interne et non dans les manchettes de journaux", dans un communiqué publié samedi.
Selon l'hebdomadaire Der Spiegel à paraître lundi, le géant automobile Volkswagen a présenté à Porsche un projet de prise de participations croisées devant mener à terme à une fusion entre les deux groupes, et lui a fixé un ultimatum jusqu'à lundi pour l'accepter.
"Nous nous ne laissons pas rançonner. Cela n'aide personne", affirme le président du conseil de surveillance de Porsche, Wolfgang Porsche, dans ce communiqué.
Le projet du patron de VW Martin Winterkorn, des autorités du Land de Basse-Saxe (actionnaires de VW) et du co-propriétaire de Porsche Ferdinand Piech, fixe les modalités de participation croisée des deux constructeurs, et prévoit un mécanisme dans lequel l'émirat du Qatar détiendrait au final 15% du groupe fusionné, précise Der Spiegel.
"Nous espérons vivement que les auteurs de l'ultimatum vont retrouver le but commun ... et présenter leurs propositions dans des discussions internes et non par les manchettes des journaux. Nous sommes prêts à tout moment pour cela", déclare-t-il.
Les responsables de Volkswagen ont demandé à ceux de Porsche - le patron du groupe Wendelin Wiedeking et Wolfgang Porsche - de se prononcer d'ici à lundi 29 juin, écrit Der Spiegel.
Si Porsche rejetait ce montage, "il doit s'attendre à ce que VW lui réclame en septembre le remboursement du crédit de 700 millions d'euros qu'il lui avait accordé en mars", et le constructeur de voitures de sport, actuellement en grandes difficultés financières, ne "pourrait plus être sauvé" par le Qatar, commentait l'hebdomadaire avant publication du communiqué de Porsche.
Selon ce projet, VW achèterait 49,9% de la SA Porsche, qui resterait détenue à 50,1% par la "Porsche Holding" des familles Porsche et Piech. Cette dernière détient par ailleurs, en retour, 51% de VW. Au final, les familles Porsche et Piech détiendraient ainsi plus de 40% du nouveau groupe, la Basse-Saxe 20%, le Qatar 15% et "un autre fonds d'Etat" 5%.
Le patron de Porsche est en position très difficile depuis l'échec d'une prise de contrôle totale de VW, groupe beaucoup plus gros que lui, dont il détient déjà 51%. Très endettée, la famille propriétaire de Porsche a dû renoncer et opter pour une fusion des deux groupes.
Porsche a aussi demandé un crédit public de 1,75 milliard d'euros, que le gouvernement allemand se refuse pour l'instant à lui accorder.
Vendredi, Porsche a indiqué que les négociations avec le Qatar étaient proches d'aboutir.
L'émirat a indiqué vouloir prendre une participation dans le spécialiste des voitures de sport luxueuses, mais d'autres options sont aussi en discussion, notamment la reprise par le Qatar des options sur des actions Volkswagen détenues par Porsche.