Havas bondit de 9,30% à 1,41 euro, porté par des résultats annuels supérieurs aux attentes. "Cette publication permet au groupe de se situer parmi les meilleurs du secteur en termes de croissance organique, devant Publicis et WPP et juste derrière Aegis", a commenté Exane. Le broker salue la forte réduction de la dette (-65%) liée la robustesse du cash flow. L'analyste a relevé ses estimations de résultats 2009-2010. Natixis a également relevé ses prévisions mais abaissé son objectif de cours à 1,6 euro en raison de la hausse de la prime de risque.
Havas a donc annoncé hier soir un bénéfice net de 104 millions d'euros pour 2008, en hausse de 25%, légèrement supérieur aux attentes. Le chiffre d'affaires s'est élevé à 1,568 milliard d'euros, en progression de 2,3%, sur la même période. Les analystes tablaient sur un bénéfice de 100 millions d'euros et un chiffre d'affaires de 1,56 milliard d'euros. La croissance organique des revenus a atteint 4,7%, en ligne avec son objectif de 4,5-5%. Le new business s'élève à 1,6 milliard d'euros en 2008.
Sur l'année pleine, le résultat opérationnel a progressé de 12,5% pour atteindre 189 millions d'euros, soit dix millions de mieux que le consensus. La marge opérationnelle 2008, que le groupe attendait entre 11% et 12%, s'est élevée à 12,1%. Havas a annoncé le maintien de son dividende à 4 centimes pour l'exercice 2008.
Les bons résultats du groupe lui ont permis de renforcer sa structure financière. Au 31 décembre 2008, la dette nette ressortait à 79 millions d'euros contre 226 millions au 31 décembre 2007, soit une réduction de 65%. A cette date, le ratio de gearing (dette/fond propres) était de 8%.
Le groupe n'a pas formulé de prévisions pour 2009. Interrogé en conférence de presse, Vincent Bolloré, son président et principal actionnaire, a voulu rassurer en indiquant que son groupe avait continué à générer de la trésorerie en janvier et février.
Evoquant le risque qui pèse sur le titre en 2009, Natixis a pourtant réduit son objectif de cours sur Havas de 1,75 à 1,60 euro tout en réitérant sa recommandation renforcer. Pour la même raison, la Société Générale a confirmé sa recommandation Conserver et son objectif de cours de 1,70 euro.
Enfin, Exane BNP Paribas a maintenu son opinion de Sous-performance, dans l'attente d'informations supplémentaires du management sur la façon avec laquelle il envisage d'affronter la crise.
(P-J.L)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Havas est l'un des leaders mondiaux du conseil en communication. Basé à Paris, Havas dispose de deux réseaux principaux : euro RSCG Worldwide (62% des revenus), réseau de communication intégrée dans l'ensemble des disciplines, et Havas Media (25% des revenus), réseau d'expertise médias. Par ailleurs, Havas possède plusieurs agences créatrices indépendantes telles que Arnold, McKinney...
Le groupe offre une gamme complète de services de conseil en communication, comprenant : la publicité traditionnelle, le marketing direct, le média planning et l'achat médias, la communication d'entreprise, la promotion des ventes, la conception, les ressources humaines, le marketing sportif, la communication interactive multimédia et les relations publiques. Le revenu du groupe se répartit entre l'Europe qui totalise 57% du revenu, l'Amérique du Nord, 33%, et le reste du monde, 10%.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Havas est un des leaders mondiaux dans les services marketing.
- Le groupe bénéficie de positions importantes en Europe.
- Le titre revêt un aspect spéculatif. Vincent Bolloré détient plus de 30% du capital d'Havas. En outre, il contrôle près de 30% des droits de vote du groupe britannique Aegis, le premier réseau européen d'achats d'espaces, alors qu'Havas est considéré comme sous dimensionné dans ce domaine.
Les points faibles de la valeur
- Le groupe ne dispose que d'un seul réseau de taille mondiale (EuroRSCG) quand ses concurrents en ont trois, voire quatre.
- Le portefeuille d'Havas manque de grands clients internationaux, ce qui rend le groupe plus dépendant des marchés locaux, les premiers touchés en cas de crise.
- Les performances d'Havas restent inférieures à celles de ses concurrents en termes de rentabilité opérationnelle. En outre, la visibilité sur le redressement de ses marges reste faible.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le groupe est dépendant de l'évolution du marché mondial de la publicité, qui est étroitement liée à la conjoncture économique.
- A noter que le poste Revenu est plus significatif que le poste chiffre d'affaires dans le secteur de la publicité. Il faut également surveiller le "new business net" qui correspond au budget publicitaire annuel estimé des gains de budgets (ce qui inclut à la fois les nouveaux clients, les clients conservés après remise en compétition du budget, et les nouveaux produits ou marques gagnés auprès des clients actuels) moins le budget publicitaire annuel estimé des pertes de budgets.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Communication - Publicité
Du fait de la crise financière, la plupart des spécialistes ont revu à la baisse leurs prévisions de dépenses publicitaires 2008, malgré les JO de Pékin et les élections américaines. La société d'études ZenithOptimedia, filiale du groupe Publicis, a ainsi ramené ses prévisions de croissance de 4% à 2% pour 2008. Cela représenterait un net ralentissement comparé aux taux de croissance des années précédentes qui s'élevaient à 6,8% en 2006 et 6,2% en 2007. Pour l'année prochaine, les experts s'accordent à penser que le marché mondial va légèrement reculer. L'agence de conseils médias GroupM, filiale du groupe publicitaire WPP, et ZenithOptimedia ont, toutes deux, chiffré ce recul à 0,2%. Il s'agirait de la première baisse du marché depuis celle de 3% enregistrée en 2001. C'est aux Etats-Unis que la tendance sera la plus marquée avec une chute de 6,2%. En Europe de l'Ouest, les investissements seront également en baisse de 1%. La reprise devrait se produire dès 2010. ZenithOptimedia attend une progression de 5,5% en 2010 et de 5,8% en 2011.