Alcatel-Lucent (+ 16,25% à 1,96 euro) prend largement la tête de l'indice CAC 40 après avoir réaffirmé ses objectifs 2008. L'équipementier télécoms a rassuré après avoir connu une rentrée boursière difficile en raison des profit warning de ses concurrents d'Amérique du Nord, Ciena et Nortel Networks. En outre, le directeur général du groupe, Ben Verwaayen, a annoncé que la revue stratégique tant attendue par les investisseurs serait annoncée en décembre. Alcatel-Lucent envisage notamment d'alléger son portefeuille de produits et de céder sa participation dans Thales.
Au troisième trimestre, Alcatel-Lucent a essuyé une perte nette de 40 millions d'euros, nettement réduite par rapport à celle de 345 millions d'euros enregistrée l'année dernière. Le chiffre d'affaires du groupe a atteint 4,065 milliards d'euros, en baisse de 6,6%. A taux de change euro/dollar constant, il recule de 2,2%. Les ventes sont conformes aux objectifs du groupe.
Sur une base ajustée, utilisée comme référence par l'équipementier télécoms pour ses objectifs, le résultat d'exploitation s'est élevé à 40 millions d'euros, en repli de 42,9%. La principale division du groupe, l'activité opérateur, a enregistré une perte d'exploitation de 91 millions d'euros, victime selon le groupe d'un changement défavorable dans le mix produits et géographiques combiné à un recul des revenus. En revanche, l'activité service a vu son bénéfice progresser de 117,5% à 87 millions d'euros. Le résultat du pôle entreprise est, lui, resté stable à 29 millions d'euros.
La confirmation des objectifs 2008 est la bonne nouvelle du jour. L'équipementier télécoms anticipe toujours une baisse située entre 2% et 5% de ses revenus à taux de change courant et une marge d'exploitation ajustée comprise entre 2% et 5% de ses revenus pour l'année 2008.
Alcatel-Lucent a également essayé de rassurer les investisseurs au sujet de sa santé financière. Ben Verwaayen, directeur général, a déclaré : «Avec une trésorerie et des valeurs mobilières de placement de 4,46 milliards d'euros, et des remboursements d'emprunts obligataires inférieurs à 1 milliard d'euros sur les douze prochains mois, notre situation financière est saine».
En marge de cette publication, Ben Verwaayen a indiqué qu'une revue stratégique complète serait annoncée en décembre. Il a précisé qu'Alcatel-Lucent devait alléger son portefeuille de produits et être plus productif en R&D. Ben Verwaayen juge cependant que la technologie CMDA est «une partie vitale» de l'activité du groupe. L'équipementier télécoms envisage également la cession de sa participation de 20,8% dans Thales.
(C.J)
EN SAVOIR PLUS
ACTIVITE DE LA SOCIETE
Alcatel-Lucent est devenu le leader mondial dans le secteur des équipements de réseaux d'opérateurs. Le groupe propose des solutions qui permettent aux fournisseurs de services, aux entreprises et aux administrations du monde entier de fournir aux utilisateurs finaux, des services de communications voix, données et vidéo. Plus de 70% du chiffre d'affaires provient des réseaux d'opérateurs, dont 47% dans les technologies d'accès mobile, 41% dans les réseaux fixes et 12% dans les solutions de convergence. Le groupe est présent de façon homogène en Europe (33%), en Amérique du Nord (32%) ainsi qu'en Asie (17%) et dans le reste du monde (18%).
En septembre 2008, Philippe Camus a été nommé au poste de président non exécutif et Ben Verwaayen à celui de directeur général. Ils remplacent respectivement Serge Tchuruk et Patricia Russo.
FORCES ET FAIBLESSES DE LA VALEUR
Les points forts de la valeur
- Dans une industrie très concurrentielle, Alcatel Lucent apparaît comme un acteur global disposant d'un portefeuille complet de produits et de services destinés aux opérateurs mais aussi aux autres types d'entreprises. La force du groupe est de détenir un portefeuille de technologies et de services permettant de proposer aux opérateurs des solutions de bout en bout.
- La diversité des activités permet une meilleure répartition des risques.
- Sur le "triple play" (voix, données et TV), à fort potentiel de croissance, l'offre d'Alcatel apparaît comme l'une des meilleures du marché.
- L'équipementier de télécoms cherche toujours à réduire ses dépenses, en recourant de plus en plus aux marchés émergents dans les domaines de la production, la R&D, les fournisseurs et les sous-traitants.
Les points faibles de la valeur
- La visibilité sur l'activité d'Alcatel est faible, le groupe a déçu les investisseurs à répétition.
- Alcatel souffre de son exposition à la technologie de téléphonie mobile CDMA, équivalent américain du GSM, en perte de vitesse.
- La baisse du dollar pénalise le chiffre d'affaires du groupe.
COMMENT SUIVRE LA VALEUR
- Il est indispensable de surveiller attentivement l'évolution du marché des télécommunications, en particulier la santé des opérateurs, pour apprécier l'évolution de la demande en équipements.
- Confrontés à la concurrence des opérateurs alternatifs, des fournisseurs d'accès à Internet ou des câblo-opérateurs, les opérateurs perdent des abonnés, tandis que les revenus issus de la voix sont inexorablement amenés à s'effriter. Pour remédier à cela, les opérateurs n'ont d'autre choix que de se lancer dans le "triple play", c'est-à-dire de proposer des offres couplées d'accès au téléphone, à l'Internet haut débit et à la télévision.
- Les pays émergents représentent 45% du chiffre d'affaires d'Alcatel, et même 75% de ses revenus dans les réseaux mobiles. Ils pèsent déjà 45% des investissements des opérateurs dans le monde, part qui passera à 55% en 2008.
LE SECTEUR DE LA VALEUR
Equipementiers télécoms
Gartner considère que le recul du prix de vente moyen des mobiles va se généraliser sur le plan mondial pour 2008. C'est pourquoi, si les volumes devraient croître de 11% cette année, la progression en valeur du marché devrait se limiter à 9%. Dans cet ENVIRONNEMENT extrêmement concurrentiel, le développement de l'offre dans les services est la stratégie adoptée par certains pour dynamiser leur activité. Ainsi, face au ralentissement des ventes de modèles milieu ou haut de gamme, son domaine de prédilection, Sony Ericsson mène une offensive dans la musique, tel son concurrent Nokia (avec le portail Ovi). Le groupe devrait signer un accord avec la première major, Universal Music, pour avoir accès à son catalogue. Un peu auparavant, le fabricant avait annoncé la commercialisation d'une nouvelle plate-forme (PlayNow Arena) proposant de la musique, des jeux, et de la vidéo accessibles depuis ses mobiles.