Ubisoft a chuté de 11,15% à 12,19 euros hier, alors que l'atmosphère s'est alourdie dans le secteur des jeux vidéo. En effet, une semaine après le profit warning d'Electronic Arts, son concurrent Take Two a dévoilé des résultats et perspectives inférieurs aux attentes.
Au quatrième trimestre, clos fin octobre, le groupe américain a essuyé une perte nette de 15 millions de dollars, soit 20 cents par action, contre une perte de 7,1 millions de dollars, ou 10 cents par action, un an plus tôt. Hors éléments exceptionnels, Take Two a dégagé un bénéfice par action de 2 cents, ce qui est inférieur de 3 cents au consensus Thomson Reuters. Le chiffre d'affaires a progressé de 10,5% à 23,34 millions de dollars.
Au sujet de ses perspectives, le groupe table sur un bénéfice par action, hors éléments exceptionnels, compris entre 0 et 20 cents sur l'exercice. Au quatrième trimestre, il prévoit une perte située entre 70 et 80 cents par action. Wall Street attendait respectivement 22 cents et 2,10 dollars par action.
Le chiffre d'affaires est attendu entre 1,1 et 1,25 milliards sur l'exercice, dont de 175 à 225 millions de dollars au premier trimestre. La prévision moyenne des analystes s'établissait à respectivement 317,6 millions de dollars et 1,54 milliard de dollars.
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Ubisoft figure parmi les leaders en production, édition et distribution de jeux interactifs dans le monde. Ubisoft est présent dans 21 pays et distribue ses produits dans plus de 50 pays à travers le monde. L'éditeur de jeux vidéo dispose de plusieurs studios de développement, notamment en France, au Canada et en Chine. Les franchises clés d'Ubisoft sont : Splinter Cell, Ghost Recon, Rayman et Rainbow Six. Electronic Arts détient 15,37% du capital et 24,86% des droits de vote d'Ubisoft.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Ubisoft s'est positionné très tôt sur les jeux pour les consoles de nouvelle génération, ce qui lui permet de bénéficier à plein de la phase d'accélération de la croissance du cycle du secteur.
- Ubisoft est devenu l'un des plus importants créateurs de marques du secteur des jeux vidéo. Chaque lancement est un pari risqué mais assure une récurrence du chiffre d'affaires et une marge plus importante que les licences.
- Le titre revêt un attrait spéculatif avec l'entrée non sollicitée de l'éditeur américain de jeux vidéo Electronic Arts à hauteur de 15,4 % au capital d'Ubisoft, qui continue d'affirmer sa volonté d'indépendance. Le groupe pourrait toutefois ne pas être opposé à son rachat par un grand groupe de divertissement.
- Ubisoft est devenu un acteur mondial et dispose des capacités pour développer des jeux pour toutes les plates-formes.
Les points faibles de la valeur
- Les charges de développement et de lancement des nouveaux jeux sont en constante augmentation, sans que le succès soit garanti. Il faut désormais compter 15 à 20 millions d'euros d'investissement (hors marketing) pour un jeu à succès.
- Le titre est jugé suffisamment valorisé par certains analystes.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Le succès de la société dépend avant tout de la solidité de son catalogue. La présentation des jeux en instance de sortie se fait notamment lors des salons professionnels comme l'E3 (Electronic Entertainment Expo) à Los Angeles.
- La fin d'année est cruciale pour tous les éditeurs de jeux vidéos, qui réalisent la majeure partie de leur chiffre d'affaires entre septembre et janvier (avec un pic pour les fêtes).
- Le marché des jeux est entré dans la phase de hausse de son cycle grâce à l'arrivée des consoles de nouvelle génération.
- La tendance du marché américain des jeux vidéos préfigure généralement de quelques mois celle du marché européen.
- Le secteur du jeu vidéo dépasse progressivement le périmètre des consoles dédiées et des ordinateurs personnels. Il devient de plus en plus accessible sur une multitude de supports (téléphones portables, Internet, assistants personnels, lecteurs MP3...).
- Le mouvement de concentration est engagé et devrait s'accélérer. Il y a une dizaine de grands éditeurs-distributeurs de jeux vidéo dans le monde. A terme, il ne devrait plus en rester que cinq ou six.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Informatique - Jeux vidéo
Les ventes de jeux vidéo ont sensiblement progressé aux Etats-Unis (+8%) et au Royaume-Uni (+15%) au troisième trimestre 2008. Néanmoins tous les acteurs n'affichent pas de bonnes perspectives. Activision Blizzard, désormais contrôlé par Videndi, a publié des résultats meilleurs que prévu, notamment avec un chiffre d'affaires supérieur de 25% au montant attendu pour son deuxième trimestre de son exercice fiscal clos en mars. Son activité est tirée par les jeux phares tels que Guitar Hero, Call of Duty et World of Warcraft. Le français Ubisoft se porte également très bien. Durant la première moitié de l'exercice 2008-2009, qui s'achèvera en mars, son chiffre d'affaires a bondi de 31,8%, à 344,5 millions d'euros et son bénéfice opérationnel courant a plus que triplé à 33 millions d'euros. Il bénéficie des très bonnes performances des jeux vidéo dits « casual », destinés aux personnes jouant occasionnellement. Par contre, le numéro deux mondial, Electronic Arts, traverse des difficultés : il a non seulement annoncé un ralentissement de ses ventes, le report du lancement de son jeu « Harry Potter », mais aussi la suppression de 6% de ses effectifs. Il cherche à économiser 50 millions de dollars par an. Il pourrait afficher des pertes pour l'exercice 2008-2009 clos fin mars car il pâtit d'une activité inférieure à ses attentes en Amérique du Nord et en Europe. Les ventes du jeu de THQ, « Wall-E », ont été décevantes. Le groupe a annoncé la fermeture de 5 studios de développement et la suppression de 250 emplois, soit 17% de ses effectifs de développement.