(AOF / Funds) -
Des encours qui chutent en 2008
La baisse des encours en opcvm de droit français ressort à - 155 milliards d'euros pour 2008, selon EuroPerformance, soit un encours global de 766 milliards d'euros, contre 922 milliards d'euros en 2007. Tandis que la précédente crise sur les valeurs technologiques avait connu un tassement de la collecte sur les OPCVM en actions, celle du crédit s'est en plus assortie d'un mouvement de décollecte nette. Les rachats ont ainsi atteint 38,5 milliards d'euros en 2008, contre 36,7 milliards d'euros l'an passé. C'est toutefois l'effet performance des marchés qui a pesé le plus, expliquant 80 % de la chute des encours.
Les meilleures collectes en 2008
Les OPCVM de trésorerie et les ETF en tête
En 2008, les encours en gestion d'actifs ont été ramenés à 766 milliards d'euros au mois de décembre, soit une baisse de 17 %, sans compter les rachats de décembre effectués en gestion alternative.
Depuis le déclenchement de la crise en août 2007, la gestion collective a vu disparaître près de 260 milliards d'euros d'encours. La répartition des encours, selon les classes d'actifs, a été profondément modifiée par la crise. Ainsi, les produits de trésorerie ont fortement progressé et représentent maintenant presque la moitié des encours, au détriment des actions et des produits diversifiés.
Face à la débâcle des marchés, les investisseurs ont préféré se reporter, pour les poches actions, sur les ETF, moins onéreux et surtout plus transparents. La collecte nette sur ce type de produit s'est élevée à 13 milliards d'euros, soit un record. «Dans un contexte d'extrême volatilité des marchés, la grande flexibilité de ces produits est leur atout : les gérants peuvent les utiliser afin de pourvoir rapidement à des demandes rachats», commente Europerformance-SIX Telekurs dans son étude.
Les OPCVM de trésorerie ressortent comme les principaux gagnants de la crise. Ils représentaient déjà 41 % en termes de parts de marché en 2007 et ont grimpé jusqu'à 46 % en 2008. A l'intérieur de cette catégorie, ce sont les OPCVM de trésorerie régulière qui progressent le plus. Ils bénéficient à plein de la montée de l'aversion au risque des investisseurs institutionnels et de la prime accordée
à la liquidité.
Les réseaux
En 2008, l'aversion des investisseurs s'est portée sur les actifs à risque, au profit de ceux moins risqués. Les gérants d'actifs des grands réseaux, qui disposent d'une gamme de produits large et diversifiée, ont pu amortir les rachats des investisseurs intervenus sur des supports risqués, en les dirigeant sur des placements d'attente moins risqués, majoritairement des fonds de trésorerie. Les grands réseaux font ainsi partie des gagnants de la collecte en 2008. Parmi les dix meilleures collectes, BNP Paribas arrive en tête avec 7 milliards d'euros, collectés en grande majorité sur des produits de taux. Vient ensuite La Banque Postale, avec 4,9 milliards d'euros supplémentaires, ce qui lui permet de doubler ses encours en fonds de trésorerie. CM-CIC Asset Management arrive pour sa part en troisième position, avec une collecte de 2,6 milliards d'euros, essentiellement sur des produits non risqués.
Les spécialistes/=
Parmi les spécialistes, les grands gagnants de 2008 sont les enseignes qui ont réussi l'exercice particulièrement ardu en 2008 de collecter tant sur des OPCVM risqués que sur des supports moins risqués. C'est notamment le cas de Lyxor Asset Management, qui arrive en tête de la collecte, selon le bilan d'EuroPerformance, avec des souscriptions nettes de l'ordre de 12,5 milliards d'euros, dont 9,3 milliards d'euros se sont logés dans des produits risqués et 3,2 milliards d'euros dans des produits peu risqués. Toutefois, la majorité des spécialistes ont enregistré une collecte négative sur l'année. Quelques enseignes ont néanmoins réussi à limiter l'impact des rachats sur leurs encours à moins de 10 %. C'est notamment le cas de Rothschild & Cie, DNCA Finance, le groupe Barclays, Ofi Asset Management, State Street Global Advisors et La Compagnie financière Edmond de Rothschild.
Les moins bonnes collectes en 2008
Pour les spécialistes de la gestion alternative, l'année aura été catastrophique. Les chiffres disponibles, qui s'arrêtent à fin novembre(1), montrent une baisse de moitié des encours sous gestion qui s'établit à environ 13 milliards. Par ailleurs, les demandes de rachat étant bloquées, la baisse des encours pourrait se poursuivre au début de l'année 2009.
Les encours ont quasiment baissé de moitié (- 43 %), passant de 243 milliards d'euros à fin décembre 2007 à 137,8 milliards un an plus tard. Les OPCVM actions ont été pénalisés à la fois par l'évolution à la baisse des marchés - en volume, la perte équivaut à 90 milliards - et par des demandes de rachat qui se sont effectuées tout au long de l'année.
Même s'ils affichent une baisse, les OPCVM obligataires sont parvenus à juguler la crise. La réduction des encours a été de 9 % ; fin 2008, ils ressortaient à 58,9 milliards d'euros. Toutefois, selon Europerformance-SIX Telekurs, cette baisse doit être relativisée, car ces chiffres ne prennent pas en compte les mandats de gestion détenus par des investisseurs institutionnels, dont le montant équivaudrait à 42 milliards d'euros. Néanmoins, la part des OPCVM obligataires dans le paysage de la gestion collective française diminue d'année en année. Elle n'est plus que de 7,8 % fin 2008, contre 12,6 % fin de l'année 2000.
La baisse des encours des OPCVM diversifiés est à peu près équivalente à celle des OPCVM actions, puisqu'elle s'établit à - 40 %. Les encours s'élèvent, fin 2008, à 84,4 milliards d'euros. Toutes les sous-catégories sont concernées, les fonds gérés en performance absolue (-65 %), les diversifiés euro (- 36 %) et internationaux (- 32 %) ainsi que les convertibles (-34 %).
1. Un grand nombre de sociétés de gestion alternative ayant changé leurs méthodes de valorisation, passant d'une valorisation hebdomadaire à une valorisation mensuelle, les statistiques à fin décembre ne sont pas encore disponibles.