La société d'investissement Wendel s'est refusée jeudi à confirmer ses objectifs pour 2012, après avoir annoncé un bénéfice net divisé par 5,5 en 2008 en raison d'importantes dépréciations d'actifs et d'un montant de cessions moindre que celui dégagé en 2007.
Face à la crise économique, le groupe n'a pas non plus dévoilé de prévisions chiffrées pour 2009.
Son bénéfice net a reculé à 158 millions d'euros en 2008, contre 879 millions en 2007, en raison de dépréciations d'actifs "liées à l'application des normes IFRS" de 555 millions qui ont créé une perte non récurrente de 292 millions, contre un bénéfice de 486 millions en 2007, a-t-il précisé dans un communiqué.
Il a en outre pâti d'un montant de cessions inférieur à celui de 2007, exercice qui avait profité d'une plus-value de 786 millions liée à l'introduction en Bourse de Bureau Veritas, numéro deux mondial de la certification et de l'inspection.
Le président du directoire Jean-Bernard Lafonta, dont la gestion était de plus en plus contestée par des actionnaires familiaux, a par ailleurs confirmé sa décision de démissionner de ses fonctions, dans "l'intérêt de l'entreprise".
Lors d'une conférence téléphonique, il a assuré qu'il n'avait demandé "aucune indemnité de départ".
Mercredi soir, il avait annoncé à l'AFP qu'il serait remplacé par Frédéric Lemoine, président du conseil de surveillance d'Areva, déjà au conseil de Wendel. Celui-ci devrait être confirmé lors d'un conseil tenu "d'ici le 15 avril".
M. Lafonta s'est en outre refusé à confirmer les objectifs de la société d'investissement pour 2012. "Dans le contexte actuel, nous ne nous projetons pas à quatre ans", a-t-il déclaré, arguant d'une "visibilité très faible".
Les objectifs pour la période 2006-2012 visaient un doublement de la valeur de l'actif net réévalué (ANR), une augmentation du dividende de 15% par an en moyenne, l'investissement de 2 milliards d'euros pour le développement des filiales, et de 3 milliards dans d'autres sociétés, cotées ou non, françaises ou étrangères.
Jeudi, le groupe a seulement dit vouloir "se focaliser sur des objectifs opérationnels pour 2009 et 2010", notamment "renforcer le potentiel de rebond des filiales" et "poursuivre la création de valeur par des arbitrages sur la dette".
Il entend aussi "maintenir une position de liquidité importante", qui constitue selon lui une "protection élevée dans un premier temps contre les risques de marché" et qui permet de "saisir les opportunités (d'acquisitions, ndlr) en bas de cycle".
Face à la crise, il a prévenu qu'il comptait "amplifier" les "plans d'adaptation" de ses sociétés, sans plus de précisions. Les mesures d'économies cumulées se montent à ce jour pour 2009 à "plus de 1,5 milliard", après 1,3 milliard en 2008.
M. Lafonta a indiqué que Wendel négociait avec les banques pour "trouver un flux de financement supplémentaire" pour ses filiales industrielles Stahl et Materis, dont les résultats ont reculé en 2008.
Wendel a précisé que les dépréciations d'actifs étaient liées à "l'application des normes IFRS".
Le chiffre d'affaires 2008, dévoilé mercredi soir par M. Lafonta, a augmenté de 15% à 5,142 milliards.
Le "résultat net des activités", indicateur privilégié par Wendel pour mesurer la performance des sociétés dont il est actionnaire, a progressé de 10% à 395 millions. Il a augmenté chez Bureau Veritas, Legrand (matériel électrique), Stallergènes (laboratoire), et chez les groupes industriels Deutsch et Oranje-Nassau, mais a reculé chez Materis et Stahl.