Le titre Club Méditerranée s'envolait de 6,69% à 12,59 euros dans la matinée à la bourse de Paris, et figurait en bonne place parmi les plus fortes hausses du marché SRD. Les rumeurs d'une prise de participation par Bernard Tapie profitent au dossier, en dépit de déclarations contradictoires ce week-end. La rumeur est tout d'abord apparue samedi sur le site du Journal du Dimanche, avant d'être démentie par l'intéressé le jour même sur RTL. Il avait alors affirmé qu'un éventuel rachat du Club Med n'était «pas du tout dans (ses) projets».
Ce matin, nouveau changement de ton : Bernard Tapie, cité dans La Tribune, déclare que le Club Med est «un dossier séduisant, qui correspond bien à (son) image créative, artistique et sportive». Il ajoute que les actionnaires Accor et Richelieu Finance, qui détiennent respectivement 6% et 5% du capital, souhaitent se défaire de leurs participations.
L'homme d'affaires, qui devrait toucher 285 millions d'euros suite au règlement du litige qui l'a opposé au Crédit Lyonnais, s'est engagé à dévoiler ses intentions sur le Club Méditerranée sous deux mois. Mesuré, M. Tapie a déclaré souhaiter rester «prudent» sur ce dossier, alors qu'il estime que le groupe est actuellement en «perte de vitesse».
Club Med, qui peine à assurer la rénovation de ses villages, a récemment annoncé la fermeture de plusieurs villages en 2009, dont celui de Bora Bora (Polynésie française).
L'impact de l'intérêt de Bernard Tapie sur le titre Club Méditerranée est d'autant plus frappant qu'il semble contrebalancer l'influence baissière de l'épidémie de grippe porcine, qui touche les secteurs du transport et du tourisme.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
Club Méditerranée est spécialisé dans l'exploitation de centres de vacances et l'organisation de voyages. Premier groupe touristique français et leader mondial de la formule de vacances tout compris, il compte 80 villages, répartis sur les cinq continents, et un bateau de croisière. Le groupe intervient également dans le tour operating (Jet tours, Forum voyages) et dans le domaine des loisirs au sens large, avec notamment Club Med Gym.
Les points forts de la valeur
- La notoriété de la marque est extrêmement forte et les actifs sont de qualité.
- Dans un ENVIRONNEMENT touristique difficile, le groupe a pris les mesures qui s'imposent pour redresser sa rentabilité : fermeture de villages non rentables, baisse de son exposition aux zones difficiles et réductions d'effectifs.
- Son repositionnement sur le marché haut de gamme (trois et quatre tridents), plus rentable, est positif. Avec plus de 95% de ses villages en 3 et 4 tridents fin 2006, l'essentiel de la restructuration du parc immobilier est accompli.
- Dans le cadre de sa stratégie de positionnement sur le voyage haut de gamme, Jet tours, filiale du Club Méditerranée,a pris le contrôle à 100% du spécialiste des îles Austral Lagons. Austral Lagons a enregistré une croissance de son chiffre d'affaires de 43% en 2005 et 24% en 2006. Jet tours voit un potentiel de croissance rapide sur les prochaines années.
Les points faibles de la valeur
- Club Méditerranée est pénalisé par sa taille modeste, comparée à celle de ses concurrents.
- Le groupe souffre d'un niveau de rentabilité encore insuffisant, en particulier sur la zone Amérique, toujours en perte en 2006.
- En 2006, dans le cadre de sa stratégie de recentrage, Accor a cédé l'essentiel de sa participation au capital du Club Mediterranée, soit 22,9% (sur les 28,9% détenus), amoindrissant ainsi la prime spéculative du titre liée aux anticipations de rachat par Accor.
Comment suivre la valeur
- Spécialiste des loisirs, l'évolution du titre Club Méditerranée est sensible au moral des ménages, et au tourisme international. L'évolution du niveau des réservations est à suivre.
- Le groupe subit aussi l'incidence des variations climatiques.
- Le Club Med continue sa stratégie immobilière qui lui permet de refinancer ces villages à des conditions attractives. Le group cède en effet ses murs et met en place des contrats de location.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Hotellerie et loisirs
L'OMT estime qu'avec la crise économique le nombre de touristes dans le monde devrait reculer de 2% cette année. Elle n'exclut pas un recul encore plus important ce qui constituerait une récession sans précédent pour le secteur. Il s'agit de la première baisse du nombre de touristes depuis 2003, année du déclenchement de la guerre en Irak, et du virus SRAS en Asie. Cette année-là, le secteur mondial avait affiché une activité en retrait de 1,3%. Le tourisme en Asie-Pacifique, en Afrique et au Proche-Orient devrait poursuivre sa progression. Par contre, en 2009, l'Europe sera la région la plus touchée par cette récession. Pour réagir à cette situation, la France, l'Italie et l'Espagne, habituellement en concurrence pour attirer les visiteurs, ont conclu un accord pour développer des séjours thématiques à destination des touristes russes, indiens, chinois et sud-américains. En Italie (qui attire 44 millions de touristes par an), les acteurs du secteur ont demandé une aide au gouvernement. En Espagne, le nombre de touriste a décliné de 2,6% à 57,4 millions l'an passé.