En tête du CAC 40, Alstom gagne 6,92% à 36,62 euros, soutenu par des prises de commandes supérieures au consensus au troisième trimestre. Le spécialiste des infrastructures d'énergie et de transport a vu ses ventes augmenter de 11% à 4,56 milliards pour des commandes de 6,1 milliards d'euros, soit environ 32 mois de chiffre d'affaires. Les analystes interrogés par Reuters tablaient sur un chiffre d'affaires de 4,748 milliards et des prises de commandes de 5,827 milliards.
Alstom a également confirmé que sa marge opérationnelle devrait atteindre "environ 9 %" en mars 2010, avec une marge du secteur de l'Energie se situant entre 10 % et 11 %, celle du secteur Transport étant attendue entre 7% et 8%.
L'heure est pourtant à la prudence. "Les perspectives à long terme sur NOS marchés restent favorables. A court terme, la demande devrait rester soutenue chez Transport et Power Service, tandis que le report de certains projets liés à la situation économique et financière actuelle devrait impacter le marché de Power Systems", a prévenu le PDG d'Alstom Patrick Kron.
Le dirigeant a précisé que la demande de nouveaux équipements en 2009 devrait être inférieure d'un tiers à la prévision moyen-terme que le groupe avait avant la crise, en soulignant qu'il prévoyait une reprise progressive après cette période.
Inquiet, Cheuvreux a réitéré sa recommandation Sous-performance et son objectif de cours de 35 euros sur Alstom. Le broker s'attend à "des changements radicaux" concernant l'évolution de la demande pour les marchés du groupe dans les prochaines années. Il estime notamment que le carnet de commandes devrait se détériorer de façon significative, tandis que les marges pourraient rester sous pression.
M-L.H.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Alstom est l'un des leaders mondiaux dans les infrastructures d'énergie et de transport ferroviaire. Le groupe comprend deux branches d'activité : Alstom Power développe et commercialise une gamme de systèmes, d'équipements et de services pour la production d'électricité et les marchés industriels, tandis qu'Alstom Transport est présent sur le marché du transport ferroviaire, de la très grande vitesse jusqu'au transport urbain léger.
Après avoir frôlé le dépôt de bilan en 2003, le groupe avait cédé son activité transmission et distribution d'énergie à Areva et ses turbines industrielles à Siemens. Fin avril 2006, Bouygues a repris les 21,03% du capital d'Alstom détenus par l'Etat. Il s'est renforcé depuis et possède désormais 30% du capital.
Alstom est présent dans plus de 70 pays et emploie 76 000 collaborateurs.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Alstom occupe des positions de leader dans les équipements de génération d'énergie et dans le transport ferroviaire, ces deux branches étant devenues le coeur des activités du groupe. Il possède encore un fort potentiel de croissance dans le domaine des services.
- Un tiers des ventes du groupe est réalisé sur les marchés émergents, en forte croissance.
- La demande en énergie devrait rester soutenue dans les prochaines années, ce qui devrait permettre de procéder à des hausses de prix.
- La valeur présente un attrait spéculatif. Les marchés s'interrogent sur une fusion potentielle à trois: Areva-Bouygues-Alstom.
Les points faibles de la valeur
-Alstom va devoir adapter son modèle dans le cadre de l'ouverture du rail à la concurrence, aujourd'hui dans le transport de marchandises et demain dans le transport de voyageurs.
- Le groupe se trouve aujourd'hui au coeur d'enquêtes judiciaires en Suisse et en France sur des faits de corruption présumée.
-Selon certains analystes, le potentiel de hausse du titre est limité à court terme.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Les activités d'Alstom sont directement liées à l'expansion démographique, qui implique une urbanisation croissante nécessitant toujours plus d'infrastructures de production d'énergie et de transport ferroviaire.
- Carnets de commandes et rythme des entrées de commandes sont de bons indicateurs de perspectives.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Biens d'équipement
Les industriels interrogés par l'Insee annoncent une baisse de 3% à 4% de leurs investissements en 2009. Le secteur des biens d'équipement souffrira donc certainement l'année prochaine. Pour le moment, les pme de la mécanique attendent avec impatience l'application de la loi sur les délais de paiement, dès le mois de janvier 2009, qui leur permettra de conforter leur trésorerie. Selon la Loi de modernisation de l'économie, elles pourront être payées par leurs clients dans un délai de 60 jours - délai qui reste d'ailleurs au-delà du délai de référence de 30 jours fixé par la directive européenne. Considérant que la longueur excessive des délais de paiement est la première cause de défaillances d'entreprises en France, la Fédération des industries mécaniques, composée essentiellement de PMI, soutient sans restriction cette loi.