France Télécom s'apprête à achever l'année 2008 sur un repli d'environ 20%, ce qui lui permet d'afficher la seconde meilleure performance de l'indice CAC 40 derrière GDF-Suez. Sur la même période, l'indice phare de la place parisienne aura perdu deux fois plus de terrain. Les qualités défensives du secteur des opérateurs télécoms, principalement leur faible sensibilité au ralentissement économique et leur rendement élevé, ont permis à l'opérateur français de résister à la déroute boursière de la rentrée.
Sur le plan stratégique, cette année a été marquée par l'abandon de son projet de rapprochement avec l'opérateur scandinave TeliaSonera. L'offre n'étant pas suffisamment attrayante financièrement pour les actionnaires de TeliaSonera ; le groupe français a décidé de ne pas leur soumettre une offre ferme. Les analystes n'ont jamais été convaincus de la pertinence de ce projet, dont l'annonce avait provoqué une chute du titre.
En revanche, au niveau opérationnel, l'opérateur télécoms a connu une année sans histoire. Alors que de nombreuses sociétés victimes de la crise économique révisaient en baisse leurs prévisions annuelles, France Télécom a réitéré les siennes. Le groupe dirigé par Didier Lombard prévoit toujours de générer un cash-flow organique supérieur à 7,8 milliards d'euros. Cet objectif repose sur la stabilité du taux de marge brute opérationnelle et le maintien du taux d'investissement à environ 13% du chiffre d'affaires.
France Télécom a aussi confirmé qu'il proposerait à l'assemblée générale la distribution d'un dividende ordinaire au titre de l'exercice 2008 supérieur à 1,30 euro par action (y compris l'acompte de 0,60 euro par action payé le 11 septembre 2008).
La fin d'année a cependant été assombrie par la suspension à titre conservatoire par le Conseil de la concurrence de l'accord d'exclusivité conclu avec Apple au sujet de la commercialisation de l'iPhone en France. Depuis la mise en vente dans l'Hexagone de la version 3G, le 17 juillet, l'opérateur en avait écoulé plus de 450 000.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
France Télécom est le premier français opérateur de télécommunications, mais également l'un des principaux en Europe. Le groupe est présent en particulier en Espagne, en Pologne et au Royaume-Uni. France Télécom se décline désormais sous la forme des divisions "Home" (le marché des particuliers), "Personal" (le mobile), et "Enterprise" (le marché des entreprises). Ces trois grandes familles de services sont développées et commercialisées sous la marque Orange. France Télécom a cédé son activité Annuaires, PagesJaunes, en 2006.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- France Télécom génère de très importants cash flows qui lui permettent de verser un dividende élevé.
- France Télécom bénéficie encore d'une position dominante sur le marché de la téléphonie fixe.
- Sa position sur le créneau de l'ADSL, particulièrement porteur et sa capacité d'innovation sont des atouts. Le haut débit, sous toutes ses formes, paraît ainsi à même d'enrayer le déclin de la téléphonie fixe. La Livebox, qui permet de se connecter sans fil à l'internet haut débit, mais offre également des services de téléphonie sur Internet et de télévision numérique, rencontre un franc succès.
-Si une fusion pan-européenne avec un acteur comme Deutsche Telecom semble peu probable, l'opérateur s'oriente vers des coopérations avec les autres groupes européens, comme le partage de réseaux avec Vodafone en Espagne.
Les points faibles de la valeur
- Le retour à la croissance externe de France Télécom, qui par le passé a coûté fort cher à l'opérateur historique, a fait naître des craintes chez les investisseurs. Ces inquiétudes se sont notamment manifestées en 2008 avec le projet de rachat de l'opérateur télécoms scandinave, TeliaSonera.
- La période pendant laquelle l'Etat n'a pas le droit de vendre des titres s'est terminée début février 2008.
- L'un des défis de l'opérateur pour les années à venir consistera à stabiliser son taux de marge brute opérationnelle.
- Le développement de la téléphonie via Internet constitue une menace pour l'activité de téléphonie fixe traditionnelle de France Télécom. Le Très Haut Débit, encore peu développé, constitue un segment dans lequel France Télécom devra investir.
- La performance de son pôle Entreprise reste décevante. France Télécom doit faire face à l'érosion des revenus et de la marge de cette activité.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Régulièrement épinglé par ses concurrents qui l'accusent d'abuser de sa position de monopole, le titre France Télécom réagit aux décisions de l'arcep (ex-Autorité de Régulation des Télécommunications) et du Conseil de la concurrence.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Opérateurs télécoms
Tous les opérateurs n'ont pas souffert d'une dégradation de l'ENVIRONNEMENT en Europe. Ainsi, France Telecom a bénéficié d'une progression de 3% de son activité à taux de change constants en Europe occidentale, au cours des six premiers mois. Ses ventes se sont également bien comportées entre les mois d'avril et juin, contrairement à son concurrent Vodafone. Le groupe britannique a affiché un recul de ses ventes en Europe de 0,2% sur cette période. Ses performances ont été particulièrement mauvaises en Espagne où ses ventes ont reculé de 2,5% par rapport à la même période de 2007. Vodafone n'est pas le seul intervenant à souffrir du ralentissement économique européen. Le norvégien Telenor a subi un recul de 4,5% de son chiffre d'affaires dans le mobile au deuxième trimestre sur son marché domestique. Le belge Belgacom s'attend à une baisse de 2% de son chiffre d'affaires cette année. Quant au leader espagnol, Telefonica, il n'a enregistré qu'une croissance de 1,4% sur son marché domestique au cours du second trimestre. Sa présence en Amérique Latine, qui représente désormais 37,4% de son activité et dont les revenus ont bondi de 12,2%, lui a permis de compenser cette piètre performance.