Le plan stratégique d'Alcatel-Lucent a reçu un accueil glacial : l'action perd 9,34% à 1,68 euro dans un marché en repli de 4,6%. «Nos priorités sont aujourd'hui les résultats et le retour à la rentabilité financière», a affirmé Ben Verwaayen, son directeur général. Pour y parvenir, il souhaite mettre en place une organisation «agile» et concentrer les efforts du groupe dans ses domaines d'excellence comme l'optique et ceux jugés prioritaires, à l'image de la future génération de réseaux mobiles. De nouvelles réductions de coûts, avec à la clé le départ de 1000 cadres, sont aussi prévues.
Alcatel-Lucent entend se concentrer sur trois marchés : les fournisseurs de services, les entreprises et certains marchés verticaux, et sur quatre domaines d'investissements que sont l'IP (le protocole d'Internet), l'optique, le haut débit fixe et mobile et les « applications enablement ».
L'équipementier télécoms va accélérer le transfert de ses investissements vers les plates-formes de nouvelle génération en renforçant ses domaines d'excellence (IP, Optique, accès haut débit…) et en augmentant les investissements dans des domaines prioritaires (la future génération de réseaux mobiles, coeur de réseau...). En parallèle, le groupe va rationaliser «fortement» son offre de produits matures (GSM, ADSL…).
Ben Verwaayen a également annoncé un nouveau programme de réduction des coûts, dont l'objectif est d'abaisser le point d'équilibre financier d'un milliard d'euros par an en 2009 et 2010. D'ici le quatrième trimestre 2009, 750 millions d'euros d'économie devraient être réalisés sur une base annualisée. Les deux tiers devraient provenir d'économies de dépenses de R&D et de charges administratives et commerciales et un tiers de la réduction des coûts des biens vendus. Dans ce cadre, 1000 postes de managers seront supprimés et le nombre de sous-traitants sera réduit d'environ 5000.
Concernant ses prévisions, Alcatel-Lucent table en 2009 sur un marché des équipements et des services de télécommunications en baisse de 8% à 12% à taux de change constant. L'activité du groupe devrait enregistrer un recul de même ampleur et son résultat d'exploitation ajusté approcher l'équilibre.
En 2010, l'équipementier télécoms vise une marge brute comprise entre 34% et 36% et une marge d'exploitation comprise entre 4% et 6%. Au-delà, son objectif est de réaliser une marge brute comprise entre 35% et 39% et une marge d'exploitation située entre 5% et 9% en 2011.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Alcatel-Lucent est devenu le leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Le groupe propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier de fournir aux utilisateurs finaux, des services de communications voix, données et vidéo. Plus de 70% du chiffre d'affaires provient des réseaux d'opérateurs, dont 47% dans les technologies d'accès mobile, 41% dans les réseaux fixes et 12% dans les solutions de convergence. Le groupe est présent de façon homogène en Europe (33%), en Amérique du Nord (32%) ainsi qu'en Asie (17%) et dans le reste du monde (18%).
En septembre 2008, Philippe Camus a été nommé au poste de président non exécutif et Ben Verwaayen à celui de directeur général. Ils remplacent respectivement Serge Tchuruk et Patricia Russo.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout.
- La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques.
- Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché.
- L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition.
- Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse.
- La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements.
- Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision.
- Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Gartner considère que le recul du prix de vente moyen des mobiles va se généraliser sur le plan mondial pour 2008. C'est pourquoi, si les volumes devraient croître de 11% cette année, la progression en valeur du marché devrait se limiter à 9%. Dans cet ENVIRONNEMENT extrêmement concurrentiel, le développement de l'offre dans les services est la stratégie adoptée par certains pour dynamiser leur activité. Ainsi, face au ralentissement des ventes de modèles milieu ou haut de gamme, son domaine de prédilection, Sony Ericsson mène une offensive dans la musique, tel son concurrent Nokia (avec le portail Ovi). Le groupe devrait signer un accord avec la première major, Universal Music, pour avoir accès à son catalogue. Un peu auparavant, le fabricant avait annoncé la commercialisation d'une nouvelle plate-forme (PlayNow Arena) proposant de la musique, des jeux, et de la vidéo accessibles depuis ses mobiles.