GDF Suez a chuté de 4,41% à 23,28 euros jeudi, victime de l'avis négatif de la Société Générale qui a dégradé sa recommandation de Conserver à Vendre. Le bureau d'études considère la valorisation trop élevée malgré le potentiel de croissance de l'activité. Selon le broker, la crise économique ne ralentit pas seulement le processus de dérégulation des tarifs en France mais fait aussi pression sur les activités du groupe sur ses autres marchés, installe une ombre sur le financement de sa croissance et sur sa capacité à dégager réellement les profits annoncés lors de la fusion.
Le même jour, GDF Suez, dont le titre sous-performe nettement le CAC 40 depuis le début de l'année (-32% depuis le 1er janvier, - 7,6% pour le CAC 40) s'est voulu rassurant. Au cours d'un séminaire de presse, le géant de l'énergie s'est estimé "protégé contre une récession brutale" en raison de ses contrats à long terme, qui bénéficient pour la plupart d'une garantie d'Etat.
Sans surprise, le groupe a par ailleurs réitéré son intérêt pour le nucléaire. Il a indiqué qu'il comptait "jouer un rôle" dans le renouveau de cette énergie aux Etats-Unis. En Grande-Bretagne, GDF Suez entend développer un ou deux EPR d'ici 2020.
AOF - EN SAVOIR PLUS
Activité de la société
GDF Suez est issue de la fusion réalisée le 22 juillet 2008, après deux ans et demi de longues fiançailles, entre Gaz de France et Suez. Le groupe présidé par Gérard Mestrallet, secondé par Jean-François Cirelli, constitue le leader européen dans le secteur de l'électricité et du gaz en termes de chiffre d'affaires : 74,3 milliards d'euros en 2007, contre 69 milliards pour E.ON et 60 milliards pour EDF. Le groupe compte 196 500 collaborateurs. Coté à Bruxelles, Luxembourg et Paris, GDF SUEZ est représenté dans les principaux indices internationaux : CAC 40, BEL 20, DJ Stoxx 50, DJ euro Stoxx 50, Euronext 100, FTSE Eurotop 100, msci Europe et ASPI Eurozone.L'Etat français est le premier actionnaire du groupe avec 35,7% du capital devant le Groupe Bruxelles Lambert (5,3% du capital).La capitalisation boursière de GDF Suez au moment de sa première cotation (96 milliards d'euros) lui garantissait la deuxième place du CAC 40 derrière Total mais devant EDF.
Les points forts de la valeur
-GDF Suez bénéficie de perspectives de croissance intéressantes sur un marché porteur et bénéficie d'une structure financière saine.
- Selon les investisseurs, le groupe incarne une stratégie énergétique gagnante bâtie sur la convergence du gaz et de l'électricité.
- La fusion devrait permettre à la société dé dégager à terme 1 milliard d'euros d'économie par an.
-La fusion permet à GDF Suez de prendre du poids dans certains grands indices boursiers, ce qui entraîne l'achat du titre par les fonds dont la gestion réplique la composition de ces indices.
-Un ambitieux programme d'investissement -10 milliards d'euros par an- afin d'atteindre les 100 gigawatts se capacités électriques installées.
Les points faibles de la valeur
-Le positionnement domestique de GDF le rend vulnérable aux tendances de l'activité économique française.
- La tarification de GDF est pour l'instant toujours régulée et dépend des décisions de l'Etat. Or, le groupe achète la vaste majorité du gaz qu'il vend et toute hausse de ses coûts d'approvisionnement non répercutée dans ses prix de vente ampute ses profits. Et, le prix du gaz est indexé sur le prix du pétrole.
Comment suivre la valeur
- Pour les analystes, le nouvel ensemble GDF-Suez offre une action intéressante. GDF-Suez combine en effet une croissance à deux chiffres des résultats, des multiples inférieurs à ceux du secteur, un faible taux d'endettement et un Ebitda qui s'appuie à près d'un tiers sur des activités réglementées et donc peu risquées.
- La perspective que les tarifs réglementés du gaz deviennent inférieurs aux prix du marché effraie régulièrement les investisseurs. Les hausses de prix du gaz décidées par l'Etat sont donc à surveiller.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Services aux collectivités
La concurrence est rude dans le secteur des services aux collectivités : du côté des énergéticiens, alors que GDF-Suez affiche ses ambitions dans le nucléaire en France, EDF a annoncé le rachat de plusieurs champs de gaz naturel situés en Mer du Nord britannique. Cette opération souligne les ambitions de l'électricien car c'est la première fois qu'il acquiert directement un actif gazier. Quant à Suez Environnement, il a déclaré la guerre à Veolia alors que le Syndicat des eaux d'Ile-de-France (Sedif) a récemment voté qu'il continuerait de recourir à un opérateur privé pour gérer ses eaux potables. C'est le renouvellement du plus gros contrat de délégation d'eau en Europe, marché de plus de 350 millions d'euros par an, qui est en jeu. GDF Suez et Suez Environnement ont informé par courrier les maires des 144 communes membres du Sedif de leur candidature à l'appel d'offres en préparation. En insistant ainsi sur l'importance de la concurrence dans le traitement des eaux, le groupe tente d'éviter de se faire écarter par Veolia Environnement qui détient le contrat depuis 1962 et jusqu'à fin 2010. Au contraire, la Ville de Paris a décidé, fin novembre, de créer un établissement public unique, la régie Eau de Paris, qui contrôlera l'ensemble de la chaîne d'eau potable de la capitale.