Morgan Stanley subit les foudres des investisseurs dans l'après-midi avec une chute de 5,33% à 15,27 dollars. Cette sanction de la part du marché tombe alors que la banque a publié avant bourse des pertes de 2,2 milliards de dollars au titre du quatrième trimestre, soit 2,24 dollars par action. Ce chiffre est nettement inférieur à la perte qui avait été enregistrée l'an passé sur la même période: la banque avait alors perdu 3,59 milliards de dollars, soit 3,61 dollars par action. Il s'agit néanmoins d'une déception pour les marchés, qui anticipaient une perte de seulement 33 cents par action.
Comment expliquer que la banque new-yorkaise ait plongé dans le rouge de façon largement plus sévère que prévu ? Morgan Stanley explique ces chiffres par des dépréciations d'actifs supplémentaires. L'établissement a également été contraint à réduire fortement ses commissions dans la banque d'investissement et le courtage.
La déception des investisseurs s'explique, également, par la comparaison inévitable avec Goldman Sachs, qui a publié hier une perte trimestrielle moins lourde que prévu, entraînant un regain d'espoir des marchés.
John Mack, le PDG de l'établissement, a déploré la crise financière, mais a déclaré que Morgan Stanley se livrait à un repositionnement agressif.
«Ces conditions de marché exceptionnelles ont profondément impacté notre performance cette année, tout particulièrement au quatrième trimestre», a-t-il déclaré. «L'ENVIRONNEMENT continuera à être difficile. Nous sommes toutefois parvenus à évoluer avec succès, et à adapter notre activité à travers de nombreux cycles», a-t-il ajouté, en précisant que la «dislocation actuelle du marché» fournissait des opportunités à Morgan Stanley.
John Mack a par ailleurs annoncé qu'il ne toucherait pas de bonus pour la deuxième année consécutive, après que Morgan Stanley, qui a perdu la confiance des investisseurs, a été contraint de renoncer à son statut de banque d'investissement.
Pour sa part, l'agence Moody's a rétrogradé la note de long terme de Morgan Stanley de A1 à A2 en raison de la détérioration continue de ses activités.
(An. P.)
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Finance - Banques
Le paysage bancaire mondial est en pleine reconfiguration. Les banques qui résistent le mieux à la crise, sont à l'aff-t d'opportunités pour consolider leur position. En Angleterre, très affectée par la crise financière, la banque HBOS, numéro un du crédit immobilier, a été reprise par Lloyds TSB, cinquième banque du pays pour 12,2 milliards de livres (environ 15,5 milliards d'euros). Cette opération devrait créer un géant national du crédit immobilier et de l'épargne, détenant près de 28% du marché britannique des prêts immobiliers. En Allemagne également le marché bancaire se consolide. Deutsche Bank a annoncé son entrée au capital de Postbank à hauteur de 29,75%. Auparavant, Commerzbank avait racheté Dresdner Bank. La deuxième banque privée du pays double ainsi de taille. Les Etats-Unis ne sont pas en reste. Merrill Lynch a été reprise par la première banque américaine, Bank of America. Quant à JPMorgan Chase, elle devient la deuxième banque commerciale américaine grâce à l'acquisition de Washington Mutual.