L'annonce d'une fusion possible entre British Airways et Qantas avait suscité un bond du titre de la compagnie aérienne britannique la semaine dernière. Aujourd'hui, emporté par le rebond généralisé des marchés mondiaux, le cours de British Airways est toujours au beau fixe, avec une hausse de 10,49% à 16,20 euros. Pourtant, les perspectives de fusion se sont assombries avec les récentes déclarations d'Alan Joyce, le patron de l'australien Qantas. Ce dernier a souhaité calmer les esprits concernant le rapprochement entre les deux transporteurs.
«Il y a une probabilité non négligeable que (la fusion) n'aille pas au bout», a-t-il déclaré devant les investisseurs. Le dirigeant a précisé qu'il n'irait jusqu'au bout des discussions que s'il obtenait la garantie d'en retirer des bénéfices importants pour la compagnie. «Nous sommes toujours dans une position où il reste d'importants obstacles à surmonter», a souligné M. Joyce, estimant que les fuites sur le dossier étaient prématurées.
En fin de semaine dernière, British Airways avait confirmé les rumeurs qui agitent le dossier : «en réponse à des spéculations récentes dans la presse, (British Airways) confirme réfléchir à une fusion possible avec Qantas Airways via une structure à double cotation», avait indiqué la direction dans un communiqué.
Si elle venait à se concrétiser, la fusion ne serait pas dénuée de logique : à l'heure où de plus en plus de compagnies aériennes tentent de réduire leurs coûts, les alliances et les fusions se multiplient pour répondre au ralentissement économique. British Airways et Qantas sont par ailleurs déjà partenaires via l'alliance Oneworld, qui regroupe également l'espagnol Iberia et l'américain American Airlines.
De son côté, le gouvernement australien a fait part la semaine dernière de son opposition à toute prise de contrôle étrangère de compagnies aériennes nationales, et notamment de Qantas.
Anthony Albanese, le ministre des Transports, a déclaré que Qantas resterait majoritairement à capitaux australiens. L'actionnariat étranger de la compagnie restera ainsi limité à 49%. Le ministre a toutefois dit ne pas être opposé en principe à ce qu'une compagnie étrangère détienne 49% de Qantas.
Une telle manoeuvre nécessiterait un assouplissement des règles d'entrée au capital des entreprises étrangères, puisque selon la législation en vigueur, une compagnie aérienne étrangère ne peut détenir seule plus de 25% de la compagnie.
EN SAVOIR PLUS
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Transport aérien
Après une hausse de 6,5% en 2007, la croissance du trafic international de passagers devrait chuter à 3,2% en 2008, et même à 1,8% pour le frêt. Selon Iata, l'industrie mondiale du transport aérien devrait afficher une perte de 5,2 milliards de dollars (3,7 milliards d'euros) cette année, contre 5,6 milliards de dollars de bénéfices en 2007. Cette tendance provient d'un prix du pétrole qui reste élevé et qui se combine à un recul de la demande. Les compagnies américaines devraient représenter, à elles seules, plus de 5 milliards de dollars de pertes. Pour 2009, les perspectives ne sont pas plus optimistes, puisque Iata prévoit un déficit de 4,1 milliards de dollars. Malgré l'actuelle baisse des cours du pétrole, la part du carburant dans les coûts d'exploitation des transporteurs devrait grimper d'environ 36% en 2008 à 40% en 2009, alors qu'elle n'atteignait que 13% en 2002. Iata précise que le nombre de faillites parmi les compagnies aériennes est déjà plus élevé qu'après les attentats du 11-Septembre.