Le gouvernement conservateur suédois a rejeté l'idée de devenir le propriétaire de Volvo automobiles, susceptible d'être vendu par sa maison mère Ford, suscitant la désapprobation de l'opposition et des syndicats, inquiets pour l'avenir de ce secteur clé de l'économie.
"Ce n'est pas dans notre politique industrielle de prendre le contrôle de l'industrie automobile et nous ne risquerons pas l'argent des contribuables", a déclaré la ministre de l'Industrie Maud Olofsson, en marge d'une réunion à Bruxelles.
L'américain Ford, en mal de liquidités, a annoncé lundi qu'il envisageait de céder Volvo, sa dernière grande filiale étrangère.
Si la décision finale n'est pas attendue avant plusieurs mois, le gouvernement suédois a d'ores et déjà écarté la nationalisation de cette entreprise, fleuron de l'industrie suédoise, cédée dans la douleur en 1999.
Depuis son accession au pouvoir à l'automne 2006, le gouvernement dirigé par le conservateur Fredrik Reinfeldt a lancé une vague de privatisations et entend donc au contraire poursuivre son désengagement de plusieurs entreprises comme l'opérateur en télécommunications TeliaSonera.
Le ministère de l'industrie avait d'ailleurs expliqué à l'AFP en fin de semaine dernière qu'il souhaitait plutôt soutenir ce secteur en crise via des subventions pour la Recherche et Développement (R&D) ou des mesures financières stimulant par exemple l'achat de voitures neuves.
Il a déjà décidé l'octroi de 450 millions de couronnes suédoises (43 millions d'euros) par an pendant quatre ans à partir de 2009 pour la R&D.
"Vendre un constructeur automobile dans une telle situation financière est difficile", a admis Mme Olofsson. L'allemand BMW et le français Renault sont cités par les médias comme repreneurs potentiels.
L'opposition a exhorté le gouvernement à reconsidérer sa position alors que l'américain General Motors envisagerait, lui aussi, de céder Saab, autre fleuron suédois dont il est propriétaire à 100% depuis 2000.
"Je pense que la crise est trop sérieuse et le risque trop grand pour commencer par dire que le gouvernement n'interviendra pas", a déploré Mona Sahlin, dirigeante du parti social-démocrate, principal parti d'opposition. Elle a suggéré par exemple une prise de participation temporaire.
L'industrie automobile représente 15% des exportations. 700 entreprises dont de nombreux sous-traitants emploient 140.000 personnes.
"Nous ne sommes pas des ressources d'urgence qui donnons de l'argent aux entreprises qui vont mal. Ce serait tout simplement détourner l'argent des contribuables", a commenté M. Reinfeldt au quotidien suédois Dagens Nyheter.
Le syndicat de la métallurgie IF Metall, le principal chez les constructeurs automobiles, s'est agacé de cette position: "Il est important que nous obtenions de l'aide, de même que toute l'industrie automobile européenne", a déclaré à l'agence suédoise TT Paul Aakerlund, délégué syndical. "Je pense que nous avons besoin de toute forme d'assistance", a-t-il insisté.
Dans un sondage paru le week-end dernier dans Dagens Nyheter, sept Suédois sur dix souhaitent une nationalisation de Volvo.
Au troisième trimestre, Volvo a enregistré une perte nette de 458 millions de dollars, quasiment triplée sur un an.
Le groupe a déjà annoncé le licenciement de 6.000 personnes, dont 3.900 dans le pays nordique, sur les 24.400 employés dans le monde.