"Présenter un bénéfice net est véritablement un exploit héroîque de la part de la direction de Dow Chemical", a commenté Michel Judd, un analyste du cabinet de conseil en stratégie Greenwich Consultants cité par l'agence AP. Le marché sait rendre hommage à ses héros : le titre du géant américain de la chimie s'envole de près de 18% à 15,94 dollars à Wall Street. Cette performance a été réalisée à la faveur de lourds sacrifices : vagues massives de suppressions d'emplois, fermetures d'usines... Et même baisse du dividende.
Dow Chemical a fait état jeudi d'une baisse de 97% de son bénéfice au premier trimestre 2009 en raison des charges liées à ses suppressions d'emplois et à une forte baisse de la demande. Le bénéfice net s'est établi à 24 millions de dollars, ou trois cents par action, contre 941 millions, ou 99 cents par action un an plus tôt. Hors charges exceptionnelles, le BPA ressort à 12 cents.
Mais Wall Street attendait bien pire. Les analystes interrogés par Thomson-Reuters tablaient en moyenne sur une perte, hors charges exceptionnelles, de 21 cents par action. D'autant que le chiffre d'affaires a accusé une baisse de 39% à 9,09 milliards de dollars contre un consensus de 11,69 milliards de dollars.
Le groupe chimique est frappé de plein fouet par le ralentissement économique et la dégradation de la demande.
"Nos résultats positifs dans un ENVIRONNEMENT de récession économique sont le résultat direct de NOS actions rapides entreprises pour réduire nos coûts et gérer avec discipline nos opérations", a commenté le PDG Andrew Liveris, cité dans un communiqué.
"Il y a certains signes de modération dans la dégradation de l'économie (...) Mais il est prudent de s'attendre à ce que 2009 soit une année de récession mondiale, et nous ne comptons pas sur une amélioration des conditions économiques à court terme", a-t-il ajouté.
"La raison principale de cette performance est le contrôle des dépenses, ce qui n'est pas une mauvaise chose dans cet environnement de crise", a déclaré à Bloomberg un analyste de HSBC basé à New York.
(P-J.L)
AOF - EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Produits de base - Chimie
L'UIC prévoit une baisse de la production chimique française similaire à celle de 2008 pour l'année 2009. Trois facteurs fragilisent les groupes chimiques européens. Une partie conséquente de leur clientèle (environ 20% des facturations), provient du secteur automobile, alors que ce dernier traverse une très grave crise. De plus, les acteurs de l'industrie sont fortement interdépendants. Les difficultés de certains groupes se répercutent donc inexorablement sur les autres. Selon certains experts, entre 20% et 60% des revenus sont issus de relations commerciales entre les acteurs du secteur. Enfin, l'endettement très lourd de certaines entreprises devrait les fragiliser alors qu'elles doivent supporter le coût financier de la mise en place du règlement européen Reach, concernant les substances dangereuses. Néanmoins l'évolution positive pour ces acteurs est la baisse du prix des matières premières qui tend à réduire leur facture énergétique.