Alcatel-Lucent (+ 5,60% à 1,55 euro) domine le palmarès des hausses de l'indice CAC 40. Derrière le brouillard des lourdes pertes dues à d'importantes dépréciations, l'équipementier télécoms a réalisé une performance opérationnelle satisfaisante au quatrième trimestre. Malgré ces dépréciations, le directeur financier du groupe ne pense pas qu'une augmentation de capital soit nécessaire, rapporte Reuters. L'annonce du déficit des engagements de retraite a cependant constitué une mauvaise surprise.
Au quatrième trimestre, Alcatel-Lucent a essuyé une perte nette de 3,892 milliards d'euros après avoir enregistré une dépréciation de goodwill et d'actifs incorporels de 3,910 milliards d'euros. Cette dépréciation reflète des « hypothèses de croissance plus conservatrices pour le marché des télécoms » en 2009 » et « la décision du groupe de rationaliser le portefeuille de l'entreprise. En 2008, le groupe aura perdu 5,2 milliards d'euros.
Sur les trois derniers mois de 2008, le résultat d'exploitation ajusté s'est élevé à 297 millions d'euros, soit légèrement mieux que le consensus Reuters de 264 millions d'euros. Il a représenté 6% du chiffre d'affaires qui est ressorti à 4,954 milliards d'euros, en baisse de 7,5%, à taux de change constant. Les analystes interrogés par Reuters visaient en moyenne 4,916 milliards d'euros de ventes.
Sur cette période, Alcatel-Lucent a généré une trésorerie opérationnelle de 658 millions d'euros, ce qui lui permet de disposer de 4,6 milliards de trésorerie et de valeurs mobilières de placement. Il bénéficie aussi d'une ligne de crédit disponible de 1,4 milliard d'euros. Le groupe juge "adéquate" sa trésorerie.
Commentant cette publication, Ben Verwaayen, directeur général du groupe a déclaré « Au quatrième trimestre, nous avons fait ce que nous avions dit que nous ferions. Notre performance opérationnelle est encourageante : nous avons atteint NOS objectifs de revenus, de marge opérationnelle et de trésorerie».
Côté perspectives, Alcatel-Lucent a réaffirmé ses prévisions pour l'année 2009. Il prévoit une baisse du marché des équipements de télécommunications et des services de déploiement associés de 8% à 12% à taux de change constant. Dans ce contexte, le résultat d'exploitation ajusté devrait être proche de l'équilibre.
Enfin, Alcatel-Lucent a précisé que la couverture financière des retraites et des régimes de prévoyance affichait un déficit de 429 millions d'euros à la fin de l'année 2008, contre un excédent de 2,997 milliards d'euros à fin septembre. « Cette évolution est liée à une chute brutale à la fin de l'année des taux de rendement des obligations AA qui servent à calculer la valeur actualisée des engagements », a expliqué l'équipementier télécoms. Ce dernier groupe n'anticipe cependant pas de contribution supplémentaire jusqu'en 2010 inclus.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Alcatel-Lucent est devenu le leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Le groupe propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier de fournir aux utilisateurs finaux, des services de communications voix, données et vidéo. Plus de 70% du chiffre d'affaires provient des réseaux d'opérateurs, dont 47% dans les technologies d'accès mobile, 41% dans les réseaux fixes et 12% dans les solutions de convergence. Le groupe est présent de façon homogène en Europe (33%), en Amérique du Nord (32%) ainsi qu'en Asie (17%) et dans le reste du monde (18%).
En septembre 2008, Philippe Camus a été nommé au poste de président non exécutif et Ben Verwaayen à celui de directeur général. Ils remplacent respectivement Serge Tchuruk et Patricia Russo.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout.
- La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques.
- Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché.
- L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition.
- Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse.
- La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements.
- Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision.
- Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Gartner estime que les ventes de mobiles (en volumes) ont augmenté de seulement 5% au troisième trimestre, ce qui est une bien piètre performance pour un marché qui a triplé en volume depuis le début de la décennie. C'est pourquoi la société d'études a revu à la baisse ses prévisions pour l'année 2008. Le marché ne devrait progresser en valeur que de 4% cette année, deux fois moins vite que ce qui était prévu, pour atteindre environ 190 milliards de dollars. Les perspectives 2009 sont beaucoup plus sombres puisque le marché devrait légèrement décroître (entre 1% et 5%) en volumes, pour la première fois depuis 2001. Certains analystes, plus pessimistes, anticipent même un effondrement des ventes de 9%.