
Plombé par la crise qui oblige les entreprises à serrer leur budget, Dassault Aviation, constructeur des jets d'affaires Falcon et employeur de 8.200 personnes en France, envisage des mesures de chômage technique dès septembre.
La direction de l'avionneur a informé mercredi en comité central d'entreprise ses salariés de cette possibilité "selon les besoins et les établissements".
C'est la première fois depuis la dernière grande crise du secteur fin 1990-début 1991 que Dassault Aviation envisage de telles mesures, selon un porte-parole du groupe. A l'époque, l'entreprise avait réduit ses effectifs et fermé des usines, sans toutefois procéder à des licenciements secs.
Après avoir vécu une période faste ces dernières années, les fabricants de jets du monde entier voient la demande se tarir. Le ralentissement économique a touché de plein fouet des clients affectionnant particulièrement les déplacements en avion, tels les banquiers et les cadres automobiles.
Au cours du premier trimestre de 2009, Dassault Aviation a enregistré plus d'annulations que de commandes de Falcon, soit un solde négatif de 27 avions, contre un positif de 28 sur la même période 2008.
"Des clients prestigieux comme la banque américaine Citigroup, Royal Bank of Scotland et l'assureur américain AIG sont aujourd'hui des damnés dont les commandes ne valent plus rien", expliquait le 19 mars dernier son patron, Charles Edelstenne.
Un avion d'affaires coûtant plusieurs millions de dollars, est rarement payé comptant. Et avec le crédit devenu rare et cher, cette dépense passe désormais au second plan des besoins des entreprises.
Avant de décider de chômage technique, la direction de Dassault Aviation demande à ses salariés de prendre "la totalité de leurs jours de congé le plus tôt possible" et a déplacé une semaine de RTT en juin, alors que cette dernière devait normalement être prise à Noël, selon un syndicat.
Le groupe a également confirmé le gel des embauches en production et l'arrêt de l'intérim.
Ces décisions paraissent encore légères comparé à celles prises par les rivaux de Dassault Outre-Atlantique, tel le canadien Bombardier, fabricant des avions Learjet et Challenger, qui a récemment annoncé des suppressions d'emplois dans sa branche aéronautique équivalent à 10% des effectifs du groupe.
Dassault Aviation a aussi annoncé qu'il allait ralentir cette année sa production de jets, sans préciser toutefois de combien seraient abaissées les cadences. Il avait déjà annoncé le 5 février dernier une baisse de la fabrication à 8 jets par mois, contre 9 auparavant.
Il y a un peu moins d'un mois, M. Edelstenne avait craint qu'il y ait plus d'annulations que de commandes de jets d'affaires en 2009.
"Je serais fou de joie" si le groupe enregistrait autant de commandes que d'annulations de Falcon en 2009, avait-il expliqué, tout en ajoutant avoir le sentiment que ce serait "pire que ça".
Le malaise de l'aviation d'affaires --qui représentait en 2008 79% des prises de commandes consolidées-- accroît la nécessité pour Dassault Aviation d'exporter son avion de combat Rafale, ce qu'il n'a pour l'instant jamais réussi à faire.
Parmi les pays intéressés, les Emirats Arabes Unis et la Suisse seraient ceux qui pourraient passer commandes le plus vite.